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Pénurie de personnel qualifié en Suisse: Advance a un plan

En Suisse, les femmes réduisent souvent leurs heures de travail dès qu’elles fondent une famille. (image d'illustration)
En Suisse, les femmes réduisent souvent leurs heures de travail dès qu’elles fondent une famille. (image d'illustration)Image: KEYSTONE

Ce plan permettrait de résoudre «le plus grand défi du marché du travail»

La pénurie de main-d'œuvre qualifiée menace l'économie suisse. Alors que jusqu'à 400 000 postes pourraient rester vacants d'ici 2030, les normes en vigueur pénalisent les femmes et les excluent du marché du travail, estime jeudi une association. L'égalité pourrait résoudre le problème.
14.09.2023, 18:4715.09.2023, 07:52
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La pénurie de personnel qualifié est «à son plus haut niveau en Suisse». C'est Advance qui tire la sonnette d'alarme. Pour cette association économique qui se bat pour l'égalité, cela ne fait aucun doute:

«La situation est critique»

«Jamais auparavant autant de postes n'étaient restés vacants aussi longtemps», écrit-elle dans un rapport réalisé avec l'Université de Saint-Gall, dévoilé ce jeudi. Et cela ne serait pas sans conséquence, selon les auteurs de la recherche. A cause de cette situation, le PIB suisse subit une perte annuelle de 0,66%. Ce qui correspond à quelque cinq milliards de francs.

«La pénurie de compétences est peut-être le défi le plus important du marché du travail suisse aujourd'hui, et elle a un coût élevé»
Gender Intelligence Report 2023

Les choses ne devraient pas s'améliorer, bien au contraire. La vague de départs à la retraite des baby-boomers va encore aggraver le problème. Mais alors que l'offre de main-d'œuvre nationale va diminuer, la demande devrait augmenter. Les auteurs de l'étude formulent les prévisions suivantes:

  • Environ 340 000 emplois ne pourront pas être pourvus en 2025, si la croissance économique actuelle est maintenue.
  • En 2030, ce chiffre pourrait atteindre 800 000, soit environ un emploi sur sept.

L'immigration peut limiter le problème, mais pas le résoudre totalement. «Même avec un afflux de 50 000 spécialistes par année, nous aurions toujours 400 000 postes vacants d'ici 2030», poursuit le rapport. Qui fait remarquer que la main-d'œuvre qualifiée manque également dans de nombreux autres pays.

«Des normes des années 1950»

Pour Advance, une solution permettant de mettre fin à la pénurie de personnel qualifié existe: il s'agit de l'égalité. Le «réservoir de talents féminins» regorge de main-d'œuvre hautement qualifiée, articule l'étude. Pourtant, celui-ci reste «sous-utilisé».

«Les hommes sont toujours largement surreprésentés à tous les niveaux d'encadrement, alors que l'égalité au niveau de la formation est atteinte», avance la recherche. Partant d'une quasi-égalité dans le secteur non-managérial, la représentation des femmes diminue en effet «de manière significative» à chaque échelon, atteignant 22% dans le management supérieur, chiffrent les auteurs de l'étude. Qui résument:

«Alors que l'environnement a changé rapidement, nos structures sociales fonctionnent encore à peu près comme dans les années 50»
Gender Intelligence Report 2023

Autrement dit, poursuivent-ils, «l'homme travaille à plein temps, tandis que la femme réduit ses heures de travail dès qu’elle fonde une famille». Les données disponibles le prouvent: la majorité des femmes réduisent leur taux d'emploi après 30 ans, alors que le taux d'emploi des hommes augmente. Seuls 16% des femmes vivant en couple avec des enfants âgés de 4 à 12 ans travaillent à 90-100%. La majorité d'entre elles travaillent à temps partiel, certaines ne travaillent pas du tout.

Si leur temps de travail rémunéré diminue, les femmes effectuent, en moyenne, 11,2 heures de travail non rémunéré de plus que les hommes. Il s'agit notamment de la garde des enfants, des soins aux membres âgés de la famille et des tâches ménagères.

Générer plus de 230 000 emplois

En mettant fin à cette situation, on pourrait pourvoir «plusieurs centaines de milliers» d'emplois en Suisse, assure le rapport. Qui avance les pistes suivantes:

  • 230 356 équivalents plein-temps supplémentaires pourraient être gagnés si les hommes prenaient en charge la moitié du travail non rémunéré que les femmes effectuent actuellement;
  • 87 360 équivalents plein-temps supplémentaires pourraient être gagnés si tout le monde travaillait à 85%;
  • 52 745 équivalents plein-temps supplémentaires pourraient être gagnés si les mères au foyer souhaitant reprendre le travail pouvaient le faire avec un taux d'emploi de 70%.

Les auteurs de l'étude assurent: «Il ne s'agit pas de travailler plus, mais d'utiliser l'ensemble des talents et de permettre à toutes les personnes qualifiées de contribuer et de participer au marché du travail à des taux d'emploi égaux».

«Un potentiel de plusieurs centaines de milliers d'équivalents temps plein sommeille en Suisse», résume le rapport. Mais comment atteindre l'égalité? Là encore, l'étude formule plusieurs hypothèses. Il est notamment question «d'assouplir le monde du travail et de normaliser la parentalité pour les deux sexes, par exemple sous la forme d'un congé paternité adapté». Quoi qu'il en soit, Advance n'a aucun doute:

«Ce n'est qu'en passant à l'égalité que nous pourrons réduire durablement le déficit de main-d'œuvre qualifiée pour constituer un solide vivier de talents en Suisse»
Gender Intelligence Report 2023
A propos du Gender Intelligence Report
Chaque année, le Gender Intelligence Report se penche sur l'évolution de la diversité des sexes au sein des cadres de l'économie suisse. Pour ce faire, les auteurs se basent sur quelque 400 000 données RH brutes anonymisées provenant de plus de 100 entreprises suisses renommées.
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source: keystone
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