Le cercle le plus proche du président américain planifie des attaques meurtrières contre des terroristes au Yémen comme on organiserait une fête d’anniversaire : dans une application de messagerie, avec des blagues salaces et des émojis. Le fait que les hommes de Trump, autour du vice-président JD Vance, aient par erreur ajouté un journaliste au groupe de discussion est d’un amateurisme tel que – s’il ne s’agissait pas de la sécurité nationale du pays le plus puissant du monde – cela en serait presque risible.
Certes, les Américains s’inquiètent de la légèreté avec laquelle des informations ultra-secrètes sont traitées. Mais pour nous, en Europe, c’est un autre aspect qui devrait susciter les plus grandes inquiétudes: Vance et ses collègues ne se contentent pas de dire qu’ils préféreraient laisser tomber l’Europe. Ils le pensent réellement.
Jusqu’à présent, on pouvait encore secrètement espérer que la rhétorique dure à l’égard de l’Europe n’était qu’un moyen de pression destiné à pousser le Vieux Continent à augmenter ses dépenses militaires ou à faire d’autres concessions financières. L’idée rassurante était que les Etats-Unis ne laisseraient certainement pas tomber l’Europe.
C’est désormais terminé. Dans un cercle restreint de proches, le vice-président américain écrit textuellement: «J’en ai juste marre de devoir encore sauver l’Europe.» Le ministre de la Défense y parle de son «aversion pour les parasites européens».
Ces propos n’avaient nullement vocation à mettre la pression sur le destinataire du message, comme l'administration Trump en semble coutumière. Non. Cette discussion offre en fait un aperçu de ce que pensent réellement les plus proches collaborateurs de Donald Trump. L’idée que ces personnes puissent se soucier un tant soit peu du sort de l’Europe semble, à la lumière de ces révélations, presque naïve. Aussi difficile cela soit-il, il faut désormais l’accepter – et adapter nos décisions politiques en conséquence.