Pas simple la vie d'un trumpiste en ce moment. Alors que le vice-président potentiel de Donald Trump est dans la sauce pour d'anciennes déclarations controversées, Kamala Harris semble flotter crânement au-dessus des orages. D'autant que, depuis quelques jours, les démocrates ont trouvé une astuce imparable pour faire enrager les partisans de Donald Trump.
Un seul mot qui résonne comme une arme: «Weird». Oui, il a suffi qu'une grosse vague de soutiens à la vice-présidente se mette à juger leurs adversaires «bizarres», pour que ces derniers perdent littéralement leurs moyens.
“Stop calling us weird.” pic.twitter.com/AG2WWPx3hO
— Ben Yahr (@benyahr) July 29, 2024
Pour une fois, la vanne n'est pas née sur les réseaux sociaux, mais de la bouche du vénérable Tim Walz. La semaine dernière, et sur trois chaînes différentes, le gouverneur démocrate du Minnesota s'est amusé à balancer en direct qu'il y a des «gens bizarres en face».
Ce tacle, pourtant spontané, et très trumpien, sera immédiatement adopté par le clan démocrate. Donald Trump? «Weird». Son colistier J.D. Vance? «Weird». Les trublions MAGA? «Weird». Un raz de marée qui a manifestement vexé la partie adverse. Pris en quelque sorte à leur propre jeu, voilà les provocateurs de droite réduits à renvoyer la même balle à l'envoyeur.
“JD Vance is weird” pic.twitter.com/5OnmnxdHnH
— Joe Biden 🍥 ᴾᵃʳᵒᵈʸ (@SleepyOldJoe) July 29, 2024
Depuis l'abandon de Joe Biden, il y a bientôt une semaine, force est de constater que la candidature démocrate à la Maison-Blanche dévoile une énergie et une détermination inexistante jusqu'ici. Avec une équipe agressive et réactive sur les réseaux sociaux, une certaine fraîcheur s'empare également des podiums, avec une Kamala Harris qui semble prête à en découdre en meeting.
Objectif affiché: atténuer la puissance de frappe de Donald Trump, qui monopolisait l'espace médiatique et semait la terreur jusqu'à la tentative d'assassinat dont il a été victime en Pennsylvanie. Si, sur le ring de la punchline, le rapport de force semble avoir changé (en tout cas au niveau de la communication), la campagne démocrate ne manque pas d'idées ces derniers jours.
Alors que les commentateurs américains et certaines huiles du parti redoutent le progressisme notoire de Kamala Harris, de nouveaux soutiens déboulent pour tenter de casser cette image d'une candidate d'extrême gauche. Et, là encore, les conservateurs en prennent pour leur grade. Quelques jours après une puissante réunion Zoom baptisée «Black Women for Harris», qui a aimanté plus de 40 000 citoyennes et rapporté plus d'un million de dollars en promesses de dons, un nouveau groupe remue actuellement l'actualité de cette campagne.
Si bien que le 29 juillet au soir, ils étaient plus de 80 000 hommes à rejoindre, eux aussi, une conférence Zoom, dans le but de récolter des fonds et de démontrer que Donald Trump n'est pas le gourou autoproclamé du mâle blanc américain. Avec une grande salve d'ironie sur les lèvres, l'acteur de la série The West Wing, Bradley Whitford, a ouvert l'assemblée virtuelle par un tonitruant «Mais quelle diversité de blancs nous avons là! C'est comme un arc-en-ciel».
Parmi les intervenants, le New York Times a noté la présence du secrétaire aux Transports Pete Buttigieg, du VP potentiel Tim Walz, du comédien Mark Hamill (oui, oui, Luke Skywalker) et de la star Joseph Gordon-Levitt.
La vague fut d'une ampleur telle que, mercredi, le groupe avait déjà récolté quatre millions de dollars et que la discussion s'est largement poursuivie sur WhatsApp. En parallèle, un compte X commençait peu à peu à enfler, avant qu'il ne soit brutalement suspendu.
Pour les sympathisants démocrates, le doute n'est pas permis: Elon Musk, désormais en campagne pour Donald Trump, a censuré volontairement cet élan de soutien. L'un des fondateurs du mouvement «White Dudes for Harris» s'était d'ailleurs lâché sur son compte personnel.
Mais que vient faire le fils de Donald Trump dans cette histoire? A l'instar de la tendance «weird» qui s'écrase actuellement sur le camp trumpiste, «White Dudes for Harris» a, lui aussi, le dont de le rendre dingue. Envoyé au front pour faire élire son père en novembre, Don Jr. n'en rate donc pas une lorsqu'il s'agit de défendre les siens. Jusqu'au... ridicule. Partageant une publication du compte officiel de la campagne de Kamala Harris, il s'est moqué du profil de ses sympathisants blancs et masculins.
They should give it a more fitting name like:
— Donald Trump Jr. (@DonaldJTrumpJr) July 29, 2024
Cucks for Kamala https://t.co/03IRjWNiUC
En anglais dans le texte, «cuck» est l'abréviation du mot «cuckhold», qui veut dire cocu. Et sa version raccourcie est aujourd'hui utilisée par les masculinistes et l'extrême droite américaine pour désigner un homme «faible» et «soumis». Une attaque qui, surprise, a fait un flop retentissant – les répliques des trumpistes n'ayant dévoilé que le machisme notoire qui grouille autour du candidat populiste.
Une constatation s'impose un peu plus d'une semaine après l'abandon du président: si Joe Biden n'est jamais parvenu à inverser les attaques de Donald Trump à son endroit, Kamala Harris et son équipe parviennent à marcher sur les plates-bandes des républicains avec une étonnante efficacité.
Pour l'instant?