Donald Trump manie la symbolique politique comme personne. Lors de la tentative d'assassinat qui l'a visé le 13 juillet dernier, il a compris en quelques secondes la puissance de ce moment. Comme pour y répondre, il a immédiatement levé le poing et la foule a scandé:
Les photos de l'ex-président américain, ensanglanté, mais déterminé, resteront dans les livres d'histoire.
Après cet événement, l'élection à la Maison-Blanche semblait pratiquement jouée. Que pouvait encore un Joe Biden affaibli face à son adversaire qui, même après une tentative d'assassinat, débordait de vitalité et de combativité? Mais c'était sans compter sur Kamala Harris. Depuis qu'elle a confirmé son entrée dans la course, la donne a radicalement changé. Selon les derniers sondages, la candidate démocrate talonne le milliardaire républicain. La course jusqu'en novembre s'annonce serrée.
Alors que Kamal Harris et son camp cherchent encore comment étouffer l'agitation que suscite Trump et les attaques contre la démocratie, les investisseurs ont déjà une solution: ils trouveront leur salut dans l'or. Si l'ancien président devait gouverner le pays le plus puissant du monde lors d'un nouveau mandat, ils comptent sur le métal précieux pour leur sauver la mise.
L'agence Bloomberg a analysé les estimations de 480 experts. Deux tiers des interrogés recommandent en effet de préférer l'or pour contourner les impondérables d'une présidence républicaine.
Le négociant Heraeus, actif au niveau international, s'attend lui aussi à ce que Donald Trump continue à faire grimper le prix de l'or. Dans une récente évaluation de la situation, il l'a qualifiée de «scénario haussier», expliquant que les prix allaient augmenter. C'est remarquable dans la mesure où, historiquement, l'élection présidentielle en soi n'a pratiquement jamais eu d'influence directe sur le cours de cette matière première. Il pourrait en être autrement en 2024, et ce pour plusieurs raisons.
Les «Trumponomics» feront grimper les prix. Dans une lettre ouverte, seize prix Nobel d'économie ont récemment mis en garde contre le programme économique du candidat. Car celui-ci consiste principalement en des taxes douanières et des réductions d'impôts. Il souhaite par exemple introduire des droits de douane à l'importation de 10% sur une large série de biens afin d'isoler l'économie américaine. Des pénalités plus élevées encore devraient même frapper les marchandises chinoises. En règle générale, les droits de douane font grimper le prix final d'un produit, car le fabricant et l'importateur les répercutent sur la clientèle.
Le républicain veut également faire pression sur le marché intérieur. Il souhaite abaisser les taux directeurs élevés avec lesquels la banque centrale - indépendante - lutte contre l'inflation galopante. Selon lui, ils constituent un désavantage pour l'économie du pays.
Autre promesse électorale: l'expulsion massive d'immigrés clandestins. Ceux-ci acceptent souvent des emplois faiblement rémunérés. La pénurie de main-d'œuvre s'y aggraverait alors sérieusement - ce qui ferait grimper les salaires.
Alors que de telles ambitions menacent d'augmenter les prix et de réduire le pouvoir d'achat, l'or propose aux investisseurs un refuge des plus stables.
Un rejet partagé par son vice-président désigné dans la course aux urnes. J. D. Vance est originaire de l'Ohio, un état industriel économiquement isolé. Il cherche lui aussi à affaiblir le dollar en tant que monnaie de référence. De quoi stimuler les exportations. Si les deux hommes parvenaient effectivement à dévaluer davantage la monnaie, cela impacterait probablement directement le prix de l'or. Le précieux métal réagit en effet d'habitude bien à une dépréciation du dollar.
On présente souvent l'or comme une valeur refuge. Les investisseurs se tournent vers lui lorsque les guerres et les crises assombrissent les perspectives politiques et économiques. Cela s'est encore confirmé en octobre dernier, quand les terroristes du Hamas ont attaqué Israël. Le prix de l'or a grimpé en flèche et a frôlé son plus haut niveau jamais atteint.
Depuis, la hausse s'est poursuivie. Dans un contexte mondial extrêmement tendu, l'or n'a jamais été aussi convoité. Selon les derniers chiffres du World Gold Council, la demande mondiale a augmenté de 4% au deuxième trimestre pour atteindre 1258 tonnes. Il s'agit du «trimestre le plus fort» depuis la mise sur pied de cette enquête, indique le rapport.
Cette évolution devrait se poursuivre si Donald Trump accède à la Maison-Blanche. Car lui et son vice-président ne feront aucun effort pour atténuer les tensions géopolitiques. Bien au contraire: le milliardaire a affirmé pouvoir mettre fin à la guerre en Ukraine «en 24 heures». Son intention: pousser Kiev à céder des territoires à son adversaire. De son côté, le vice-président J.D. Vance ne veut même pas entendre parler de la question. Il a déclaré un jour qu'il «ne s'intéressait absolument pas» à ce qui se passait en Ukraine.
(Adaptation française: Valentine Zenker)