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Etats-Unis: Comment Joe Biden profite du chaos républicain

Senate Minority Leader Mitch McConnell of Ky., looks to President Joe Biden after Biden arrived at Cincinnati/Northern Kentucky International Airport in Hebron, Ky., Wednesday, Jan. 4, 2023. (AP Photo ...
Le leader de la minorité du Sénat, Mitch McConnell, et le président Joe Biden, le 4 janvier 2022.Image: sda
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Comment Joe Biden profite du chaos républicain

Les républicains américains se déchirent mutuellement dans leur lutte pour le pouvoir au Congrès. Pendant ce temps, le président Joe Biden se pose en bâtisseur de ponts – au sens propre du terme.
06.01.2023, 11:5906.01.2023, 18:09
Peter Blunschi
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Le pont Brent Spence a longtemps été un symbole de l'infrastructure délabrée des Etats-Unis. Et par extension, de l'incapacité des politiques à y remédier. Ce pont à deux étages traverse la rivière Ohio et relie les Etats du Kentucky et de l'Ohio.

Des promesses de rénovation ont été formulées à plusieurs reprises. Même Donald Trump s'y est rendu lors de la campagne électorale de 2020. Chose promise, chose enfin due: le paquet d'infrastructure adopté de manière bipartite par le Congrès l'année dernière réserve 1,6 milliard de dollars pour le pont Brent-Spence.

Cet argent servira à rénover le pont et à construire un deuxième passage en parallèle pour soulager le pont surchargé malgré ses deux étages.

Mercredi, Joe Biden s'est rendu en personne sur place pour le lancement des travaux.
Mercredi, Joe Biden s'est rendu en personne sur place pour le lancement des travaux.Image: sda

Le président américain était accompagné de Mitch McConnell, sénateur du Kentucky, chef de groupe des républicains au Sénat et «tourmenteur» des démocrates. Il célèbre maintenant le rapprochement avec Biden.

Biden, bâtisseur de ponts

Les gouverneurs des deux Etats reliés par le pont, le démocrate Andy Beshear (Kentucky) et le républicain Mike DeWine (Ohio), étaient également présents. Pour le président, la cérémonie a été l'occasion idéale de se présenter comme un bâtisseur de ponts, au sens propre du terme, surtout dans le contexte des turbulences actuelles à Washington.

A la Chambre des représentants, les républicains jouent un jeu délicat. Une petite minorité extrême au sein du groupe parlementaire a empêché la nomination de Kevin McCarthy au poste de Speaker, c'est-à-dire de président de la grande chambre parlementaire, au cours de onze tours de scrutin. La Chambre des représentants n'est donc pas en mesure de fonctionner.

Joie malveillante et inquiétude

Même l'appel tiède de Donald Trump à élire McCarthy au poste de président est resté sans effet. L'autodestruction du Grand Old Party (GOP) ne prendra probablement fin que lorsque le député californien de 57 ans retirera sa candidature. Mais Kevin McCarthy ne se laisse pas intimider. Il a travaillé trop longtemps pour obtenir ce poste – le troisième plus élevé dans la politique américaine.

Les démocrates observent ce spectacle avec une certaine jubilation. De leur côté, ils ont voté en bloc pour leur chef de groupe Hakeem Jeffries.

A la joie malveillante se mêle toutefois l'inquiétude. La mentalité de blocage des trumpistes indique que les deux prochaines années seront difficiles et que le Congrès n'aboutira probablement pas à grand-chose.

Selon Politico, la Maison-Blanche est convaincue que le président Biden profitera du chaos républicain. En se concentrant sur une collaboration bipartite, il répond exactement aux attentes du peuple américain. Sa présence lors de l'inauguration des travaux du pont Brent Spence, bien que prévue depuis longtemps, est arrivée au bon moment.

La camaraderie de Biden avec Mitch McConnell va aussi renforcer cette image. Au cours de leur longue carrière, les deux hommes politiques octogénaires ont mené de nombreux combats, mais ont également conclu des accords. McConnell a ainsi voté en faveur de la loi sur les infrastructures et, en 2015, il a été le seul républicain à assister aux funérailles de Beau, le fils de Joe Biden.

Un accord budgétaire important

«Nous avons de nombreuses divergences», a déclaré le président mercredi, mais le républicain du Kentucky est «un homme de parole» selon Biden. Il ne faut pas pour autant s'attendre à l'arrivée d'une grande harmonie heureuse. En effet, Mitch McConnell est archi-conservateur et fera de l'obstruction au Sénat, qui sera à nouveau contrôlé par les démocrates au cours de la nouvelle législature, son moyen d'action.

Des accords bipartites sont néanmoins possibles. Peu avant Noël, le Congrès a approuvé un accord budgétaire de 1,7 billion de dollars, dans lequel figurent également 45 milliards d'aide pour l'Ukraine. Cela n'a été possible que parce que plusieurs sénateurs républicains ont voté pour, dont Lindsey Graham, jusque-là loyal à Trump.

Un deuxième mandat pour Biden?

Ce compromis a été un succès pour Joe Biden qui, au cours de ses deux premières années de mandat, a accompli plus que Donald Trump auparavant en quatre ans et Barack Obama en huit ans. D'ici les prochaines élections, il entend récolter les fruits de ces réalisations, dont fait partie l'Inflation Reduction Act, adopté malgré le désaccord en bloc des républicains.

Par ailleurs, Biden devrait bientôt déclarer s'il se présentera pour un second mandat en 2024. Il a fait part de sa volonté à plusieurs reprises et, s'il n'en tenait qu'à lui, il se représenterait. Mais sa famille a aussi son mot à dire sur ce sujet.

La First Lady ouverte à la candidature

Les Biden ont passé le Nouvel An aux îles Vierges américaines. La question d'un second mandat a sans doute été abordée lors de ces vacances en famille. La First Lady, Jill Biden, se dit de plus en plus à l'aise avec l'idée d'une nouvelle candidature et d'une campagne électorale difficile. Les démocrates le soutiendront vraisemblablement, malgré les doutes liés à son âge (Biden aurait 82 ans lors de sa seconde investiture) et à sa faible popularité.

Le président Joe Biden et la première dame Jill Biden, sur la pelouse sud de la Maison Blanche, le 2 janvier 2023.
Le président Joe Biden et la première dame Jill Biden, sur la pelouse sud de la Maison Blanche, le 2 janvier 2023. Image: sda

La situation pourrait encore évoluer si les trumpistes poursuivent leur obstruction et empêchent ainsi les publicains de participer efficacement au gouvernement. Dans ce cas, l'éloge de Joe Biden de la coopération entre partis trouvera d'autant plus d'écho. Il se passera beaucoup de choses d'ici les élections de 2024, mais les perspectives de réélection de Biden ont déjà été pires.

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Video: twitter
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