Après Joe Biden à la commémoration du D-Day en France, c'est au tour de Donald Trump de subir un torrent de moqueries du camp adverse. Dimanche, dans le Nevada, alors que ses militants tombaient comme des mouches en raison d'une vague de chaleur inhumaine, le candidat républicain a vu son prompteur rendre l'âme, le forçant à sortir du scénario.
Une fois qu'il avait terminé d'insulter l'entreprise chargée d'organiser sa bamboche, le milliardaire s'est donc lancé dans une longue parenthèse improvisée. L'un de ses dadas préférés une fois sur une estrade. Alors qu'en temps normal, il profite de ses incontinences verbales pour piétiner le président des Etats-Unis, dimanche, la foule en nage a eu droit à un conte qu'on dirait tiré du catalogue de La Fontaine: le bateau électrique et le requin. On vous met ici le début de son poème horrifique:
Vous n'avez rien pigé? Vous n'êtes pas les seuls. Sur les réseaux sociaux, voilà trois jours que la circonspection se marie à ce petit plaisir coupable qui consiste à pouffer de rire, en imaginant que Donald Trump est en train de perdre la boule. Il faut dire que si, à cause de la météo infernale, six de ses fans ont fini à l'hôpital, on peut raisonnablement penser que le septuagénaire a simplement eu un coup de chaud. Oui, ça arrive.
Pour faire court, le candidat républicain raconte ici une anecdote qu'il a prétendument vécue à bord d'un bateau électrique, en compagnie d'un marin qui s'y connaitrait à fond en bateau électrique. L'équation est donc la suivante: si le bateau coule, vaut-il mieux mourir électrocuté par la lourde batterie qui alimente l'embarcation ou croqué par un requin qui menace au loin?
Vous trouvez que ça manque encore de contexte? Absolument. Alors voici deux choses à savoir pour mieux comprendre le délire dans lequel il plonge l'opinion publique depuis trois jours: non seulement sa tirade s'inclut dans un combat que Trump mène contre les énergies renouvelables et les véhicules électriques, qu'il déteste, mais elle (re)met en lumière l'une de ses plus grandes (et réelles) phobies documentées: les requins.
Et c'est plutôt cocasse pour celui qui passe son temps dans son manoir de Mar-a-Lago en... Floride. D'ailleurs, il ne s'est pas retenu de rappeler, dimanche au Nevada, qu'il y a «encore beaucoup d'accidents avec les requins, vous savez».
Ce n'est d'ailleurs pas la première fois que Donald Trump raconte son histoire de bateau électrique et de requin. Dans l'Iowa en octobre 2023, toujours en plein meeting, il avait déjà choisi l'électrocution. A l'époque, les médias américains avaient dû rappeler qu'il n'y a pas que les embarcations électriques qui font risquer la mort par électrocution à ses occupants. Les bateaux à moteur garnissent, eux aussi, les statistiques, «souvent à cause d’un câblage et d’un équipement défectueux», selon la Boat Owners Association.
Slurring his words, Trump starts riffing about how he would rather be electrocuted to death than be eaten by a shark. pic.twitter.com/yqPrxWRzN3
— Ron Filipkowski (@RonFilipkowski) October 1, 2023
Donald Trump n'a jamais caché sa peur irrationnelle des requins. Mais cette phobie a traversé les Etats-Unis en 2011, au détour d'une interview de Stormy Daniels avec le magazine In Touch Weekly. Alors qu'elle vient de permettre à la justice de condamner Trump au pénal pour avoir falsifié des documents afin de cacher un paiement censé acheter son silence, la pornstar a dévoilé la relation étrange que le milliardaire entretient avec cette terrifiante bestiole des océans.
Alors qu'il a toujours refusé de confirmer sa relation avec Stormy Daniels, Trump lui-même rappela en 2020 cette anecdote en réponse à un journaliste:
C'est en 2007 que Trump aurait évoqué les requins avec Stormy Daniels. Alors qu'il regardait d'un œil un documentaire de Shark Week, une semaine spéciale requin goupillé chaque année par Discovery Channel, sa phobie lui est remontée à la gorge. Détail cocasse, la prochaine Shark Week a lieu début juillet, au moment où la justice américaine est censée annoncer la peine de Donald Trump. De là à affirmer que les juges sont tous des requins, c'est un pas que nous ne ferons pas.