Le fantasque entrepreneur a confirmé au Pentagone, selon le magazine New Yorker, avoir eu un échange avec Poutine, lors d'un appel au sujet de la connexion Internet à haut débit que SpaceX a fourni à l'armée ukrainienne.
Elon Musk aurait confié cette information à Colin Kahl (ancien sous-secrétaire à la politique de Défense) lors d'une conversation en octobre. Le haut fonctionnaire a confirmé l'importance du milliardaire:
Selon Kahl, depuis professeur à Stanford, le boss de Tesla aurait confié cette information après que la défaillance des satellites Starlink a provoqué des pertes de communication «catastrophiques» pour l'armée ukrainienne. Le Financial Times s'était fait l'écho de ce faux pas, citant plusieurs responsables ukrainiens. Les gradés de Kiev auraient signalé, le 7 octobre, qu'une partie du système Starlink fourni par SpaceX avait cessé de fonctionner dans plusieurs zones reprises par les forces ukrainiennes.
La constellation satellitaire Starlink est un sacré coup de pouce pour les Ukrainiens, grâce à sa connectivité ultra-rapide.
Le porte-parole du ministère de la Défense américain, Jeff Jurgensen, n'a pas souhaité commenter cette information et rappelle que «le Pentagone avait passé un contrat avec Starlink pour des services de ce type», cadre-t-il dans les colonnes de Bloomberg.
Les liens entre Poutine et Musk ne sont pas nouveaux. Le politologue et chroniqueur Ian Bremmer avait affirmé en octobre 2022 que Musk s'était entretenu avec l'autocrate et l'avait accusé d'avoir été influencé par le président russe.
Des accusations que Musk a réfutées avec véhémence, écrivant sur son réseau X (ex-Twitter). Le milliardaire a dit qu'il n'avait parlé qu'une seule fois au président russe, environ 18 mois plus tôt, à propos de l'espace.
No, it is not. I have spoken to Putin only once and that was about 18 months ago. The subject matter was space.
— Elon Musk (@elonmusk) October 11, 2022
Musk avait pris l'initiative d'envoyer ses satellites après une demande du ministre de la transformation numérique du pays, Mykhaïlo Albertovytch, sur Twitter. Or l'emploi de son armée de satellites a provoqué une prise de conscience du milliardaire: il s'est senti de moins en moins à l'aise avec l'usage militaire qui était fait de ses équipements, selon l'enquête du New Yorker.
Le Financial Time avait relayé des propos de généraux ukrainiens, qui constataient que le timing de ces pannes n'était pas un problème technique ou un quelconque brouillage des forces russes, mais bien «le résultat de restrictions géographiques imposées par SpaceX».
Colin Kahl, toujours dans le New Yorker, n'a pas mâché ses mots: «Nous avons commencé à paniquer un peu». Sur un coup de tête, l'entrepreneur aurait pu abandonner l'armée ukrainienne et la plonger dans le noir total.
Des accusations que Musk a vivement contesté, évoquant comme raison principale une facture trop importante et qu'il ne pouvait pas fournir une connexion illimitée et gratuite à Kiev.
Une paire de mois plus tard, comme le soulignait Bloomberg, le Pentagone s'est mué en médiateur, paraphant un contrat évalué à 400 millions de dollars pour s'assurer qu'Elon Musk ne couperait pas l'accès de l'Ukraine.
Mais il n'est pas uniquement question de défense nationale, comme l'affirme le journaliste Ronan Farrow. Le prétendu alignement de Musk avec Poutine pourrait aussi s'entremêler avec les intérêts de la Chine, qui aurait joué un rôle dans la réflexion du boss de X concernant ces curieuses coupures intermittentes.
Selon Farrow, Pékin, alliée du Kremlin, ne voit pas d'un bon oeil l'aide que le milliardaire apporte à l'Ukraine. Le marché chinois est très (ou trop) important pour le patron de Tesla, sachant que la moitié de la production de ses voitures passe par la Chine...
(svp)