Peter Thiel, le faiseur de rois de la tech, infuse ses idées dans l'esprit du vice-président américain JD Vance. Le colistier de Trump est un apôtre de Thiel. Il disait même que cette rencontre était «le moment le plus significatif de sa vie».
C'est bien le cofondateur de PayPal qui a embauché JD Vance à la Silicon Valley, c'est lui qui lui a offert un aller simple vers la fortune. C'est aussi lui qui lui a inculqué une vision libertarienne du monde.
Avant de croiser le chemin de son futur capitaine de route pour la Maison-Blanche, JD Vance s'est battu pour son pays en Irak. Il revient ensuite compléter un cursus universitaire dans son patelin de l'Ohio, avant d'atterrir à Yale pour étudier le droit. C'est là qu'il découvre les discours de Thiel et la philosophie de René Girard, professeur renommé à l'université de Stanford, décédé en 2015.
Ce Français est le théoricien de la violence en société. Pour simplifier sa pensée: nos propres désirs sont calqués sur les désirs des autres. C'est cette analyse des notions de violence et de désir que JD Vance applique au contexte américain.
Si bien que Vance s'est vu attribuer l'appellation d'«Honorary Frenchman» par le magazine britannique The Economist, pour son faible pour René Girard, mais également pour le Général de Gaulle. Face aux idées des deux Français, il s'interroge sur ses choix de vie, évalue les effets de ce changement sur sa façon d’être et ses relations avec les autres.
Le problème? Vance ou Thiel n'ont en réalité retenu qu'un pan de la réflexion de Girard, comme le souligne le journaliste Guillaume Erner sur France Culture:
Mais la pensée de l'intellectuel français est plus profonde que ça, selon ses plus fervents. JD Vance néglige un point important de la réflexion: le mécanisme victimaire. Pour résoudre leurs conflits, les sociétés archaïques ont recours à un bouc émissaire: elles accusent une victime innocente d’être responsable des troubles et l'éliminent rituellement, restaurant ainsi l'ordre.
Cette notion est centrale pour la société et c'est justement ce qui échappe à JD Vance qui a une vision du pouvoir brutale et dénuée de compassion.
Pour citer un exemple de manque total de compassion: la mascarade dans le Bureau ovale le 28 février dernier, lorsque Trump et JD Vance traînent dans la boue Volodymyr Zelensky, accusé d'avoir déclenché cette guerre et sommé de remercier les Etats-Unis (pour l'aide) par-dessus le marché. Pour la compassion, on repassera.
Dans la tête du vice-président américain, outre la guerre en Ukraine, il combat le principal bouc émissaire: l’élite libérale de gauche qui méprise les conservateurs, qu'elle considère comme inférieurs, car moins éduqués
Il convient également de rappeler un autre aspect qui motive Vance à épouser la pensée de Girard: le Français était un anthropologue catholique. Pour rappel, Vance s'est tourné vers le catholicisme en 2019, ayant grandi dans une famille protestante évangélique fervente.
Ce choix découle d'un sentiment de ne trouver aucune issue entre une droite qui lui semble cruelle, car insensible à certaines situations de pauvreté, et une gauche, certes empreintes de compassion, mais dépourvue d'aiguillon intellectuel ou spirituel, renseigne la revue Telos.
Les vertus catholiques résonnent dans l'esprit de JD Vance, fortement. Et cette manière de voir le monde le guide dans sa quête (spirituelle) à la Maison-Blanche.
Dans son essai publié en avril 2020 dans la revue catholique The Lamp, JD Vance disait:
Cette dimension catholique constitue le socle de la mission politique (et présidentielle?) de Vance. Il promène sa foi doublée d'un ultraconservatisme, avec pour objectif de (re)structurer une Amérique blanche, tout en portant également une vision nataliste observée notamment dans la Hongrie de Viktor Orbán.