La pénurie de personnel qualifié est «à son plus haut niveau en Suisse». C'est Advance qui tire la sonnette d'alarme. Pour cette association économique qui se bat pour l'égalité, cela ne fait aucun doute:
«Jamais auparavant autant de postes n'étaient restés vacants aussi longtemps», écrit-elle dans un rapport réalisé avec l'Université de Saint-Gall, dévoilé ce jeudi. Et cela ne serait pas sans conséquence, selon les auteurs de la recherche. A cause de cette situation, le PIB suisse subit une perte annuelle de 0,66%. Ce qui correspond à quelque cinq milliards de francs.
Les choses ne devraient pas s'améliorer, bien au contraire. La vague de départs à la retraite des baby-boomers va encore aggraver le problème. Mais alors que l'offre de main-d'œuvre nationale va diminuer, la demande devrait augmenter. Les auteurs de l'étude formulent les prévisions suivantes:
L'immigration peut limiter le problème, mais pas le résoudre totalement. «Même avec un afflux de 50 000 spécialistes par année, nous aurions toujours 400 000 postes vacants d'ici 2030», poursuit le rapport. Qui fait remarquer que la main-d'œuvre qualifiée manque également dans de nombreux autres pays.
Pour Advance, une solution permettant de mettre fin à la pénurie de personnel qualifié existe: il s'agit de l'égalité. Le «réservoir de talents féminins» regorge de main-d'œuvre hautement qualifiée, articule l'étude. Pourtant, celui-ci reste «sous-utilisé».
«Les hommes sont toujours largement surreprésentés à tous les niveaux d'encadrement, alors que l'égalité au niveau de la formation est atteinte», avance la recherche. Partant d'une quasi-égalité dans le secteur non-managérial, la représentation des femmes diminue en effet «de manière significative» à chaque échelon, atteignant 22% dans le management supérieur, chiffrent les auteurs de l'étude. Qui résument:
Autrement dit, poursuivent-ils, «l'homme travaille à plein temps, tandis que la femme réduit ses heures de travail dès qu’elle fonde une famille». Les données disponibles le prouvent: la majorité des femmes réduisent leur taux d'emploi après 30 ans, alors que le taux d'emploi des hommes augmente. Seuls 16% des femmes vivant en couple avec des enfants âgés de 4 à 12 ans travaillent à 90-100%. La majorité d'entre elles travaillent à temps partiel, certaines ne travaillent pas du tout.
Si leur temps de travail rémunéré diminue, les femmes effectuent, en moyenne, 11,2 heures de travail non rémunéré de plus que les hommes. Il s'agit notamment de la garde des enfants, des soins aux membres âgés de la famille et des tâches ménagères.
En mettant fin à cette situation, on pourrait pourvoir «plusieurs centaines de milliers» d'emplois en Suisse, assure le rapport. Qui avance les pistes suivantes:
Les auteurs de l'étude assurent: «Il ne s'agit pas de travailler plus, mais d'utiliser l'ensemble des talents et de permettre à toutes les personnes qualifiées de contribuer et de participer au marché du travail à des taux d'emploi égaux».
«Un potentiel de plusieurs centaines de milliers d'équivalents temps plein sommeille en Suisse», résume le rapport. Mais comment atteindre l'égalité? Là encore, l'étude formule plusieurs hypothèses. Il est notamment question «d'assouplir le monde du travail et de normaliser la parentalité pour les deux sexes, par exemple sous la forme d'un congé paternité adapté». Quoi qu'il en soit, Advance n'a aucun doute: