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L'Allemagne veut redevenir forte et c'est un problème

epa12099001 German Chancellor Friedrich Merz delivers a government statement during a session of the German parliament 'Bundestag' in Berlin, Germany, 14 May 2025. EPA/HANNIBAL HANSCHKE
Discours du chancelier Friedrich Merz au Bundestag. Berlin 14 mai 2025.Keystone
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L'Allemagne «première puissance militaire d'Europe»: ça fait bizarre, non?

Le chancelier Friedrich Merz entend faire de son pays la première puissance militaire en Europe. C'est à la fois logique et préoccupant au regard de l'histoire.
15.05.2025, 18:5116.05.2025, 12:20
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Friedrich Merz tient avec la Défense un os qu’il ne semble pas près de vouloir lâcher. En déclarant, mardi au Bundestag, lors de son discours de politique générale, qu’il veut faire de la Bundeswehr l’armée conventionnelle la plus puissante d’Europe, le chancelier chrétien-démocrate se donne un emploi qu’aucun de ses prédécesseurs de l’Allemagne post-nazie n’avait songé à endosser jusqu’ici. A la tête d’une coalition CDU-SPD décrite comme bancale, oser afficher une telle ambition pour l’armée allemande est à la fois dans l’air du temps et iconoclaste.

Dans l’air du temps, mais aussi attendu. Que n’a-t-on pas reproché à l’Allemagne ses dépenses militaires riquiquis, sa propension à se réfugier dans les jupes de maman Washington, son «tout pour l’industrie» au détriment de l’outil de défense?

Voilà que cela change. On ne pourra pas dire qu’on est surpris: Friedrich Merz a fait campagne sur le redressement d’une armée allemande jugée fainéante par ses partenaires. Sans doute veut-il aussi marquer sa différence avec Angela Merkel et prendre ainsi sa revanche sur celle qui l’avait dominé au sein du parti et qui passe pour avoir été faible avec Vladimir Poutine.

Deutschland ist wieder dabei! L’Allemagne est de retour! Voilà ce que nous dit le chancelier allemand depuis la tribune du Bundestag et il ne parle pas de football

Economiquement, on sait qu’il veut relancer un appareil industriel en petite forme en investissant dans l’armement. Mais c’est sur le plan politique et identitaire que sa déclaration pour une Allemagne militairement puissante va certainement résonner le plus, dans son pays comme à l'étranger.

L'AfD et la grandeur de l'Allemagne

Chez lui, le parti d’extrême droite AfD ne pourra pas lui reprocher d’afficher cette ambition. Par-dessus tout, les électeurs de l’AfD veulent rétablir la «grandeur de l’Allemagne», qui aurait décliné au contact des institutions européennes.

C’est là que Friedrich Merz est attendu au tournant par ses amis européens. Car il n’est tout simplement pas envisageable que l’Allemagne retombe dans ses travers nationalistes. Ce n’est donc qu’intégrée à l’Europe et solidaire d’un effort commun de défense, face à de mêmes adversaires, que la formulation choc du chancelier allemand peut s’entendre.

Du temps de la guerre froide, quand il y avait l’Allemagne de l’Ouest libérale et l’Allemagne de l’Est communiste, l’écrivain français François Mauriac, qui avait en mémoire l’Occupation, avait eu ce mot fameux:

«J'aime tellement l'Allemagne que je suis satisfait qu'il y en ait deux»
François Mauriac

Quant au président François Mitterrand, il avait posé comme condition à la réunification allemande ardemment voulue par son ami le chancelier Helmut Kohl, l’abandon du mark, possible arme monétaire d’une puissance allemande retrouvée, au profit de l’euro, synonyme d’une fusion de l’Allemagne dans l’ensemble européen.

La formule, peut-être un cri du cœur de Friedrich Merz, va faire beaucoup parler. S’il paraît normal que la première puissance économique européenne soit aussi celle qui dépense le plus pour sa Défense, devenant à terme leader dans ce domaine, cette évolution ne va pourtant pas de soi et pourrait provoquer des inquiétudes et crispations.

Le retour des astronautes Butch Wilmore et Suni Williams
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