«La force dissuade»: l'Allemagne veut l'armée la plus puissante d'Europe
Sobrement annoncé par la présidente du parlement, Julia Klöckner, le discours du chancelier Friedrich Merz, qualifié par le secrétaire général de l'Union chrétienne-démocrate d'Allemagne (CDU) Carsten Linnemann, de «l'un des plus importants de l'année», marquait la première déclaration gouvernementale de Merz.
Un premier discours historique, mais réservé
Il semble tendu, bien différent de ce qu'il était lors de la campagne électorale ou pendant la formation de la coalition. Merz, habituellement bon orateur, parle souvent de manière spontanée et aime exagérer. Cette fois, il s'en tient au texte et paraît plus réservé.
Pour certains, cela surprend: il commence par s'adresser à son prédécesseur Olaf Scholz et le félicite pour avoir dirigé l'Allemagne à travers des «périodes de crise exceptionnelles» avec la coalition Ampel (ou coalition tricolore, en référence à une association de partis dont les couleurs rappellent le feu routier). «Pour cela, vous méritez notre reconnaissance», déclare Merz.
Une élection pourtant difficile et mémorable
Il ne mentionne pourtant à aucun moment ce qui s'est passé le 6 mai au Bundestag (l'assemblée parlementaire). Ce jour-là, il avait vécu l'humiliation de sa carrière politique. 18 députés de sa propre coalition l'avaient fait échouer lors du premier tour de scrutin, et Merz n'avait été élu chancelier fédéral qu'au deuxième tour. Un tel événement ne s'était jamais produit en Allemagne auparavant.
Merz préfère mentionner les «énormes défis» auxquels l'Allemagne est confrontée. En faisant référence à la guerre d'invasion en Ukraine, il déclare:
Et que l'issue de cette guerre déterminera ce qui s'imposera à l'avenir:
Naturellement, Merz énumère les endroits qu'il a visités au cours de ses premiers jours à la chancellerie: Paris, Varsovie, Bruxelles, Kiev. Ces voyages, et en particulier sa visite en Ukraine avec les partenaires européens, lui ont valu beaucoup de soutien en Allemagne.
Les missiles Taurus pour l'Ukraine, une question en suspens
Cependant, Merz a rapidement été confronté à des divergences en politique intérieure. Lui-même, encore candidat à la chancellerie pour la CDU lors de la campagne électorale, avait exigé que l'Ukraine reçoive des missiles de croisière Taurus en provenance d'Allemagne. Son prédécesseur, Olaf Scholz, avait rejeté cette demande, arguant que l'Allemagne ne devait pas devenir partie prenante du conflit. Les missiles Taurus peuvent voler sous les radars et sur une distance de 500 kilomètres, ce qui leur permettrait d'atteindre des territoires russes bien au-delà des frontières.
Il n'est pas clair si le nouveau gouvernement souhaite prendre la décision de livrer les missiles de croisière. Merz s'est récemment montré plus discret et a fait savoir par l'intermédiaire de son porte-parole, lundi, qu'il conviendrait de «moins parler de systèmes d'armement spécifiques». Une décision sera prise ultérieurement.
Des déclarations fortes à l'égard de la Russie
Merz garde toutes les options ouvertes au Bundestag. Il souligne:
Il avertit également:
C'est pour cela que l'Allemagne continuera d'investir massivement dans le renforcement de la Bundeswehr (l'armée nationale): «La Bundeswehr doit devenir l'armée conventionnelle la plus forte d'Europe.» Car, selon Merz: «Nous voulons être en mesure de nous défendre, afin de ne pas avoir à le faire.» Il continue en déclarant:
Traduit et adapté par Noëline Flippe


