C'est l'unique vestige d'une idée qui aurait rendu fier service aux touristes venus d'Europe (et d'ailleurs) en vadrouille sur les routes des Etats-Unis: celle de convertir le pays de l'Oncle Sam au système métrique. Une proposition mise sur la table dans les années 70, avant d'être finalement abandonnée par le président Ronald Reagan.
Cinquante ans plus tard, l'I-19 qui relie Tucson, en Arizona, à la frontière avec le Mexique, est la seule et unique autoroute américaine qui mesure intégralement les distances en kilomètres. Mais cette caractéristique unique risque de ne pas durer. Après avoir rebaptisé le «Golf du Mexique» et le «Mont Denali», le président américain pourrait s'attaquer à l'I-19.
Une intuition plus ou moins confirmée par le ministère des Transports américain. «Lorsque vous conduisez aux Etats-Unis, votre système doit être résolument américain, et non calqué sur les systèmes étrangers», a déclaré sa porte-parole Nate Sizemore, au Wall Street Journal. Elle a toutefois refusé de commenter ce qui arriverait à la route sans un ordre spécifique de l'administration Trump.
Une nouvelle forcément bien accueillie par les conservateurs et alliés de Donald Trump. Parmi lesquels... un certain Tucker Carlson. L'ancien présentateur vedette de Fox News voit carrément dans le système métrique un risque pour la sécurité nationale américaine.
Les gens du coin ne l'entendent cependant pas de cette oreille. En 2009 déjà, les commerçants s'étaient opposés à une initiative de l'Etat visant à modifier les panneaux routiers. Les habitants et les visiteurs, tous horizons confondus, estiment que le gouvernement devrait laisser leurs kilomètres tranquilles. «Pourquoi tout ce que l’Amérique possède devrait-il être américain?», s'interroge Joan Schneidmiller, une retraitée en visite dans l'Oregon et qui ne soutient pas Donald Trump, au Wall Street Journal.
Don Sharlow, également retraité et résidant à Tubac (Arizona), affirme pour sa part qu'il s'opposerait à toute proposition visant à passer au système de miles. «A quoi bon?» s'agace ce local, qui qualifie les efforts de son président de mettre l'Amérique en avant, notamment en renommant un golfe, comme «un tas de conneries».
Alors que le passage des kilomètres aux miles fait déjà transpirer les autorités locales, une autre habitante, qui a requis l'anonymat «pour éviter les contraventions», confie au quotidien économique que les panneaux kilométriques lui permettent de rouler à toute vitesse. (Peu importe que les panneaux de limitation de vitesse soient toujours en miles par heure.)
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