La Colombie suspend ses achats d'armes auprès des Etats-Unis
La Colombie, première productrice mondiale de cocaïne, recevait chaque année plusieurs centaines de millions de dollars au titre de l'aide dans sa lutte contre le narcotrafic mais n'a «pas été un très bon partenaire pour s'attaquer aux cartels de la drogue», a estimé lundi le secrétaire d'État américain Marco Rubio.
En rétorsion, le ministre colombien de l'Intérieur Armando Benedetti a déclaré lors d'une interview accordée à Blu Radio qu'«à partir de maintenant (...) aucune arme ne serait achetée aux Etats-Unis».
Avant l'officialisation de la décision américaine lundi, le président Petro avait déjà dit mettre fin à la «dépendance» des forces armées colombiennes aux «aumônes» et «cadeaux» des Etats-Unis.
«L'armée se portera mieux si elle achète ses armes ou les fabrique avec nos propres ressources car sinon, elle ne sera pas une armée de souveraineté nationale», avait-il dit.
«Président fantoche»
Mardi sur X, il a estimé que la lutte contre le narcotrafic «ne doit pas être un instrument de domination et de pouvoir»:
Depuis 1986, Washington évalue annuellement les politiques antidrogue de quelque vingt pays producteurs et distributeurs de substances illégales, et la Colombie recevait jusqu'à 380 millions de dollars d'aides annuelles américaines.
«En Colombie, la culture de la coca et la production de cocaïne ont atteint des niveaux record sous le président Gustavo Petro, et ses tentatives ratées visant à rechercher des arrangements avec des groupes narco-terroristes n'ont fait qu'exacerber la crise», souligne un document transmis par la Maison Blanche au Congrès des Etats-Unis lundi, et signé lundi par Donald Trump.
En 2023, la production de chlorhydrate de cocaïne a atteint un record de 2600 tonnes en Colombie, soit 53% de plus que l'année précédente, selon l'ONU.
«Aumônes»
Mais selon le président Petro lundi sur X, graphique à l'appui, «la tendance de croissance des cultures de feuilles de coca (en Colombie) commence en 2013 selon l'ONU. Cela n'est pas dû à mon gouvernement».
Il met en cause «l'augmentation de la consommation dans le monde, en particulier en Europe, tandis que les niveaux de consommation restent stables aux Etats-Unis».
Les Etats-Unis se disent toutefois prêts à «modifier» leur décision «si le gouvernement colombien prend des mesures agressives pour éradiquer la coca et réduire la production et le trafic de cocaïne».
Cette suspension de l'aide américaine, plus de dix milliards de dollars entre 2000 et 2018 selon le Congrès américain, compliquera les efforts de l'armée colombienne déjà mise à rude épreuve dans son combat contre les différentes guérillas et cartels qui opèrent dans le pays.
Entre le 1er janvier et le 15 août, 68 militaires et 65 policiers ont été tués par des groupes armés illégaux en Colombie, un plus haut depuis plus d'une décennie, selon les chiffres du ministère de la Défense. Soit une augmentation de 136% de membres de la force publique tués par rapport au 1er semestre 2024.
Le ministère de la Défense affirme avoir multiplié les attaques contre les groupes armés qui se financent grâce au narcotrafic et avoir saisi depuis le début de l'année 700 tonnes de cocaïne et détruit un nombre record de 4570 laboratoires clandestins. (sda/ats/afp)
