Un étrange scandale sexuel secoue le Danemark
Une affaire d'espionnage assez folle secoue le Dannemark depuis quelque temps déjà.
Le scandale, qui semble tout droit sorti d'un roman, porte non seulement sur une écoute téléphonique géante des Etats-Unis contre des dirigeants européens, mais aussi sur l'espionnage par Copenhague de son propre chef des services secrets. Aujourd'hui, l'histoire prend une énième tournure bizarre et stupéfie le pays tout entier.
Des accusations rocambolesques
L'ancien chef des services secrets danois (le FE) est accusé d'avoir volé des vélos de luxe dans les gares de la capitale pour impressionner sa petite amie. En contrepartie, elle aurait accepté des jeux sexuels sadomasochistes dans une maison de vacances.
Mais Lars Findsen se défend: il a intenté un procès en dommages-intérêts contre le ministère de la Justice pour atteinte à sa réputation. Il dénonce une tentative de le discréditer avec des «histoires de voleur» pour lesquelles il n'a jamais été inculpé. Conséquence du procès en cours: le Danemark parle non seulement de la vie sexuelle de l'ancien haut fonctionnaire, mais aussi des coulisses des services secrets. Des informations qui n'auraient pas dû être divulguées.
Ecoutes américaines avec des complices danois
Tout a commencé il y a quelques années. Findsen est arrêté en 2022 pour haute trahison, un motif non révélé dans un premier temps. Le juriste aujourd'hui âgé de 61 ans aurait révélé des secrets d'Etat à plusieurs connaissances et journalistes, à savoir que Copenhague avait aidé Washington à écouter les conversations privées de dirigeants européens, dont Angela Merkel.
Les faits appartenaient à l'affaire NSA révélée par Edward Snowden. Ils concernent la surveillance de masse des services secrets américains à l'échelle de la planète. Leurs écoutes téléphoniques visaient des politiciens du monde entier: l'actuel président allemand Frank-Walter Steinmeier, l'ancien ministre des Finances Peer Steinbrück ainsi que des personnalités de premier plan en France, en Suède et en Norvège en ont fait les frais.
Le Danemark avait soutenu les Etats-Unis dans ces activités illégales en permettant à ses collaborateurs de mettre sur écoute des câbles de communication sous-marins dans un petit centre situé au sud de Copenhague. Les partenaires américains ont ainsi pu accéder aux données des téléphones portables et des e-mails des hommes politiques.
Une coopération qui questionne encore
A ce jour, on ignore toujours l'ampleur de l'implication du gouvernement danois. Le dossier reste soumis au secret le plus strict et n'a été rendu public que grâce aux recherches des journalistes, qui ont très probablement recueilli des informations grâce à Lars Findsen.
Dans les services secrets, la coopération avec Washington a clairement suscité des doutes et des critiques, car elle incluait la collecte de données sur des citoyens et des autorités danois, notamment le ministère des Finances. Or, cela est interdit par la loi. Une commission d'enquête a toutefois certifié en 2021 que le FE n'avait rien fait d'illégal.
Des mois de surveillance et un résultat surprenant
L'accusation de haute trahison a finalement été abandonnée. Reste à s'intéresser aux conséquences directes: soupçonné, Lars Findsen a été suivi pendant des mois par l'autre service de renseignement, le Politiets Efterretningstjeneste (PET). Grâce à des micros cachés dans son appartement, le PET a non seulement scruté ses contacts avec les journalistes, mais aussi toute sa vie privée.
On considérait qu'il pouvait faire l'objet d'un chantage et qu'il représentait un risque sécuritaire. Car les agents avaient découvert que le chef des services secrets volait des vélos, envoyait des SMS avec le mot «cannabis» et avait des préférences sexuelles inhabituelles. Le PET et le ministère de la Justice ont transmis ces données aux présidents des principaux partis nationaux lors d'une réunion confidentielle, avec un «niveau de détail choquant», a rappelé mardi devant le tribunal le chef des populistes de droite.
Les médias ont rapidement relayé certaines descriptions. Dans sa plainte, Lars Findsen reproche au ministère de la Justice et au PET d'avoir divulgué largement, sans nécessité et de manière «malhonnête et indécente» des éléments très privés. Ces éléments auraient livré une fausse image de lui: le fait qu'il ait «pris des vélos abandonnés» n'aurait aucun rapport avec sa vie sexuelle. Il réclame donc à l'Etat une réparation «symbolique» d'un montant équivalent à 6180 francs suisses.
(Traduit et adapté par Valentine Zenker)
