La femme du Premier ministre espagnol pose un lapin à un juge
L'épouse du Premier ministre espagnol, Begoña Gómez, ne s'est pas rendue samedi soir à sa cinquième convocation chez le juge dans une affaire de détournement de fonds publics. Elle a invoqué une circulaire l'y autorisant, a indiqué une source judiciaire présente lors de l'audition.
La femme du Premier ministre socialiste Pedro Sánchez devait être entendue samedi à 18h00 par le juge Juan Carlos Peinado mais ni elle, ni les autres accusés ne se sont rendus au tribunal où ils devaient être «notifiés» de la demande de renvoi devant un jury populaire, une décision qui peut encore faire l'objet d'un appel, selon la même source.
Le juge Peinado soupçonne Begoña Gómez d'avoir utilisé une assistante prévue pour l'accompagner dans sa fonction d'épouse du Premier ministre – et payée par les services de celui-ci – et de l'avoir fait travailler pour elle dans ses activités professionnelles extérieures, notamment pour le master de l'université Complutense de Madrid qu'elle dirigeait.
Begoña Gómez, comme son assistante et la personne qui l'a embauchée, tous trois poursuivis dans cette affaire, n'ont pas honoré leur convocation chez le juge et se sont fait représenter par leurs conseils.
Ils se sont justifiés en invoquant une circulaire qui stipule que «lors de la notification (...), il s'agit uniquement de préciser les termes de cette imputation, et ce, toujours en présence de son avocat. La présence de l'inculpé n'est pas indispensable».
De leur côté, le parquet et les avocats de la défense ont demandé le classement de l'affaire, expliquant que les personnes mises en cause ne sont pas des fonctionnaires. Le juge doit rendre sa décision dans les prochains jours.
Begoña Gómez, qui a été entendue à plusieurs reprises par le juge Peinado, avait affirmé lors de sa dernière audition le 10 septembre n'avoir demandé que «ponctuellement» à son assistante d'envoyer quelques messages, sans qu'elle ne l'ait «jamais» aidée dans ses activités professionnelles.
Le même juge mène aussi des enquêtes visant Begoña Gómez dans des dossiers distincts: depuis avril 2024, elle fait l'objet d'une enquête pour corruption et trafic d'influence, accusée d'avoir utilisé à son profit les fonctions de son mari pour obtenir des financements pour son master.
Cette affaire avait donné lieu à un bras de fer entre le parquet et le juge chargé de l'enquête.
Outre sa femme, plusieurs membres de l'entourage du Premier ministre sont dans le collimateur de la justice, à commencer par son frère, visé par une enquête pour détournement de fonds, trafic d'influence et fraude fiscale. Le Premier ministre a déclaré mercredi:
Pedro Sánchez a dernièrement accusé certains juges de «faire de la politique», fustigeant «de fausses accusations» pour déstabiliser son gouvernement. (ats/afp)