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Donald Trump a commencé à raser la roseraie de la Maison-Blanche

Construction is underway at the White House Rose Garden as U.S. President Donald Trump (not pictured) arrives following a visit to North Carolina, in Washington, D.C., U.S., June 10, 2025. REUTERS/Eve ...
Pendant que les yeux du monde étaient rivés sur la Californie, Donald Trump lançait en parallèle un autre de ses projets contestés dans les jardins de la Maison-Blanche.Image: REUTERS

Trump commet un crime caché à la Maison-Blanche

Alors que le président américain envoyait ce lundi des milliers de marines et de soldats de la Garde nationale sur Los Angeles, un autre de ses grands projets prenait place «discrètement» au cœur de la Maison-Blanche, à grands coups de tractopelles et de bulldozers.
11.06.2025, 20:5311.06.2025, 22:06
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Le projet maléfique couvait depuis plusieurs mois. Suscitant des discussions «presque tous les jours», selon le New York Times en février.

Ce lundi, les pelles mécaniques se mettaient en branle pour accomplir l'une des grandes ambitions du président américain: transformer la roseraie de l'aile ouest, l'un des lieux les plus emblématiques et les plus historiques du bâtiment... en patio façon Mar-a-Lago, son clinquant manoir de Palm Beach.

Le projet

Comme n'importe quel plan du truculent président, Donald Trump n'entend pas y aller de main morte lorsqu'il s'agit de rénover le jardin de la Maison-Blanche. Il y a d'abord les deux mâts de 30 mètres qu'il prévoit de planter sur la propriété.

Deux mâts «magnifiques» et «attendus» de pied ferme depuis «200 ans», comme l'a clamé le président. Un drapeau américain trône déjà au sommet de la Maison-Blanche, certes, mais le terrain ne dispose pas de mâts autoportants, souligne le New York Post.

A crew works in the Rose Garden of the White House for Trump�s projects to pave over the Rose Garden grass area at the White House in Washington, DC., on Tuesday, June 10, 2025. Photo by Ken Cedeno/Po ...
Les travaux en cours, ce 11 juin, à la Maison-Blanche.Image: X07185

C'est surtout la pelouse de la roseraie que Donald Trump compte arracher sans vergogne, pour y installer en lieu et place un revêtement plus dur. Selon son concepteur, il s'agit d'un impératif pratique. En effet, les femmes ont de la peine à marcher sur l'herbe humide en talons hauts, comme il l'a confié à Fox News lors d'une visite en mars dernier.

«L'herbe, c'est tout simplement inefficace»
Donald Trump sur Fox News, en mars

«Nous l'utilisons pour les conférences de presse, mais ça ne fonctionne pas, car les gens tombent dans l'herbe mouillée.» Quel gentleman, ce Trump.

Plus que d'épargner les Louboutin des visiteuses de la Maison-Blanche, il s'agit surtout de recréer l'ambiance de la terrasse de son club privé de Palm Beach et un espace agréable pour recevoir. Lorsqu'il se trouve sur son golf, Donald Trump est connu pour passer des heures sur sa terrasse, où les membres et autres VIP se bousculent à sa table pour lui rendre hommage. Le septuagénaire tient souvent un iPad à la main et se pose comme maître incontesté de la playlist, où il alterne entre Pavarotti et James Brown.

Un lieu d'histoire

La perspective de voir l'herbe arrachée n'a pas manqué de faire hurler au scandale tous les amoureux du patrimoine et autres Stéphane Berne d'Amérique. Vitrine du pouvoir présidentiel depuis des décennies, la roseraie de la Maison-Blanche a été construite sur ce qui était autrefois un jardin de style colonial, créé par la première dame Edith Roosevelt, en 1903.

White House, 1600 Pennsylvania Avenue, Washington, D.C., 1921. House architecture: James Hoban and others, from 1792. Landscape: George Elberton Burnap, planted fall 1913. Charles Henlock, head garden ...
La roseraie de la Maison-Blanche, en 1921. Image: Hulton Archive

C'est en 1913 que la version «actuelle» du jardin a vu le jour, sous l'impulsion de la première dame Ellen Wilson. Près de cinquante ans plus tard, au tour du président JFK de redonner un coup de frais à la roseraie en la transformant en pelouse en 1962, sur une idée de sa femme Jackie.

Sous bonne garde du National Park Service, contrôlé par le ministère de l'Intérieur, qui entretient les terrains, il est resté inchangé jusqu'aux modifications apportées par Melania Trump en 2020 - déjà controversées à l'époque.

Flowers are in full bloom in the White House Rose Garden, Washington, DC, on April 27, 1963. (Photo by Bettmann via Getty Images)
La roseraie, en 1963, après sa rénovation par Jackie Kennedy.Image: Bettmann

Ce n'est pas faute pour de nombreuses familles présidentielles modernes d'avoir laissé son empreinte sur le terrain de la Maison-Blanche - de la piscine extérieure du président Ford, au terrain de basket de Barack Obama, en passant par le jardin potager de sa femme Michelle.

President Barack Obama (R) sits down for a beer with Harvard scholar Henry Louis Gates (2nd L), Cambridge, Massachusetts, police Sergeant James Crowley (2nd R) and Vice President Joe Biden to try to s ...
Barack Obama flanqué de son fils président Joe Biden et deux invités, en train de siroter une bière dans la roseraie.Image: Corbis Historical

Ceci dit, souligne un historien dans le New York Times, les familles présidentielles avaient jusqu'à présent capté que «la Maison-Blanche est un musée appartenant au peuple américain» et qu'il était dans leur «obligation de ne pas s'écarter trop des traditions dans les espaces publics».

Mais ça, c'était avant Donald Trump.

«L'approche globale de Trump en matière de leadership consiste à faire exploser les élites nationales existantes, quelles qu'elles soient, qu'elles soient définies par le goût, l'argent ou l'esthétique»
Timothy Naftali, historien à l'Université Columbia, au New York Times

Pour preuve, ses vastes travaux ont bel et bien été lancés lundi. Ils devraient s'achever au cours de la première quinzaine d'août, selon l'Associated Press. Petite précision pour les amateurs de fleurs, qu'ils se rassurent: à en croire le New York Times, «les roses, apparemment, resteront».

President William Jefferson Clinton in the Rose Garden of the White House announces that the Senate has confirmed Ruth Bader Ginsburg as Associate Justice of the Supreme Court, Washington, DC, August  ...
Bill Clinton en plein discours dans la roseraie, en 1993.Image: Corbis Historical

Ce n'est que le début

En bon promoteur immobilier qu'il est, l'appétit de transformation du président américain ne s'arrêtera pas en si bon chemin. Outre la rénovation des jardins, Donald Trump a également promis d'offrir à la Maison-Blanche une «vraie» salle de bal, en accord avec celle dont il a déjà doté son club Mar-a-Lago au début des années 2000.

«L'une des choses que je vais faire, c'est construire une magnifique salle de bal à la Maison-Blanche. Une magnifique salle de bal. Cela me permet de continuer à m'épanouir dans l'immobilier»
Donald Trump, dans une interview au Spectator
View of tables set for an unspecified luncheon in a ballroom at the Mar-a-Lago estate, Palm Beach, Florida, February 13, 2017. (Photo by Davidoff Studios/Getty Images)
Ladite salle-de-bal de Mar-a-Lago.Image: Archive Photos

Une idée qui l'obsède depuis plusieurs années, manifestement, puisque lorsque Barack Obama était encore au pouvoir, son ancien conseiller David Axelrod aurait été contacté par Donald Trump pour construire une salle de bal démontable d'une valeur de 100 millions de dollars.

«Je construis des salles de bal. De magnifiques salles de bal», lui aurait affirmé le promoteur à l'époque, selon David Axelrod dans ses mémoires. «Je vois que vous organisez ces dîners d'Etat sur la pelouse, dans ces petites tentes minables. Laissez-moi vous construire une salle de bal que vous pourrez monter et démonter. Faites-moi confiance. Ce sera superbe.»

WASHINGTON, DC - SEPTEMBER 20: A scene in the Rose Garden as President Donald Trump and First Lady Melania Trump host Australian Prime Minister Scott Morrison and his wife Jenny Morrison for a State D ...
La pelouse est déjà parfois recouverte de parquet pour des évènements, comme ici en 2019.Image: The Washington Post

Début mai, Donald Trump a assuré à Meet the Press qu'il financerait sa «magnifique salle de bal de classe mondiale» lui-même - et avec l'aide accessoire de donateurs, évidemment. «Je ne demanderai pas d'argent au gouvernement», a-t-il affirmé.

«Je la financerai, et je suis sûr que nous recevrons aussi des dons»
La promesse de Donald Trump pour sa salle de bal

On ignore si le président a déjà commencé par financer le projet de la roseraie et des mâts lui-même. En tout cas, il a déjà inspecté le site de sa future salle pas plus tard que vendredi dernier, en clamant qu'il s'agirait d'un «ajout merveilleux». L'un des nombreux exemples des «projets amusants» qu'il réalise, a-t-il tenu bon d'ajouter.

Un projet «amusant» viendra s'ajouter, entre autres touches personnelles de Donald Trump à la Maison-Blanche, aux statues en or posées sur la cheminée du Bureau Ovale, tableaux à son effigie et chérubins ramenés de Mar-a-Lago. Jardinier, planteur de drapeaux, agitateur politique ou encore DJ - décidément, les talents du président des Etats-Unis semblent sans fin.

La roseraie de la Maison-Blanche, au fil des ans
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La roseraie de la Maison-Blanche, au fil des ans

La Maison-Blanche, en 1921, sous la présidence de Warren G. Harding.

source: hulton archive / heritage images
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Video: watson
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