L'industrie pharmaceutique est cruciale pour l'économie suisse. Environ 90% de la croissance du PIB au cours des dix dernières années provient de ce secteur. Même chose pour la productivité: la pharmacie y contribue à 90% également.
Une nouvelle étude de compétitivité du bureau BAK Economics montre même que sans la contribution de l'industrie chimique et pharmaceutique, l'économie suisse n'aurait pratiquement pas connu de croissance ou de productivité depuis 2012.
Selon l'auteur de l'étude, cela s'explique par le fait que les entreprises suisses ont perdu des parts de marché dans de nombreux autres secteurs dans le cadre de la concurrence mondiale acharnée.
Pour l'association professionnelle Scienceindustries, qui a commandé l'étude, il est d'autant plus important que les entreprises pharmaceutiques et chimiques suisses continuent de jouer dans la cour des grands. Selon l'indice de compétitivité, la Suisse occupe la troisième place – derrière les Etats-Unis et l'Irlande. Les facteurs mesurés sont la performance, la position sur le marché, la qualité du site et la force d'innovation.
La Suisse est le seul pays à obtenir de très bonnes évaluations dans les quatre domaines. «Personne d'autre ne parvient à obtenir d'aussi bons résultats dans toutes les catégories», déclare Michael Grass. La Suisse a certes perdu une place par rapport à l'année précédente. Le président de Scienceindustries, Matthias Leuenberger, se montre néanmoins satisfait:
Selon l'étude, la Suisse a pu augmenter son avance sur ses talonneurs – le Danemark et la Suède – et réduire son écart avec les Etats-Unis. L'Irlande occupe la première place, le pays ayant attiré des entreprises comme Pfizer grâce à une politique fiscale basse. Le groupe a, par exemple, comptabilisé l'ensemble de ses droits de licence issus de la vente des vaccins Covid via l'Irlande – ce qui assure une énorme productivité avec relativement peu d'employés sur place.
Pour que la Suisse puisse conserver sa position dominante à l'avenir, elle doit encore progresser en matière de numérisation. Et selon l'étude, il y a également une marge d'amélioration en matière de réglementation. En effet, il faut toujours relativement longtemps pour que les nouvelles thérapies soient autorisées en Suisse.
Même pour les négociations de prix, il faut en moyenne 217 jours pour que l'Office fédéral de la santé publique fixe le prix d'un nouveau médicament. Il y a huit ans, ce chiffre était encore de 47 jours. Si les délais sont aujourd'hui beaucoup plus longs, c'est parce que les thérapies et l'évaluation de leur utilité sont devenues plus complexes.
Enfin, l'étude identifie un potentiel d'amélioration dans la «convivialité» générale des affaires. On entend par là le niveau des obstacles bureaucratiques auxquels sont confrontées les entreprises, dès le moment de leur création. En comparaison internationale, la Suisse pourrait encore s'améliorer dans ce domaine, notamment en ce qui concerne la durée des procédures et la numérisation des processus.
Un domaine qui préoccupe le secteur depuis des années est la politique européenne. La querelle sur le développement de la voie bilatérale a eu pour conséquence que la Suisse n'est plus membre à part entière du projet de recherche européen Horizon Europe depuis 2021. Les chercheurs suisses ne reçoivent donc pas de fonds de l'Union européenne (UE). La Confédération fournit depuis lors une aide financière transitoire.
Le Conseil fédéral a obtenu récemment un succès dans la politique européenne et élabore maintenant un mandat de négociation; l'association Scienceindustries espère dès lors obtenir de l'UE un «signe de bonne volonté». Le Conseil fédéral exigera donc probablement que la Suisse soit réintégrée l'année prochaine dans le programme de recherche en tant que membre à part entière.
Traduit et adapté de l'allemand par Tanja Maeder