Quand il s'agit de vendre son nom, Donald Trump n'a pas son pareil. Des baskets dorées criardes aux NFT, en passant par les Bibles, les steaks, les montres soi-disant «swiss made», les téléphones portables, les guitares MAGA ou encore les matelas, aucun produit n'a échappé à la folie commerciale du promoteur immobilier. Surtout pas les parfums.
Ce lundi, en attendant de voir si sa loi One Big Beautiful Bill Act allait passer la rampe, le président américain a mené une autre campagne, sans aucun rapport avec la politique: son nouveau parfum, Victory 45-47.
«Les parfums Trump sont là», a-t-il fait savoir sur Truth Social. «On les appelle "Victory 45-47" car ils sont synonymes de victoire, de force et de succès, pour hommes et femmes. Offrez-vous un flacon et n'oubliez pas d'en offrir un à vos proches. Profitez-en, amusez-vous et continuez à gagner!»
Offrir à un proche, peut-être, mais pas n'importe lequel, puisque le flacon de 95ml en forme de statuette dorée est vendu au prix de 249 dollars - soit davantage que des parfums de luxe de taille similaire, comme Dior («Sauvage», 165 dollars), Chanel (l'emblématique parfum N°5 est à 110 dollars) ou Tom Ford («Noir Extreme» coûte 240 dollars).
Pour mémoire, il ne s'agit de loin pas du premier essai de Donald Trump dans la parfumerie. Le tout premier «Donald Trump the Fragrance» date de 2004, alors qu'il animait son show de télé-réalité The Apprentice. Rien à voir, à l'époque, avec une vulgaire eau de toilette de supermarché: le parfum a été imaginé par Annie Buzantian, maître parfumeuse à l'origine de succès comme «Decadence» de Marc Jacobs et «Tommy» de Tommy Hilfiger, rappelle le magazine GQ.
Dix ans plus tard, en 2015, alors qu'il mène sa première campagne présidentielle, Donald Trump remet le couvert avec ses eaux de toilette «Success» et «Empire». La première a été créée par Yann Vasnier, l'un des nez les plus célèbres au monde, à l'origine des parfums «Velvet Orchid» de Tom Ford et «Toy Boy» de Moschino.
Plus récemment, le républicain a lancé le parfum «Fight, fight, fight» pour surfer sur la vague de réactions après sa tentative d'assassinat, en Pennsylvanie, l'été dernier.
Cette toute nouvelle création soulève plusieurs questions. Quelle est l'odeur de la «victoire, de la force et du succès», selon la définition du président américain? Et quelle maison ou quel grand nez se cache derrière Victory 45-47?
En dépit de leur prix élevé, le site web des parfums Trump ne fournit aucun détail sur leurs notes, leur composition ou le lieu de fabrication. L'entreprise de licence n'a pas répondu aux demandes de commentaires du New York Times.
Sur Fragrantica, un forum de parfums en ligne très populaire, la fondatrice Elena Knezevic ne cache pas son enthousiasme à l'égard de la composition. Partisane enthousiaste de Donald Trump, elle est l'une des seules personnes à avoir partagé son expertise sur le duo «Victory 45-47» jusqu'à présent.
La version masculine est décrite comme «un parfum simple et inoffensif, plutôt discret, adapté au bureau, avec un final ambré-boisé doux et suave», écrit-elle. «L'eau de Cologne pour homme a une odeur familière, celle d'un parfum masculin ordinaire, léger et sans détails remarquables. Fonctionnel et agréable, surtout dans son aura plus large, mais pas particulièrement mémorable.»
Quant à Victory 45-47 pour femme, qu'Elena Knezevic identifie comme «un mélange de notes de vanille, de gardénia, de fraise et d'agrumes», elle est «agréable et passe-partout, pas mauvais du tout».
Les utilisateurs du site, eux, se sont montrés autrement moins convaincus (un critique a notamment déclaré que le parfum lui avait filé la nausée). Cependant, ils n'ont pas manqué de poésie pour décrire la fragrance, qui écope d'une note malheureuse de 1,66 sur cinq pour la version masculine - et à peine 1,45 sur cinq pour la féminine.
On ne dirait pas mieux.
Pour les curieux de découvrir le précieux et très controversé nectar présidentiel, il faudra toutefois se rendre aux Etats-Unis. Le flacon n'est disponible à la livraison que sur les terres du républicain. «America First», dit l'adage.