A son actif de candidat à la vice-présidence américaine, on trouve un grand fait d’armes et une sévère déculottée. Souvenons-nous d’abord de sa percée populaire au niveau national. C’est lui, Tim Walz, qui est à l’origine de l’impressionnante vague de moqueries du clan MAGA, qui consistaient à considérer tout ce que les trumpistes faisaient comme étant weird (bizarre, en français).
Une petite phrase qui fera mouche auprès de la jeunesse américaine et sur les réseaux sociaux, provocant l’avènement immédiat de ce grand inconnu, mais très apprécié gouverneur du Minnesota. Certains diront que, sans ce buzz tonitruant, il n’aurait jamais été catapulté aux côtés de Kamala Harris, pour la course (express) à la présidence.
Loué pour son côté rassurant et sa dégaine de «daddy de la nation», y compris pour les démocrates les plus conservateurs, Tim Walz s’écroulera quelques mois plus tard, en prime time et face à l’actuel vice-président des Etats-Unis, JD Vance. Plutôt effacé et balbutiant, ce soir-là, il se prendra les pieds dans ses propres propos en prononçant l’imprononçable:
Une bourde verbale qui lui sera quasi fatale et que Kamala Harris trimballera quelques longs jours dans son paquetage à casseroles, déjà bien chargé, à quelques encablures de l’élection présidentielle.
Au lendemain de la victoire écrasante de Donald Trump, on imaginait l’excellent gouverneur reprendre fermement les rênes de son Etat et éteindre naturellement les projecteurs nationaux braqués sur sa bouille sympathique et son aventure présidentielle «sans prétention». Pour la plupart des médias américains volontiers de centre gauche, rien ne laissait présager d’un grand futur à Washington pour Tim Walz.
Sa candidature éclair aurait même été «une sorte d'incident historique», affirme le politologue Chris Cillizza, dans le Daily Beast. Ce même Cillizza le taclait d’ailleurs très durement, il y a une grosse semaine, prétendant qu’il souffre désormais du «syndrome du personnage principal», alors que son «niveau n'était pas – et ne sera pas – la politique nationale».
Si ce constat est plutôt très sévère, il y a effectivement une certaine forme de frustration chez Tim Walz à ne pas avoir été mieux utilisé durant la campagne. Du moins, c’est ce que l’on ressent lorsqu’il s’exprime dans les médias: «Nous étions en défense préventive pour ne pas perdre alors que nous n'avions rien à perdre, car je ne pense pas que nous n’ayons jamais été en tête», avait-il déclaré à Politico, début mars.
Et ce n’est pas la seule fois que Tim Walz s’est impliqué dans le débat public. Ce week-end, il est même allé jusqu’à tacler Kamala Harris et sa petite pique vengeresse adressée à l’électorat américain. La semaine dernière, à l’occasion du Leading Women Defined Summit, l’ancienne candidate à la présidence a évoqué les «dégâts» causés par «Donald Trump depuis quelques mois».
Kamala Harris delivers a speech about the current state of the U.S. at the ‘Leading Women Defined’ summit:
— Pop Base (@PopBase) April 4, 2025
“There were many things we knew would happen… I’m not here to say I told you so.” pic.twitter.com/iOACWXtKnb
Sur CNN, appelé à réagir à cette petite phrase, Tim Walz a sous-entendu que la réaction de Kamala Harris n’était pas la bonne, mais «quand je critique, je me critique moi-même. Je fais partie du ticket». Selon lui, «le défi pour les démocrates est de savoir pourquoi, avec tout cela, les électeurs n’ont pas pensé que nous étions meilleurs que cela», en parlant du début de mandat de Trump.
Toujours sur CNN, il avouera, encore une fois à demi-mot, que les démocrates auraient dû réagir plus tôt concernant l’endurance de Joe Biden. C’est bien simple, en ce moment, Tim Walz est partout. Il y a peu, le magazine New Yorker lui avait dédié un grand entretien, titré ainsi: «Tim Walz pourrait se présenter à la présidence en 2028 si vous le lui demandez gentiment». Son éventuelle candidature dans quatre ans? Une réponse plutôt maligne: «Un ami m’a dit: ne refuse jamais un travail qu'on ne t'a pas encore proposé».
Sans jamais mettre le pied dans le plat, Tim Walz veut savoir s’il a les reins suffisamment solides pour donner de la voix au sommet du parti, alors qu’il fait en réalité partie du Minnesota Democratic–Farmer–Labor Party. Questionné par New York Magazine à ce sujet, il avoue que, si «ça ne tenait qu’à» lui, «je pense que nous devrions présenter notre parti comme un parti démocrate-agriculteur-ouvrier».
Bien qu’il n’a toujours pas annoncé vouloir briguer un 3e mandat à la tête du Minnesota l’année prochaine, il critique la bande à Trump et Musk quotidiennement et bat le pavé pour diffuser une certaine bonne parole aux sympathisants démocrates. Montana, Iowa, Nebraska (son lieu de naissance), rien ne lui résiste.
Pour le New York Times, «cette attitude contraste avec le profil relativement bas que M. Walz a gardé dans les premiers mois» après sa défaite aux côtés de Kamala Harris et qui «peut aider un candidat potentiel à sonder l'opinion publique».
A la manière d’un Bernie Sanders, mais avec beaucoup moins d’expérience au niveau national, Tim Walz rêve de redonner une identité claire aux démocrates. Et incarner la solution pour écarter définitivement le danger Trump «avant qu’il ne soit trop tard». Le tout, avant les Miderms de 2026.
Sera-t-il toujours dans les parages? L’avenir nous le dira.