«Normalement, je ne discuterais pas d’affaires de famille sur un forum public.» Et pourtant, la voilà, Sophie Chandauka, sur le plateau de l'émission «Sunday Morning» sur Sky News, avec Trevor Phillips. L'avocate de renom et présidente de l'association caritative Sentebale tenait à mettre les points sur les i. «La seule raison pour laquelle je suis ici... c'est parce qu'à un moment donné mardi, le prince Harry a autorisé la diffusion d'une nouvelle préjudiciable au monde extérieur sans m'en informer, ni moi, ni mes directeurs de pays, ni mon directeur exécutif», entonne la responsable de 47 ans.
La guerre est déclarée. Après l'annonce avec perte et fracas du départ du prince Harry et des principaux responsables de sa fondation Sentebale, qu'il avait cofondée en hommage à sa défunte mère Lady Diana en 2004, pour conflits de gouvernance, sa présidente est sortie du bois pour livrer sa version.
Dimanche, l'avocate de renom et ancienne conseillère juridique interne chez Meta et JP Morgan, a décrit une relation de travail toxique, une série d'incidents préjudiciables. Elle a ensuite expliqué comment les choses avaient dégénéré depuis son accession à la tête de l'association, en 2023.
Les problèmes ont commencé presque immédiatement, selon Sophie Chandauka. Notamment lorsqu'elle découvre une corrélation «assez significative» entre l'abandon de la cause par un certain nombre de «grandes organisations» et la réputation du prince Harry après son déménagement aux Etats-Unis. Une question épineuse que les hauts dirigeants auraient toutefois préféré passer sous silence.
La présidente de Sentebale évoque également un climat de peur où les autres membres du conseil d'administration semblaient trop effrayés par le prince pour contester ses décisions.
Parmi les nombreux exemples qu'elle déroule au cours de son plaidoyer de 20 minutes sur Sky News, l'avocate cite notamment un tournoi de polo à Miami en avril dernier, où les exigences de Harry auraient sérieusement empiété sur l'organisation. Un mois seulement avant cette collecte de fonds très médiatisée d'une importance fondamentale pour l'association, le prince aurait annoncé sa volonté d'impliquer une équipe Netflix dans l'évènement, afin de tourner des images pour sa série Polo, sortie l'an dernier.
«On nous a dit que le duc voulait apporter des caméras à l'événement», raconte Chandauka. «J'ai expliqué que cela ne pouvait se faire sans l'accord du lieu, des sponsors et des invités, dont aucun n'avait accepté de participer à une émission Netflix. Le lieu a alors considéré qu'il s'agissait d'un événement commercial et a imposé de nouvelles conditions. Nous n'avions pas les moyens de les payer, alors nous avons perdu le lieu.»
Ensuite, ajoute-t-elle, Harry aurait pris la décision de dernière minute d'inviter sa femme Meghan Markle et l'une de ses amies célèbres, ce qui aurait perturbé la «chorégraphie».
Au milieu de la confusion et du manque de planification, un moment particulièrement gênant a été capturé par une caméra et fait les gorges chaudes de la presse. En effet, alors que joueurs et partenaires se rassemblent sur le podium pour une photo d'après-match, la duchesse de Sussex sembler demander à la présidente de Sentebale de s'éloigner de son mari, la forçant à se baisser sous le trophée pour changer de position. La vidéo a fait le tour des médias et des tabloïds.
<Meghan Markle sparked an awkward moment on stage as she asked a woman not to pose next to Prince Harry for a picture after he won a polo tournament.>
— HarrysGreySuit (@hrrysgreysuit) April 13, 2024
The Duch, 42, ordered people around the stage after handing Harry, 39, a trophy.
< She requested the well-dressed woman in a… pic.twitter.com/RlIEQ0F1tq
«La chorégraphie s'est mal passée sur scène parce que nous avions trop de monde sur scène», explique Sophie Chandauka ce dimanche. «La presse internationale a repris l'affaire et on a beaucoup parlé de la duchesse, de la chorégraphie sur scène, de la question de savoir si elle aurait dû être là et de la façon dont elle m'a traitée.»
A la suite de l'incident, le prince Harry l'aurait priée de publier une déclaration «en faveur de la duchesse». «J'ai dit que je ne le ferais pas, non pas parce que je ne me souciais pas de la duchesse, mais parce que, d'abord, je savais ce qui se passerait si je le faisais.»
Après tout une série d'incidents préjudiciables pour l'institution, elle a finalement décidé de porter plainte pour «harcèlement moral et misogynie». «Le prince Harry s'est immiscé dans l'enquête. Il s'agit donc d'une opération de dissimulation, et le prince est impliqué», dénonce la présidente de Sentebale, qui accuse également le duc de «démagogie» et de vouloir détruire l'association pour ensuite revenir en grand sauveur.
Malgré les potentielles retombées sur sa carrière au sein de l'association, Sophie Chandauka reste déterminée, concluant:
Face à ces accusations extrêmement préjudiciables pour le duc de Sussex, son camp n'a pas tardé à donner la réplique. Pendant qu'une source proche qualifie les affirmations de Sophie Chandauka de «complètement infondées», le Dr Kelello Lerotholi, autre démissionnaire de Sentebale, a déclaré à Sky News être «surpris» par les allégations de la présidente.
Alors que la chaîne britannique a tenté sans succès d'obtenir un commentaire de la part d'Harry et Meghan après ces attaques publiques, les Sussex ont préféré s'emmurer dans le silence et refusé de fournir la moindre réponse officielle. Il n'en reste pas moins que cette querelle hors du commun jette une longue ombre sur l'héritage philanthropique du prince Harry, désormais plombé par des conflits internes et ces acrimonies publiques.