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La «paix de Trump» risque d'être terrible en Iran

(Photo by Beata Zawrzel/NurPhoto) (Photo by Beata Zawrzel / NurPhoto via AFP)
Donald Trump au sommet de l'Otan. La Haye, 14 juin 2025.Image: NurPhoto
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La «paix de Trump» risque d'être terrible pour les Iraniens

Les révélations de CNN sur les bombardements américains en Iran mettent à mal le triomphalisme de Donald Trump. Pour l'heure, le régime islamiste reste en place à Téhéran, prêt à réprimer les opposants de l'intérieur qui ont cru à la chute des mollahs.
25.06.2025, 11:5626.06.2025, 14:57
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Quand Donald Trump, plutôt bon comédien, prend sa mine de papy grognon, il traite ses adversaires de «nasty», de «méchants», de «pas gentils». «Nasty boy» par-ci, «nasty girl» par-là… Les imitateurs adorent. Mardi midi aux Etats-Unis, hier soir en Europe, CNN a sorti une information «very nasty».

Selon la chaîne d’info américaine citant un rapport du Defense Intelligence Agency (DIA), l'organe de renseignement du Pentagone, les dommages causés par les bombardiers B-2 sur les installations nucléaires iraniennes sont bien moindres qu'annoncés sur un air triomphant par le président Trump. Les stocks d'uranium enrichi de l'Iran n'ont pas été détruits, mais auraient été déplacés peu avant les frappes vers des sites secrets. Les centrifugeuses enfouies dans la montagne à Fordo seraient en grande partie «intactes», les bombes perforantes n’ayant fait qu’obstruer les accès y menant.

La vérité de Donald Trump

Assiste-t-on à une guerre d’intox? Donald Trump se rend-il coupable d’un «mensonge d’Etat», pour employer un grand mot? Et si Mister MAGA était tout simplement fidèle à lui-même? Calé dans sa vérité, celle qu’il veut qu’on entende et qu’il oppose, CNN et ses révélations n’y échappent pas, aux «fakes news», une accusation renvoyée tel un stigmate aux médias qui lui ont tant reproché d’en répandre.

Cette passe d’armes médiatico-politique pose la question non pas tant des faits, que l'opinion publique n'est pas nécessairement destinée à connaître dans tous leurs détails, que du sens de ce qu'il s’est passé dans la nuit de samedi à dimanche dans le ciel iranien. Si les faits sont uniques, leur sens peut être pluriel.

Pour Donald Trump l’impatient, tout doit aller très vite, à commencer par la guerre, qui perturbe les affaires. La paix devait être faite en trois semaines puis en cent jours entre la Russie et l’Ukraine. On attend toujours. Au Proche-Orient, le silence des armes, suivi de la reconstruction de Gaza en paradis pour investisseurs, devait intervenir dans les plus brefs délais. C’est l’horreur au quotidien dans l’enclave palestinienne. Avec les bombardements sur l’Iran, Trump pensait peut-être obtenir un résultat de Super Bowl n’offrant aucune place à la contestation. C’est raté.

Redevable à la base MAGA

C’est pourquoi, dans une Amérique où la notion de vérité, associée à la croyance, demeure une question de vie ou de mort politique, il crie la sienne, qui serait donc plus vraie que celle de CNN.

Donald Trump n’oublie pas qu’il s’est fait élire sur la promesse de ne pas engager l'armée sur des terrains de guerre étrangers. En envoyant des B-2 pilonner des sites nucléaires iraniens, il s’est affranchi du contrat. Sa base MAGA ne comprendrait pas qu’il persiste dans cette voie. D’où sa version «optimiste» du tout est rentré dans l’ordre.

Du miel pour Téhéran

Mais en Iran, le régime, certes affaibli militairement, reste debout politiquement, du moins pour l’heure, et c’est tout ce qui compte aux yeux du pouvoir islamiste. Il doit se pourlécher des révélations de CNN, qui nourrissent son narratif du «même pas touché». La «Pax Trumpa» pourrait se révéler affreusement douloureuse pour les opposants iraniens de l’intérieur qui, à compter du début des bombardements israéliens sur l’Iran, le 12 juin, ont pensé qu’un changement de régime était possible. La répression, qui a commencé, pourrait être lente et terrible.

Hypocrite, vaguement munichois

Dans toute cette affaire, ni Gaza, ni le Liban, ni la Syrie, pas même Israël n’étaient l’enjeu. L’enjeu, c’était la population iranienne. Alors, oui, la chute des mollahs – qui viendra peut-être – aurait pu accoucher d'un chaos infernal. Mais invoquer le «droit international» pour dénoncer l'«illégalité» des bombardements israéliens sur les sites stratégiques iraniens, avait quelque chose d’hypocrite, de vaguement munichois, en référence aux accords de Munich de 1938 censés calmer les ardeurs nazies, au regard des rapports de force et des aspirations iraniennes après 46 ans de théocratie.

-Un torrent dévale les rues de Bello, en Colombie
Video: watson
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