Les nouveaux drones russes «Admiral» sont des Matriochkas macabres – ces célèbres poupées russes, qui contiennent chacune une poupée plus petite. En Ukraine, les modèles «Admiral» agissent comme des sortes de porteurs de drones: ils transportent des drones plus petits qui peuvent ensuite être pilotés par des unités au sol. C'est ce qu'écrit le magazine économique américain Forbes.
Les drones «First Person View» ou FPV dans le jargon – ont été les stars des premiers mois de guerre en Ukraine. Ils offrent une vue immersive de leurs cibles grâce à une petite caméra montée sur l'engin. Kiev a acheté des dizaines de milliers de ces appareils, également disponibles dans le commerce traditionnel, et les a ensuite équipés de petits pièges explosifs.
L'un des inconvénients de ces petits drones très maniables réside toutefois dans leur faible autonomie, due notamment à la faible capacité de leurs batteries. Et c'est exactement ce problème que les nouveaux drones de transport peuvent résoudre: ils ont désormais la capacité d'amener des drones d'attaque sur le front et de les faire piloter par des soldats sur place.
Selon l'agence de presse russe Tass, les grands drones peuvent transporter des cargaisons pesant jusqu'à cinq kilos. Ils ont été présentés pour la première fois l'année dernière lors d'un salon spécialisé et servaient jusqu'à présent de drones de reconnaissance. Mais selon Tass, il avait été prévu, dès leur développement, de les utiliser comme porteurs de modèles plus petits. Ils seraient capables d'effectuer des vols allant jusqu'à cinq heures.
Et on dirait que les tests nécessaires pour lancer les drones matriochkas sont terminés. Selon Forbes, une récente attaque de drones FPV contre des troupes ukrainiennes montre que l'armée russe a désormais recours à ce type de système.
A l'origine, les drones-caméras ont été développés en tant qu'équipement sportif et n'avaient pas besoin d'une batterie puissante. Mais, dès le début de la guerre, ils ont été transformés pour un usage militaire. Le problème de la portée des signaux radio a été résolu grâce aux drones qui servent d'amplificateurs. Ces modèles, également appelés «reines», peuvent relayer des signaux d'attaque à tout un essaim de drones.
Le plus grand défi restait donc la faible puissance des batteries, qui, selon Forbes, ne permet à la plupart des drones que de parcourir 32 kilomètres au maximum.
Un problème que la Russie semble avoir résolu. Une autre entreprise, Svyaz Spec Zaschita, a aussi présenté des drones capables de jouer les poupes russes. Ceux-ci sont censés pouvoir transporter deux FPV sur plus de 320 kilomètres. Un troisième porteur FPV russe, appelé Pchelka, a été repéré en mars de cette année, selon Forbes.
En mai, le portail ukrainien spécialisé dans les technologies militaires Defense Express et le commandant Madyar, surnommé le «tsar des drones» en Ukraine, ont annoncé que Kiev développait également un drone capable de transporter de petits appareils.
❤️ 💪 Famous commander Robert Madyar, the drone Emperor….has a new toy: a mother drone ....
— Claretta Nijhuis (@NijhuisClaretta) May 18, 2024
pic.twitter.com/fTMmZyBB2E
Début septembre, un drone appelé Burya-20, également capable de transporter des drones plus petits, aurait été présenté dans la province russe de Bouriatie. Selon Defense Express, ils seraient en mesure de reconnaître de manière autonome des cibles potentielles par caméra et de transmettre ensuite ces informations à de petits drones kamikazes. Ceux-ci se mettraient alors en route après avoir été largués du vaisseau-mère.
On ne sait cependant pas combien de drones le Burya-20 peut transporter. Sa portée devrait atteindre 50 kilomètres et il devrait pouvoir porter une charge de quinze kilogrammes.
Traduit et adapté de l'allemand par Léa Krejci