«Mis à part les cas de meurtre», Mohammed ben Salmane souhaitait en fait abolir la peine de mort dans son pays. Les décapitations ne correspondaient plus à l'image de la «nouvelle Arabie saoudite ouverte sur le monde», avait déclaré le prince héritier saoudien dans une interview accordée il y a quelques années au magazine américain The Atlantic.
Presque en même temps, le ministère du service public à Riyad publiait une annonce en ligne pour recruter huit bourreaux. Selon la description du poste, leurs tâches incluraient:
Pour servir d'exemple, les décapitations en Arabie saoudite ont généralement lieu le vendredi après-midi, après la prière hebdomadaire, sur une place publique. Leur nombre a fortement augmenté ces dernières années, selon un rapport publié ce week-end par Amnesty International.
L'année dernière, 345 exécutions ont eu lieu, soit un niveau record depuis que l'organisation de défense des droits humains a commencé à documenter la peine de mort dans ce royaume désertique, en 1990.
L'année 2025 pourrait également battre des records: cette première moitié d'année, 180 personnes ont déjà été décapitées, dont 46 rien qu'au mois de juin. Plus de la moitié des condamnés l'étaient pour des infractions liées à la drogue. Beaucoup des personnes exécutées étaient originaires d'Egypte, d'Ethiopie, de Jordanie, du Pakistan et de Syrie.
Kristine Beckerle, directrice régionale adjointe pour le Moyen-Orient et l'Afrique du Nord chez Amnesty International, souligne:
Elle a ajouté que son application pour des infractions liées à la drogue constitue aussi une violation grave du droit international et des normes internationales.
En Arabie saoudite, la peine de mort est également prononcée pour des crimes, tels que le meurtre, le viol, l'apostasie (abandon de la foi islamique), la blasphémie et la «sorcellerie». Parfois, les corps décapités sont exposés publiquement pour faire peur. Des châtiments corporels sévères comme les flagellations et les amputations de main restent également en vigueur pour des «infractions» telles que l'adultère et le vol.
Les autorités saoudiennes considèrent les exécutions comme nécessaires pour «maintenir l'ordre public». Elles affirment que ces peines capitales sont conformes à l'interprétation de la charia, le code de loi islamique fondé sur les enseignements du Coran. De plus, un porte-parole de la justice saoudienne a récemment souligné que les décapitations au sabre courbé sont «bien plus humaines et moins douloureuses que les exécutions par injection létale ou chaise électrique».
Selon la charia, a-t-il ajouté, les familles des victimes de meurtre peuvent encore gracier les condamnés à mort jusqu'au dernier moment. Dans ce cas, une indemnité appelée «prix du sang» doit être versée, s'élevant à environ 100 000 francs suisses en cas de meurtre.
Selon Amnesty International, la peine de mort «ne peut en aucun cas être justifiée», comme le déclare Kristine Beckerle:
La directrice régionale de l'organisation de défense des droits humains a appelé les alliés de l'Arabie saoudite à faire pression sur les autorités de Riyad:
En 2024, l'Arabie saoudite faisait partie des cinq pays comptant le plus grand nombre d'exécutions dans le monde, aux côtés de la Chine (des milliers), de l'Iran (975), de l'Irak (63) et du Yémen (38).
Traduit et adapté par Noëline Flippe