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Qui osera partager la Maison-Blanche avec Donald Trump?

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images: getty, montage: watson

Qui osera partager la Maison-Blanche avec Donald Trump?

Va-t-il choisir un fou, une ennemie ou une amoureuse transie comme vice-président? Alors que le principal intéressé fait mine de se ficher éperdument de son colistier, la liste des papables s'allonge. Et ça dit beaucoup de la santé du parti républicain.
04.12.2023, 16:5904.12.2023, 18:24
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Treize semaines, c'est peu. Le 15 janvier prochain, le caucus de l'Iowa dégoupillera officiellement la sélection du candidat républicain pour la présidence américaine. Dans l'histoire, jamais un lièvre n'a pu, à ce stade du processus, bénéficier de l'avance détenue actuellement par Donald Trump dans les sondages. C'est sans doute l'une des raisons qui font naître un débat précoce et animé sur l'identité de son vice-président potentiel. Trump, lui, joue la montre et s'amuse régulièrement avec cette question, en semant autant le doute que des indices.

«J'aime le concept que cela puisse être une femme, mais nous allons choisir la meilleure personne»
Donald Trump, en septembre, sur NBC

Une chose est sure, maintenant que son malheureux ex-vice-président s'est officiellement retiré de la course à la Maison-Blanche, on voit mal le milliardaire s'auto-flageller en rappelant «le traître» Mike Pence pour rempiler. Mais la question la plus sensible se cache bien sûr dans le profil lourdement judiciaire du meilleur espoir républicain et sa volonté affichée de durcir son futur éventuel mandat.

Les observateurs vont d'ailleurs même jusqu'à redouter qu'il transforme la plus grande puissance mondiale en dictature, notamment pour ne pas avoir à quitter le Bureau ovale en 2028.

Cette question de la vice-présidence n'a donc jamais été aussi stratégique. D'ordinaire considérée comme un vulgaire placard politique, elle nourrit des paris qui font déjà rage au sein du Grand Old Party et dans la presse américaine. Comme s'il voulait acter la victoire du gourou MAGA, Kevin McCarthy a déjà insufflé ses propres conseils. Pour l'ancien speaker de la Chambre des représentants, c'est Nikki Haley qui devrait se voir offrir le job. Ironie du sort, l'ex-ambassadrice à l'ONU est aujourd'hui sa challenger la plus robuste et vient de recevoir le soutien bruyant, massif et massif des milliardaires républicains anti-Trump.

Une tactique qui n'a pourtant rien d'un suicide idéologique. Si Trump parvient à faire chambre commune avec l'une de ses fervents ennemis, il pourra sans doute compter sur un vivier d'électeurs qui va bien au-delà de son influence initiale. Et combler, ainsi, quelques-unes de ses plus grandes faiblesses.

Evidemment, pour le moment, Nikki Haley n'a d'yeux que pour sa popularité grandissante en tant que candidate, plutôt que sur une médaille de consolation. Qui plus est aux côtés d'un type qui n'arrête pas de la traiter de «cervelle d'oiseau». Et puis, on le sait, même dans les open-spaces, le patron évite soigneusement de nommer des sous-fifres prêts à tuer pour son fauteuil.

Mais alors qui? Connaissant l'amour que porte Trump à une loyauté quasi sectaire, on pourrait penser que Marjorie Taylor Greene représente la parfaite copilote. La tapageuse extrémiste et représentante de l'Etat de Géorgie semble ne jamais avoir suffisamment d'heures dans une journée pour déclarer sa flamme à daddy, que ce soit dans des tweets, des bouquins ou des micros.

Comme le rappelle le média The Hill, elle s'est déjà maintes fois déclarée archivolontaire pour le poste. C'est d'ailleurs la seule républicaine à hurler aussi fort son soutien indéfectible au multiaccusé de Mar-a-Lago, allant jusqu'à le laver régulièrement de tout soupçon, notamment dans l'assaut du Capitole. Mais la limite entre une digne loyauté et des séances de léchage de bottes incessants est très fine. Pas sûr que Donald Trump se sente grandi par la présence d'une groupie, considérée loin à la ronde comme une théoricienne du complot très inconsistante.

Et le meilleur espoir est...

Le sénateur (et récent jeteur d'éponge dans la course à la présidentielle) Tim Scott. Les ultraconservateurs qui considèrent les minorités sont rares. Comme le rappellent la plupart des médias américains ces dernières semaines, il a pas mal d'avantages à son ceinturon. Seul républicain noir au Sénat, il sait mieux que personne collecter des fonds chez les républicains.

Le New York Times en est certain, «sa foi pourrait contribuer à apaiser les inquiétudes des évangéliques à l’égard de Trump». En mai dernier, nous disions d'ailleurs qu'il était sans doute la meilleure arme de Trump pour envisager sereinement sa réélection.

Problème, son slogan «Faith in America» sonne creux pour certains, arguant que ses engagements lui servent constamment de façade électorale. Il est en revanche largement respecté dans le banneton républicain de la Chambre. Et, même s'il ne faut jamais écouter l'avis des papables, Tim Scott s'est montré très clair au moment d'abandonner la course à la Maison-Blanche, mi-novembre:

«Être vice-président n'a jamais été sur ma liste de choses à faire pour cette campagne, et ce n'est certainement pas le cas maintenant»
Tim Scott

Et l'enfant terrible, alors?

Il n'a même pas quarante piges et compte encore remporter la Maison-Blanche. Vivek Ramaswamy, entrepreneur et «nationaliste sans vergogne», fut le seul à défendre et défier Trump avec la même énergie: «Donald Trump est le meilleur président du 21ᵉ siècle!» Soit.

Mais bingo. Comme nous vous le racontions en septembre, Vivek a très vite tapé dans l'oeil de son mentor: «C'est une personne très, très, très intelligente. Il a une bonne énergie, et il pourrait être quelque chose. Je vous le dis, je pense qu'il serait très bon», clamait Trump, avec un ton suffisamment condescendant pour qu'on puisse difficilement juger de sa sincérité.

Le hic? Des melons incompatibles:

«Je pense que le président Trump et moi partageons ce point commun: aucun de nous ne réussirait bien dans une position de numéro deux»
Vivek Ramaswamy

Même si sa cote de popularité a bondi en quelques mois, grâce surtout à son agilité sur les réseaux sociaux et son éloquence une fois dans l'arène des débats, l'extrémiste de la tech n'a rigoureusement aucune expérience en politique. Bien sûr, c'est loin d'effrayer un Donald projeté d'un seul coup de catapulte depuis la Trump Tower jusque dans le Bureau ovale, en 2016. Hélas pour Vivek, le milliardaire n'a, pour l'heure, aucun intérêt à embrigader un mini-lui pour retrouver le chemin de Washington.

A quelques encablures de l'année électorale, force est de constater que cette vice-présidence fait fantasmer les esprits républicains. Le Grand Old Party, manifestement soucieux de limiter la casse, commence à assurer ses arrières en gainant du mieux qu'il peut la terrifiante ascension du candidat MAGA. La question est étrange, mais de plus en plus prégnante: un parti peut-il parier sur son avenir en n'ayant que la carte du copilote d’un multiaccusé à brandir? Ce débat est, une nouvelle fois, très bon pour la campagne de Donald Trump.

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