La plus grande colonie d'éléphants de mer est en danger
Le nombre d'éléphants de mer qui se reproduisent en Géorgie du Sud, une île située entre l'Argentine et l'Antarctique, a fortement reculé. Une étude publiée dans la revue Nature constate qu'il y avait sur terre en 2024 environ 47% de femelles en moins qu'en 2022. Les chercheurs attribuent ce déclin à l'épidémie de grippe aviaire hautement pathogène (HPAIV). Selon les dernières estimations, 54% de la population mondiale de ce mammifère vivaient sur cette île de l'Atlantique sud.
Les données proviennent de trois des plus grandes colonies de l'île: St. Andrews Bay, Gold Harbour et Hound Bay. Les scientifiques y ont dénombré environ 5800 femelles en 2024, contre environ 9800 en 2022. Les recensements montrent ainsi un écart considérable par rapport aux fluctuations annuelles habituelles, qui se situaient jusqu'à présent dans une fourchette de pourcentage à un chiffre. L'année dernière, environ 95% de tous les bébés éléphants de mer ont été découverts morts dans la péninsule argentine de Valdés.
Propagation de l'Amérique du Sud à l'Antarctique
La grippe aviaire s'était propagée autour de la planète chez les animaux sauvages depuis 2020. Elle avait infecté la Géorgie du Sud en 2023. Les oiseaux marins ont été les premiers touchés, puis les éléphants de mer australs et les otaries de l'Antarctique. Le taux de mortalité élevé chez les femelles pourrait avoir des conséquences à long terme sur la reproduction de l'espèce.
Selon les observations de Connor C.G. Bamford, virologue à l'université de Belfast en Irlande, environ 53 000 femelles manquent à l'appel sur cette seule île pour la saison des amours de 2024. De quoi menacer la stabilité des colonies locales, qui représentaient récemment plus de la moitié de la population mondiale. Les données à long terme indiquent que le recul de cette année ne s'explique pas par des fluctuations naturelles.
A l'avenir, le chercheur redoute «des conséquences dramatiques».
Dans leur étude, les scientifiques soulignent qu'on méconnait encore l'impact réel du virus. De nombreux sites de reproduction sont relativement isolés, et cela complique le recensement. Ils demandent donc une surveillance intensive et à long terme des populations afin de pouvoir évaluer les conséquences possibles pour la survie de l'espèce.
(Traduit de l'allemand par Valentine Zenker)

