Cette entreprise suisse révolutionne l'industrie des paquebots
Ce sont des phrases qui pourraient provenir d'une présentation de Greta Thunberg:
Mais ce n'est pas l’activiste climatique qui tient ce constat devant une industrie entière, c'est le groupe industriel suisse ABB.
Sur son site internet, ABB précise également qu'environ 90% du commerce mondial se fait par voie maritime. Il y est écrit:
Une innovation majeure
En plus de l'industrie lourde, le groupe basé à Zurich fournit ses solutions d'entraînement et d'automatisation aux constructeurs navals. ABB mise désormais sur des systèmes destinés à rendre la navigation maritime plus durable.
L'ampleur de cette activité se mesure non seulement dans les comptes (elle génère jusqu'à 1,4 milliard de francs de chiffre d'affaires), mais aussi dans l'usine de Helsinki, à une quinzaine de minutes en voiture du centre-ville. ABB possède par ailleurs d'autres sites de production marine en Finlande et en Chine.
Ici, dans la «ABB Marine House», tout est gigantesque: vis, boulons et outils sont à l'image des navires de luxe sur lesquels embarquent les amateurs de croisières à travers les océans. Le best-seller de l'usine d'Helsinki est depuis de nombreuses années le système de propulsion appelé Azipod. Environ 30 propulseurs y sont produits chaque année, puis expédiés vers des chantiers navals internationaux pour être installés sur les navires.
Dans le système Azipod, la propulsion électrique est installée dans une nacelle fixée à la coque du navire et peut pivoter à 360 degrés. Cela permet de manœuvrer beaucoup plus facilement les navires de croisière, les cargos ou les brise-glaces indispensables dans le Grand Nord. De plus, l'accostage dans des ports aux espaces de rotation limités devient possible même pour les grands bateaux, comme à Miami, une destination particulièrement importante pour les croisières XL.
20% de carburant en moins
Selon Peter Terwiesch, membre de la direction d'ABB, la propulsion électrique augmente également l'efficacité économique des navires. Par rapport aux systèmes traditionnels, les navires équipés d'Azipod consomment jusqu'à 20% de carburant en moins, explique l'Allemand, qui dirige l'unité d'automatisation des procédés, incluant le segment «Marine and Ports» et ses 2700 collaborateurs, c'est-à-dire l'activité maritime et portuaire.
Cependant, les propulseurs Azipod, qui peuvent peser jusqu'à 150 tonnes, dépendent indirectement de moteurs fonctionnant, par exemple, au diesel ou au gaz naturel liquéfié. Ces moteurs produisent l'électricité nécessaire au fonctionnement du système ABB. Autrement dit: la solution Azipod n'est pas totalement exempte d'émissions.
Plus de 150 navires de croisière sont équipés du système Azipod, y compris le plus grand paquebot du monde, l'«Icon of the Seas», capable d'accueillir jusqu'à 7500 passagers et 2400 membres d'équipage. Ce monstre touristique utilise non seulement trois propulseurs Azipod, qui rendent la barre classique inutile, mais aussi un système de contrôle doté d'intelligence artificielle développé par ABB.
Les capitaines peuvent tester ces systèmes à la «Marine House» d'ABB, au sec. Une passerelle de commandement équipée de grands écrans remplace les fenêtres et simule différentes conditions, de l'absence de vent aux vagues tumultueuses d'une nuit orageuse, y compris l'accostage dans le port choisi.
Il reste du chemin à parcourir
Antti Ruohonen, manager finlandais d'ABB, déclare en parcourant les ateliers:
L'électrification fait son chemin, même chez les ultrariches. Dernièrement, ABB a participé à la construction du tout premier mégayacht au monde propulsée par une pile à hydrogène, considérée comme plus respectueuse de l'environnement. «Nous en sommes très fiers», ajoute Ruohonen.
Et pourtant, tout n'est pas encore parfait à bord. Le chemin vers une industrie maritime «verte» reste long. L'Organisation maritime internationale (OMI) a fixé à ses membres l'objectif de réduire d'au moins 50% les émissions annuelles de gaz à effet de serre du transport maritime d'ici 2050 par rapport à 2008.
Le manager d'ABB, Terwiesch, estime qu'après le système Azipod, un autre potentiel blockbuster est en préparation. Il s'agit d'un «système de propulsion révolutionnaire» capable de réduire la consommation d'énergie de 22% supplémentaires. Son nom: Dynafin. Ce système remplace les grandes hélices traditionnelles des navires par des pales verticales. ABB a présenté ce concept en 2023, après plus de dix ans de recherche et développement.
Dynafin s'inspire du monde animal: les mouvements dynamiques du système de propulsion reproduisent ceux de la queue d'une baleine. Terwiesch ne peut pas dire quel client l'utilisera en premier ni à quelle date, mais il se montre confiant: le système devrait «faire sa première apparition bientôt».
Traduit et adapté par Noëline Flippe. - La visite de l'usine à Helsinki a eu lieu sur invitation d'ABB.
