International
Afrique

Afrique: un nouvel océan pourrait naître plus tôt que prévu

L'Afrique se scinde. Ici, une faille dans les Gorges de l'Afar, Djibouti et une éruption volcanique de l'Erta Ale, un volcan bouclier d'Ethiopie situe dans le Triangle de l'Af ...
L'Afrique se scinde. En illustration, le canyon de Dimbiya, situé dans la région du Triangle de l’Afar à Djibouti, ainsi qu’une éruption du volcan-bouclier éthiopien Erta Ale le long de la faille est-africaine, également connue sous le nom de Great Rift Valley.Image: Martin Rietze / Leemage / afp, imago

Un nouvel océan est en train de naître en Afrique

Le continent africain est en pleine métamorphose. Deux plaques tectoniques s’éloignent l’une de l’autre et, au milieu, un océan et de nouvelles terres pourraient émerger dans un futur bien plus proche qu'initialement estimé.
25.05.2025, 11:5625.05.2025, 11:56
Ellen Ivits / t-online
Plus de «International»
Un article de
t-online

En mars 2018, la terre s’est brusquement ouverte près du volcan Suswa, au Kenya: une crevasse de quinze mètres de profondeur, vingt mètres de large et trois kilomètres de long s’est formée.

Des habitants ont dû quitter leur domicile, et la route principale de Mai-Mahiu–Narok, très fréquentée, a été gravement endommagée. Ce gouffre spectaculaire n’est qu’un exemple parmi d’autres: ces dernières années, des fissures, ou «rifts», similaires, sont apparus dans plusieurs pays d’Afrique de l’Est. En Ethiopie, l’une d’elles s’étend désormais sur 60 kilomètres, atteignant parfois une profondeur de dix mètres dans le sol désertique.

Le continent africain est en train de se scinder

Ces fractures sont les signes avant-coureurs d’une transformation géologique majeure: une plaque tectonique est en train de se détacher de la plaque africaine. La fissure est-africaine, ou Great Rift Valley, est au cœur de ce bouleversement.

Elle s’étire du Mozambique à la mer Rouge, sur quelque 6 000 kilomètres, avec une largeur variant de 30 à 100 kilomètres. Par endroits, elle ne mesure que quelques centaines de mètres de profondeur, ailleurs plusieurs kilomètres.

C’est le long de cette gigantesque faille que le continent africain est en train de se fracturer. La plaque somalienne, en formation, dérive vers l’est, tandis que la plaque africaine glisse vers l’ouest.

«Géologiquement, c’est un continent qui est en train de se briser»
Sascha Staubach, géologue à l’Université Goethe de Francfort

La géologue poursuit en expliquant:

«On peut imaginer cela comme de la pâte à modeler que l'on étire. Mais dans le cas d’un continent, ce n’est pas une matière souple, c’est de la roche dure et cassante. La déformation ne se produit donc pas de manière homogène.»
Carte structurale simplifiée de l'Afrique de l'Est montrant les principaux volcans actifs, la dépression de l'Afar et la jonction triple entre la plaque arabique, la plaque africaine et ...
Le tracé de la grande fissure africaine.Image: © Sémhur / source: wikipedia

Un nouvel océan et une nouvelle île en vue

Mais qu’est-ce qui provoque un tel phénomène? En profondeur, dans le manteau terrestre, un immense courant de magma circule sous la fissure, des confins de l’Afrique australe jusqu’à la péninsule arabique. Selon les géologues, ce courant alimente régulièrement la surface en magma. Celui-ci exerce une pression vers le haut, faisant gonfler et amincir la croûte terrestre, jusqu’à provoquer sa rupture, un processus décrit par la géologue Lucía Pérez Díaz de la Royal Holloway University of London.

Lorsque la croûte cède, l’eau finit par s’infiltrer dans les failles. Un nouvel océan pourrait alors se former, bouleversant profondément la géographie de l’Afrique. Des pays enclavés, comme la Zambie ou l’Ouganda, pourraient se retrouver dans le futur avec des côtes maritimes. Une vaste île pourrait émerger dans l’océan Indien, constituée de portions de l’actuelle Ethiopie et de la Somalie.

Le Nil lui-même pourrait changer de cours: un nouveau bras pourrait jaillir en amont pour se jeter dans l’océan Indien, plutôt que de poursuivre son cours vers la Méditerranée.

Le déchirement du continent africain illustré

Si les plaques somalienne et africaine s'écartent, l'eau de l'océan comble le vide et une nouvelle étendue marine se forme. La simulation montre comment la géographie de l'Afrique changerait.
Si les plaques somalienne et africaine s'écartent, l'eau de l'océan comble le vide et une nouvelle étendue marine se forme. La simulation montre comment la géographie de l'Afrique changerait.graphique: akr / Source: X / Photo: nasa/google earth

Un processus plus rapide qu'anticipé

Selon les scientifiques, les plaques africaine et somalienne s’éloignent actuellement à un rythme d’environ 0,8 centimètre par an. Jusqu’à récemment, on pensait que ce processus de séparation s’étendrait sur 20 à 60 millions d’années. Mais de nouvelles estimations avancent un horizon bien plus proche. C'est ce que Cynthia Ebinger, géophysicienne à l’Université Tulane affirme:

«Nous avons réduit cette fourchette à environ un million d’années, voire seulement 500 000 ans»

Des évènements sismiques majeurs, comme les tremblements de terre, pourraient même accélérer encore ce processus. Mais leur prévision demeure très difficile, souligne la chercheuse.

La mer Rouge est aussi née d'une faille

A l’échelle d’une vie humaine, 500 000 à un million d’années semblent une éternité. Mais en géologie, c’est le temps d'un claquement de doigts. La mer Rouge s’est formée de manière similaire il y a environ 25 millions d’années, un âge relativement jeune dans l’histoire de la Terre. Elle est née de la séparation entre les plaques africaine et asiatique, qui a créé un vide progressivement envahi par les eaux. Et ce bras de mer continue, encore aujourd’hui, de s’élargir chaque année.

Traduit et adapté de l'allemand par Tanja Maeder

On parie que vous pouvez sentir ces photos
1 / 19
On parie que vous pouvez sentir ces photos
partager sur Facebookpartager sur X
Le plus grand iceberg du monde commence à bouger
Video: twitter
Ceci pourrait également vous intéresser:
0 Commentaires
Votre commentaire
YouTube Link
0 / 600
Grippe aviaire: «plus qu'une crise, une urgence mondiale»
Selon un rapport de l'OMSA, la grippe aviaire est en pleine recrudescence et constitue une réelle menace mondiale pour l'agriculture, la sécurité alimentaire, le commerce et les écosystèmes.

Le nombre de foyers de grippe aviaire chez les mammifères a plus que doublé dans le monde l'an dernier. Cela augmente le risque d'une propagation du virus chez l'humain, a averti vendredi une agence internationale.

L’article