Le monde financier est devenu fou depuis que Donald Trump a ouvert une guerre commerciale planétaire mercredi dernier. Depuis, les cours des actions s'effondrent un peu partout.
Les économistes de la Deutsche Bank évoquent un choc majeur comme le commerce mondial n'en avait plus connu depuis 1971. Le système monétaire de Breton Woods s'était effondré parce que le président américain de l'époque, Richard Nixon, voulait financer la guerre du Vietnam avec la planche à billets. Sur les marchés monétaires, les investisseurs parient désormais sur de nouvelles mesures de sauvetage (la baisse des taux directeurs) des banques centrales.
On pouvait difficilement imaginer pire scénario. Alors, que dit l'autorité de surveillance des marchés financiers, qui ne surveille pas UBS et toutes les autres banques pour son propre intérêt, mais bien pour garantir la plus grande sécurité possible pour les clients et les épargnants? Que dit la Finma, qui contrôle également que les assurances investissent leurs placements faramineux en toute sécurité? Car les assurances doivent pouvoir remplir en tout temps leur objectif de couverture de tous les sinistres.
La présidente de la Finma, Marlene Amstad, et son directeur, Stefan Walter, ont certes résumé les principaux développements au sein de leur organisme. Mais ils n'ont pas évoqué la crise actuelle des marchés financiers dans leur exposé. Même lors de la discussion qui a suivi, les réponses aux questions des journalistes sont restées remarquablement peu engagées, pour ne pas dire minimisantes.
La Finma avait testé l'an dernier la résistance des établissements financiers sous sa responsabilité, par exemple en ce qui concerne la vulnérabilité aux pertes des crédits hypothécaires dans un scénario de taux d'intérêt défavorable. La crise de 2025 constitue-t-elle alors une mise à l'épreuve comparable?
Réponse de Stefan Walter: «Nos hypothèses dans les tests de résistance sont beaucoup plus stressantes que ce que nous observons actuellement sur les marchés». Quant à savoir si la situation actuelle ne pourrait pas conduire à une crise bien plus grave, le plus haut responsable de la surveillance des marchés financiers de Suisse répond:
Les turbulences pourraient se poursuivre, provoquer une récession, affecter la solvabilité des clients qui ont un crédit auprès des banques.
Le dirigeant ne s'en cache pas, les crises peuvent s'amplifier, comme les vagues après un tremblement de terre pourtant survenu profondément sous le niveau de la mer.
«Nous suivons la situation de près», a-t-il promis, sans exposer davantage le danger potentiel de cette situation. Les établissements surveillés doivent penser en termes de scénarios, connaître leur niveau de risque et prendre des dispositions individuelles, a-t-il conseillé aux banques et aux assurances. Une dose de calmants, comme les épargnants bancaires, les preneurs d'assurance ou même les investisseurs en fonds pourraient peut-être l'attendre d'une autorité comme la Finma, se sent autrement.
La réticence de la Finma à évaluer la situation actuelle est évidente, et personne ne se l'explique. Elle craint peut-être des vents contraires politiques plus forts si elle insiste trop sur les dangers actuels.
En tant que critique de l'UE et fondamentalement favorable aux Etats-Unis, le parlementaire UDC Thomas Aeschi affirme par exemple que les droits de douane punitifs seront supprimés d'ici la fin de l'année et que le monde (ou la Suisse) ne va pas s'écrouler à cause de 32% de taxes.
La Finma redoute peut-être de perdre des plumes en politique. Mais elle estime probablement aussi qu'un contexte de risque fortement modifié menacerait le respect de sa feuille de route réglementaire. Sa stratégie face à cela: faire preuve de retenue rhétorique.
On le sait, la Finma réclame toute une série de nouvelles compétences: elle veut pouvoir infliger des amendes, responsabiliser davantage les membres des directions, clouer au pilori plus de brebis galeuses et pouvoir intervenir plus tôt auprès des cadres dirigeants dans des situations délicates. Pour cela, elle a besoin d'une base légale et donc de la politique. Ou peut-être, mais c'est malheureusement la variante la moins réaliste, la Finma considère-t-elle effectivement que la crise actuelle n'est pas très menaçante.
(Traduit et adapté par Valentine Zenker)