«Bon, à propos de ce chat Signal...», débute The Atlantic ce mercredi, avec un poil d'ironie. Le coup de grâce, après les révélations explosives du journaliste Jeffrey Goldberg ce lundi. Pour rappel, le rédacteur en chef du magazine a intégré un peu malgré lui un échange privé entre de hauts responsables américains sur leurs plans de frappes au Yémen.
La Maison-Blanche, elle, avait continué à faire l'autruche - un «pépin mineur», a balayé le président Donald Trump.
«Personne n'a envoyé de SMS concernant des plans de guerre. C'est tout ce que j'ai à dire à ce sujet», a renchéri lundi le ministre de la Défense, Pete Hegseth. «Aucun document classifié n'a été partagé au sein de ce groupe Signal», a ajouté la directrice du renseignement national, Tulsi Gabbard, lors d'une audition au Sénat mardi.
Quant au vice-président JD Vance, qui se trouvait également sur le groupe, il a accusé The Atlantic d'avoir «survendu» ses révélations.
De quoi faire faire bondir le prestigieux magazine. Lequel a décidé de publier l'intégralité des messages échangés sur ce fil de discussion – baptisé le «petit groupe PC houthi» par le conseiller de Donald Trump, Michael Waltz – afin de laisser l'opinion publique en juger.
«Si ces informations, notamment les heures exactes de décollage des avions américains pour le Yémen, étaient tombées entre de mauvaises mains (...), les pilotes et autres personnels américains auraient pu être exposés à un danger encore plus grand que celui auquel ils seraient normalement confrontés», s'insurge The Atlantic.
Comme expliqué lundi, une grande partie des discussions, entamées le 11 mars dernier, portait sur le calendrier et la justification des attaques contre les Houthis au Yémen. Ponctuée, ici ou là, de remarques sur les lacunes des alliés européens («des boulets», «PATHETIQUE», selon Pete Hegseth).
Toutefois, le jour de l'attaque, le samedi 15 mars, la discussion a dévié vers l'aspect opérationnel, souligne The Atlantic.
Le CENTCOM, ou Commandement central, est le commandement militaire de combat pour le Moyen-Orient.
Comme le précise The Atlantic, il faut noter que le message du ministre de la Défense a été envoyé à 11h44 sur un groupe comportant un numéro inconnu (celui du journaliste Jeffrey Goldberg), 31 petites minutes avant le lancement de l'opération militaire. Il poursuit:
Par «OPSEC», entendez «sécurité opérationnelle».
Quelques instants plus tard, à 13h48, Michael Waltz envoie le message suivant, contenant des renseignements en temps réel sur la situation sur le site d'une attaque au Yémen:
Six minutes plus tard, le vice-président, apparemment confus par ce message, écrit:
A 14h00, Michael Waltz répond:
35 minutes plus tard, John Ratcliffe, le directeur de la CIA, réagit:
Un peu plus tard dans l'après-midi de samedi, Pete Hegseth publie:
On ignore encore pourquoi un journaliste a été ajouté à l'échange de messages. Micheal Waltz, celui qui a invité le journaliste Jeffrey Goldberg à rejoindre le groupe Signal, a déclaré mardi qu'il enquêtait sur «comment diable il est entré dans cette pièce».
La porte-parole de la Maison-Blanche, elle, a imméditatement réagi dans la foulée de ce nouvel article. «The Atlantic a concédé: ce n'était pas des plans de guerre», a immédiatement réagi Karoline Leavitt. Le chef de cabinet adjoint de la Maison-Blanche Taylor Budowich, a renchéri: «The Atlantic a déjà abandonné son récit sur des 'plans' de guerre, et en révélant la conversation complète, ils reconnaissent qu'ils mentent pour maintenir une nouvelle supercherie».
C'est surtout au public américain, désormais, de décider ce qu'il veut faire de ce «petit pépin».