Avec Donald Trump comme président, l'aide militaire américaine à l'Ukraine pourrait encore se réduire. C'est ce que craignent de nombreux observateurs à l'intérieur et à l'extérieur du pays. A Kiev, Volodymyr Zelensky a félicité le futur président américain pour sa nette victoire électorale et l'a appelé à construire la paix par la force. Entendez: poursuivre les livraisons d'armes américaines.
Même si Trump ne supprimait pas complètement l'aide, il attendra des contreparties de Zelensky, par exemple sous forme de concessions à la Russie dans d'éventuelles négociations de paix. Il est également envisageable que l'Ukraine doive contracter des crédits pour payer les armes fournies par les Etats-Unis à l'avenir.
Trump est imprévisible, estime le journaliste ukrainien Petro Tchoumakov, qui a récemment dû fuir sa ville natale dans l'est du pays pour échapper aux Russes. Mais, selon lui, il est également possible que Washington fasse pression sur Moscou afin de parvenir à une solution négociée.
Le problème, c'est que l'Ukraine a besoin de livraisons d'armes constantes pour résister à l'assaut russe à l'est et au sud.
Selon les chiffres de l'Institut de Kiel pour l’économie mondiale (IfW), l'aide globale fournie à l'Ukraine a nettement reculé depuis début 2023. C'est surtout les cas des livraisons de matériel militaire.
Cela se manifeste également dans la situation sur le front: le nombre de kilomètres carrés conquis chaque jour par la Russie est passé de moins de 6 à près de 15 depuis début août. Pourtant, depuis février 2022, Moscou n'a pu occuper qu'environ 11% du territoire ukrainien. Rien ne serait donc perdu si l'Occident continuait à soutenir activement le pays.
Mais cela ne semble pas être le cas pour le moment. Même si les Européens ont jusqu'à présent fourni une aide globale bien plus importante que les Etats-Unis, leur part dans l'aide militaire est bien plus modeste.
L'IfW a estimé différents scénarios dans lesquels l'aide totale à l'Ukraine pourrait chuter d'environ 30 à 60% l'année prochaine. Cela aurait de graves répercussions sur l'avenir du pays.
Même s'il existait en Europe une volonté politique d'augmenter les livraisons d'armes, le Vieux Continent ne dispose pas à lui seul de la capacité de compenser une éventuelle disparition du soutien américain. De nombreux Ukrainiens comptent donc sur la force de leur propre industrie de défense et sur la créativité de leurs ingénieurs et développeurs de logiciels. Des résultats impressionnants ont certes été obtenus, mais cela ne suffira pas à l'avenir.
Alors que Trump a déjà promis son soutien à Israël, il est resté silencieux concernant l'Ukraine. Pourtant, la guerre de Moscou a dévoilé une alliance entre la Russie, l'Iran, la Corée du Nord et la Chine qui défient ensemble l'Occident et tentent de renverser la situation en Europe. Trump ne semble pas avoir pris conscience que la Chine et l'Iran, qu'il n'a cessé de dénoncer par le passé, sont les alliés de Poutine et menacent ainsi les intérêts de l'Amérique via la Russie.
La participation des troupes nord-coréennes aux combats avec les Ukrainiens représente une escalade à laquelle l'Occident n'a jusqu'à présent pas encore réagi. Mais, s'il y a une chose que l'on a apprise de l'expérience de Poutine, c'est que l'absence de réponse ferme est interprétée par le maître du Kremlin comme une invitation à toujours plus de provocations et d'escalade.