Alors que le rejeton est derrière les barreaux et prépare son procès du 2 octobre, voici que les parents suivent dans la dégringolade. Les avocats qui défendent les intérêts de la société FTX leur réclament des millions de dollars.
Ils font désormais l'objet d'une plainte déposée par les gestionnaires de l'entreprise en faillite, «pour récupérer des millions de dollars de fonds transférés frauduleusement et détournés», indique la plainte rendue publique lundi.
La missive rappelle le rôle (dans l'ombre) des parents, Joseph Bankman et Barbara Fried, deux professeurs de droit à Stanford, qui ont profité des fonds de l'entreprise de leur fils milliardaire, sous la forme de cadeaux et de dons à des causes spécifiques.
Le faste et la maille ne préoccupaient pas tant la tribu Bankman-Fried. Barbara et Joseph se sont rencontrés dans les années 1980 à l’Université de Stanford et ont mené une carrière remarquable au sein de l'Université.
Et le môme se dirigeait vers une carrière pareillement exemplaire. Sauf que la justice a frappé. Les deux parents sont apparus désemparés face à la déferlante judiciaire qu'essuie leur fils. Ils ont martelé n'avoir joué aucun rôle dans la gestion de la boîte du petit génie de la crypto, mais d'autres personnes au sein de la société ont un tout autre son de cloche. Dans un portrait fascinant de Bloomberg, des documents juridiques décrivaient le fonctionnement et l'implication des parents à l'interne. Selon les différents témoignages récoltés par le média américain, ils ont joué un rôle crucial à plusieurs égards, comme lors de levées de fonds ou du déménagement de l'entreprise de Hong Kong aux Bahamas.
A la question de savoir pourquoi FTX - et son patron qui semblait immature pour diriger une telle structure - a pu lever près de 150 millions de dollars auprès de Sequoia Capital, deux éléments de réponses sont érigés:
Comme le souligne Bloomberg, les investisseurs de la Silicon Valley privilégient les start-up dirigées par «des hommes blancs, souvent issus d’un petit groupe d’universités d’élite, tout en évitant quiconque s’écartant de leur perception superficielle de ce à quoi un fondateur à succès devrait ressembler».
Sam Bankman-Fried ne faisait, selon différents employés, rien sans les conseils quasi divins du paternel; il devait «appeler Joe» avant d'enclencher la moindre opération. Le père jouait le rôle d'intermédiaire au sein de la boîte. D'autres disaient que SBF n'était guère à l'aise en relation humaine; il versait parfois dans la cruauté avec ses collaborateurs. A contrario, le père arrondissait les angles et usait de ses facultés relationnelles. En résumé, il remplissait également un rôle de médiateur.
Si la mère, Barbara Fried, paraissait plus effacée entre les murs de FTX, elle officiait en sous-main. La juriste et professeur émérite est une intellectuelle réputée pour ses travaux en philosophie (adepte du mouvement du conséquentialisme) et jouait de son influence pour favoriser les affaires de son fils. Elle a co-fondé un comité d'action politique appelé «Mind the Gap». Cette association a par ailleurs été décrite par le site Vox, comme «le groupe de donateurs secret de la Silicon Valley» en janvier 2020, conseillant des pontes tels que l'ancien PDG de Google Eric Schmidt ou encore le co-fondateur de LinkedIn, Reid Hoffman.
Il n’est pas exagéré de penser que Sam Bankman-Fried aurait utilisé les brillantes carrières universitaires de ses géniteurs. Une manière, pour la star déchue de la crypto, d'avancer avec un talisman, dans la jungle des affaires.
Le crypto-milliardaire s'est toujours présenté comme un entrepreneur humble, au volant de sa Toyota Corolla, versant ses gains à des œuvres caritatives et refusant de céder à l'opulence en s'achetant des yachts.
Le nerd par excellence, en apparence. Sauf que SBF vivait la grande vie: il possédait un appartement luxueux d'une valeur de 30 millions et voyageait volontiers en jet privé avec ses acolytes. Et l'ex-boss de FTX arrosait volontiers ses parents.
Considéré comme le cerveau de l'une des plus grandes fraudes des Etats-Unis, Sam Bankman-Fried entraîne dans sa chute ses parents, dans un feuilleton judiciaire retentissant. Le fils, actuellement incarcéré à la prison de Brooklyn, est dans l'attente de son procès, visé par 8 chefs d'accusation et risquant jusqu'à 115 années de prison.
Du côté des parents, Allan Bankman et Barbara Fried sont soupçonnés d'avoir usé de leurs différents ressorts, non pas pour aider la plateforme et la rendre plus solide, mais pour la piller afin de s'enrichir eux-mêmes. Le patronyme Bankman s'est mué en «Bankroute».