Peu importe que le président Vladimir Poutine parle ou que le ministre des Affaires étrangères Sergueï Lavrov s'exprime; peu importe que le propagandiste télévisé Vladimir Soloviev lance ses sermons haineux sur les ondes ou que les reporters de guerre chantent la «beauté» des tirs russes en Ukraine – le Kremlin a coupé les ponts avec le monde civilisé.
Cela rend toute négociation avec Moscou impossible. La Russie de Poutine déforme l'Histoire et utilise les acquis d'hier, la victoire sur le régime hitlérien lors de la Seconde Guerre mondiale, pour légitimer sa violence d'aujourd'hui. Même le rôle décisif des Alliés est volontiers occulté.
Sûr de son «droit à la victoire», le Kremlin mène une guerre d'extermination contre l'Ukraine. Dans le langage officiel russe, le meurtre devient une «libération», la torture apporte la «paix». Et le président parle volontiers des «valeurs morales les plus élevées que les Russes ont dans leurs gènes».
Cette perversion, ne serait-ce que linguistique, devient chaque jour plus effrayante. Moscou considère toute critique comme une trahison de la patrie et met les critiques derrière les barreaux avec les jugements les plus abracadabrants.
La «vérité», a déclaré Poutine en commémoration de la bataille de Stalingrad, est du côté de la Russie. Une vérité qui n'est que mensonge. Un peuple de millions de personnes s'installe dans ce mensonge. Parfois par commodité et souvent par peur.