C'est une série noire qui semble sans fin. Une série entamée le 5 janvier dernier, lorsqu'un avion 737-MAX subit une décompression incontrôlée de sa cabine, après qu'un bouchon de porte ait explosé à 5000 mètres d'altitude. Puis, le 6 mars, au tour d'un 737-900 à destination de Fort Myers, en Floride, de retourner à Houston après qu'un moteur ait pris feu. Le lendemain, 7 mars, un pneu se détache d'un 777-200 au départ de San Francisco. Une semaine plus tard, le 14 mars, un Boeing 787 Dreamliner perd violemment de l'altitude au-dessus de la mer de Tasmanie, blessant 50 passagers. Le 15 mars, un 737 perd un panneau inférieur entre San Francisco et Medford. Le 7 avril, un 737-800 perd un morceau de capot au moment de quitter le tarmac d'Houston.
Incident après incident, enquête après enquête, gros titre après gros titre, la crédibilité que Boeing a mis des décennies à bâtir se lézarde, laissant les usagers de l'avionneur avec un sentiment désagréable... et une question en tête. Faut-il, comme le font déjà certains ex-employés ou lanceurs d'alerte, éviter à tout prix de monter à bord d'un Boeing?
Ces événements récents dressent un tableau troublant du ciel, mais la plupart des experts en sécurité aérienne tiennent à tempérer les inquiétudes. En fait, «les statistiques ne montreraient aucune anomalie significative», selon Daniel Kwasi Adjekum, ancien pilote de Boeing 737, qui enseigne désormais la sécurité aérienne à l'Université du Dakota du Nord, à Wired.
En fait, les incidents de ces dernières semaines donneraient l'impression de se multiplier, surtout parce que les médias ont rendu compte du moindre dérapage effrayant - en particulier ceux impliquant des avions Boeing. En revanche, ils ne permettraient pas de donner une «vision globale». «Après l'Alaska Air, c'est devenu un événement boule de neige et tout le monde est devenu hypersensible», juge sur CNN Anthony Brickhouse, professeur de sécurité aérospatiale à l'Université aéronautique Embry-Riddle, en Floride.
C'est le moment de sortir la calculette. Selon l'Association du transport aérien international (Iata), le nombre d'accidents impliquant des avions commerciaux a diminué au fil des années. En 2018 et 2022, par exemple, la probabilité de perdre la vie sur un vol, n'importe où dans le monde, était de 1 sur 13,4 millions – alors qu'entre 1968 et 1977, le risque était de 1 sur 350 000.
Avec un accident pour 1,26 million de vols, l'avion est aujourd'hui le mode de transport le plus sûr du monde. Autrement plus sûr que la voiture (en 2022, 165 personnes ont perdu la vie dans les airs, contre 65 000 personnes sur les routes du Royaume-Uni, des Etats-Unis et de l'Union européenne en 2022 - dont 241 en Suisse). Pour vous donner une idée, à ce niveau de sécurité, une personne devrait en moyenne voyager en avion chaque jour pendant 103 239 ans pour connaître un accident mortel.
Cela dit, si ces statistiques ne contribuent pas à vous rassurer, au milieu des inquiétudes croissantes sur les processus et les politiques chez Boeing, rien ne vous empêche d'avoir recours à une autre compagnie. Lors de la réservation de votre vol, les compagnies aériennes précisent parfois le type d'avion sur lequel vous voyagez ou lorsqu'elles émettent votre billet, par exemple sur la page de réservation ou sur votre confirmation de réservation. Si ce n'est pas le cas, vous pouvez également le rechercher sur FlightRadar24, SeatGuru ou FlightAware, en utilisant les détails de départ et de destination ou le numéro de vol.
Toutefois, il arrive qu'une compagnie aérienne soit obligée de changer d'avion à la dernière minute pour des raisons opérationnelles. Au moment de vérifier de monter à bord d'un avion, vérifiez donc la carrosserie: le modèle de l'avion est toujours spécifié. Boeing n'utilise plus le mot «Max» sur ses avions les plus récents, vous lirez donc à la place «737-8» pour le Max 8 et «737-9» pour le Max 9. Le type de modèle sera également indiqué sur les fiches de sécurité à bord.
Enfin, sachez que certaines compagnies européennes, comme easyJet, ne comptent que des Airbus dans leur flotte. Swiss, pour sa part, ne compte que 12 Boeing sur ses 87 appareils. A vous de choisir.