Lors de sa conférence de presse annuelle, la Poste a annoncé une hausse du bénéfice consolidé en 2024. Il s’établit à 324 millions de francs, soit 70 millions de plus par rapport aux 254 millions de l’exercice de l’année précédente.
La Poste réclame une marge de manœuvre suffisante pour pouvoir pérenniser son succès, précise l’entreprise aux mains de la Confédération dans un communiqué.
Pour réaliser au mieux sa mission, le géant jaune estime que «la législation postale doit être adaptée aux besoins réels de la population et des entreprises». Christian Levrat a également plaidé pour la révision de la loi sur la Poste: «Le système poste, dont la loi actuelle date de plus de vingt ans, a été pensée quand on ne parlait pas de mobile, ni de code QR».
L’ancien conseiller aux Etats socialiste a estimé que «le moment était venu d’avoir une vraie discussion honnête sur la Poste» avec le milieu politique et de discuter des «défis auxquels le géant jaune est confronté, ainsi que de voir ce que vaut le pays en matière de prestations postales».
Le Fribourgeois a déclaré que l’entreprise «va bien». Il a toutefois prévenu que des nuages présents à l’horizon «sont sérieux» et que des mesures nécessaires devront être prises: «Nous sommes au moment où on a les moyens financiers et une vision stratégique claire sur ce qui arrive et où on doit avoir la force de prendre les bonnes mesures», a-t-il poursuivi.
Des programmes d'efficacité mis en place au cours des quatre dernières années pont aidé à réduire les coûts et à stabiliser le résultat, selon la Poste.
Des mesures de prix mises en œuvre début 2024 ont permis de compenser dans un premier temps le recul structurel des volumes de courrier, explique le directeur financier Alex Glanzmann, cité dans le communiqué de jeudi. Le résultat d’exploitation (EBIT) est lui aussi en hausse sur la même période, passant de 323 millions en 2023 à 401 millions de francs en 2024, soit 78 millions de plus. Le chiffre d’affaires a également augmenté, atteignant 7,626 milliards de francs, contre 7,279 milliards l’année précédente.
Ce bon résultat s'appuie sur le succès des services logistiques. Selon la Poste, le résultat d'exploitation de ce secteur s'est amélioré de plus de 100 millions de francs. Les autres secteurs ont clôturé leurs comptes conformément aux attentes. «Le résultat que nous présentons aujourd'hui ne va pas de soi», a déclaré devant les médias Roberto Cirillo, directeur de la Poste qui quittera ses fonctions fin mars.
Selon Glanzmann, l'environnement de marché reste extrêmement exigeant et le recul structurel des volumes va se poursuivre. Ainsi, avec 1,56 milliard d'envois de lettres adressés, la Poste enregistre un recul de 5,5 % par rapport à 2023. Pour les colis, la quantité s'élève à 180 millions, ce qui représente une légère baisse de 2,9% par rapport à l'année précédente.
L’entreprise s’attend à une augmentation des chiffres à moyen et long terme, en ce qui concerne les colis. Cela est dû à la demande et à l'évolution démographique, car le pouvoir d'achat de nombreux «natifs du numérique» ayant un comportement d'achat en ligne augmente, a déclaré Cirillo. «Des mesures de prix ne peuvent pas être exclues dans une perspective stratégique», a répondu Christian Levrat, président du conseil d'administration de la Poste, à une question des médias.
La Poste a indiqué que la plateforme «ePost» gagnait du terrain. Elle compte désormais plus de 10'000 entreprises, organisations et autorités connectées, soit une hausse de 70% par rapport au début 2024. En outre, son utilisation par des particuliers connaît également une augmentation de 60% par rapport à l’année précédente.
Du côté de CarPostal, la filiale a enregistré une année record en 2024. Avec 183,1 millions de passagers, elle a transporté plus de voyageurs que jamais. Les services de mobilité ont ainsi pu augmenter leur résultat d'exploitation de neuf millions de francs.
La Poste signale en revanche la baisse du résultat de son bras financier Postfinance, qui a réalisé un bénéfice d'exploitation de 203 millions de francs, soit 61 millions de moins par rapport à l'année précédente. Le produit d'exploitation a quant à lui baissé de plus de 3% pour atteindre 1,90 milliard de francs.
Concernant la fermeture de 170 offices postaux en Suisse annoncée par le géant jaune en mai 2024, puis confirmée en octobre dernier, Levrat se dit très content de la décision prise par le Conseil des Etats mardi qui a refusé de freiner la fermeture des filiales annoncées.
De plus, Roberto Cirillo a indiqué avoir démarré les dialogues et rencontré les communes concernées par ces changements. Il a annoncé avoir un plan conjoint avec la grande majorité des communes qui ont accepté de discuter avec le géant jaune.
Une cinquantaine d’offices devraient connaître les nouvelles transformations durant 2025. Il a toutefois déclaré que c’est surtout en Suisse romande qu'il faudra passer par une décision de la Commission fédérale de la poste (PostCom) afin de trouver un accord.
Concernant la succession de Cirillo, une décision est attendue avant l'été. Selon Levrat, des discussions sont actuellement en cours avec différentes personnalités dirigeantes de l'économie suisse. (jzs/ats)