Le ciel est d'un bleu clinquant, l'atmosphère euphorique. La reine Elizabeth est là, pimpante, dans sa robe vert pomme, flanquée des membres de sa célèbre famille. Et il y a la mariée, Meghan Markle, sublime de beauté dans sa robe Clare Waight Keller, son profil charmant rehaussé par un diadème en diamants. Son prince, Harry, fier comme un paon, droit dans ses bottes. C'est royal, c'est beau, ça en jette. C'est la famille royale britannique dans ce qu'elle a de mieux à offrir.
Comme il semble loin ce 19 mai 2018.
Depuis, il ne s'écoule pas un jour sans qu'on évoque le divorce de ce couple qu'on «adore détester». Comme si c'était une évidence. Une fin inévitable. Le clash étalé sur des pages et des pages ne serait qu'une question de temps.
En février, c'est une longue enquête de Vanity Fair qui évoquait un «livre post-divorce» pour Meghan. Et, pas plus tard que ce week-end, l'influente journaliste britannique Marina Hyde, du Guardian, évoquait une opportunité intéressante à saisir pour Netflix.
Non pas que les Sussex aient l'air malheureux, depuis qu'ils se sont envolés vers leur rêve californien et leur communauté exclusive de Montecito. Mais dans les médias, le conte de fées sur papier glacé a rapidement tourné court. Contrairement à Kate et William, dont le mariage il y a 14 ans conserve une sorte de beauté intacte, y compris dans des médias peu réputés pour leur respect et leur bienveillance, comme le New York Post ou le Daily Mail.
Plus que n'importe quel autre couple de célébrité, depuis sept ans, les rumeurs de séparation entre Harry et Meghan ont circulé dans les pages des magazines de façon quasi permanente.
Ce n'est pas faute d'avoir exposé leur bonheur conjugal à outrance, jusque dans l'intimité et les salons feutrés de leur manoir californien de 16 pièces, depuis leur départ en fanfare pour les Etats-Unis. La série Netflix qui porte leur nom, Harry & Meghan, dévoilée en décembre 2022, était une démonstration par A+B de leur amour fort, éternel, inébranlable.
Pendant longtemps, de tapis rouges en conférences pour leur fondation Archewell, on ne les a vus que tous les deux. Comme une entité inséparable.
Un bonheur affiché aux relents presque obscènes. Cette exposition de soi nous a interpellés, écœurés, agacés, épuisés. Harry et Meghan sont devenus la risée des médias britanniques, puis américains - pour devenir inévitablement les nôtres. Les amants terribles de la royauté britannique unis dans l'adversité, les deux naufragés luttant contre une monarchie immense et hostile, ont usé notre patience et leur capital-sympathie.
Et puis, au fil des ans, il y a eu les projets personnels. Harry a publié ses mémoires accusatrices, Spare, pendant que Meghan, de son côté, animait avec enthousiasme Archetypes, un podcast féministe en collaboration avec Spotify. Assurant leur promotion chacun de leur côté, les Sussex se sont affichés de moins en moins ensemble. Un terreau fertile pour les rumeurs de troubles au paradis.
Aujourd'hui, après plusieurs mois en retrait, la duchesse de Sussex est de retour sur le devant de la scène avec un compte Instagram flambant neuf, une nouvelle série lifestyle et une entreprise de produits associés. Et force est d'admettre que nous avons suivi cela avec autant de délice que d'agacement.
Car il y a ce petit quelque chose chez Meghan Markle qui provoque chez nous des frissons délicieux. Un attrait? Une répulsion? En tout cas, un truc épidermique. Preuve en est les critiques assassines après sa série télévisée ou, cette semaine, le scandale mondial suscité par un monticule de gaufres maison pour ses enfants.
Tout ce que touche et fait Meghan est sujet à discussion, débat, polémique. Comme le dit si bien Ted Sarandos, le tout-puissant patron de Netflix:
Quoi de plus fascinant que la rupture entre l'une des figures les plus polarisantes de la culture pop, et le prince exilé de la Couronne britannique?
Qu'il soit imminent ou pas, une chose est sûre: le divorce de Meghan et Harry ne manquerait pas d'avoir un impact culturel et médiatique aussi retentissant que celui, en leur temps, de Charles et Diana.
Promesse d'articles sans fin et d'épineuses questions politiques. Harry ferait-il son grand retour au Royaume-Uni, dans le giron de la famille royale? Touchera-t-il la fameuse somme d'argent promise par un soi-disant «accord secret» avec Buckingham Palace, évoquée par certains experts de la monarchie britannique?
Meghan, elle, se fendrait-elle de révélations fracassantes, que ce soit dans un best-seller ou une série télévisée? Netflix, en tout cas, n'attendrait plus que ça. Alors que les séries diverses et variées des Sussex ont échoué à égaler le succès d'Harry & Meghan sur la plateforme, le géant du streaming attendrait patiemment son heure en continuant à financer leurs projets, pour être le premier sur les lieux au moment du crash.
En attendant, Harry et Meghan savent que leur force de frappe et leur rentabilité reposent avant tout sur leur binôme. Ensemble, même dans la fin.