La pandémie n'est pas terminée et elle a pris une nouvelle dimension avec Omicron. Le nouveau variant du virus est en effet très contagieux. Il pourrait entraîner une nouvelle charge pour les systèmes de santé et une «contamination» de la société, que beaucoup critiquent vivement. Même les personnes vaccinées et guéries peuvent être infectées.
Certains espèrent justement que le «cauchemar» pourrait bientôt prendre fin, car la population acquérait une immunité de base après la vague Omicron. Pourtant, cela pourrait s’avérer être une illusion. Il n'y a aucune garantie d'immunité totale.
Actuellement, les vaccins en développement offrent une meilleure perspective que les vaccins actuels ou que la protection à la suite d’une infection. Les vaccins «de deuxième génération» pourraient changer la donne et devraient également protéger contre des mutations qui n'existent pas encore. Des recherches sont menées dans le monde entier sur ces «vaccins à large spectre», y compris à Bâle.
Un «vaccin miracle» développé à l’institut de recherche de l’hôpital militaire Walter Reed dans l’Etat américain du Maryland donne beaucoup d’espoir, rapporte le Spiegel. Ce produit à base de nanoparticules de ferritine (SpFN) est un vaccin protéique, similaire à celui de Novavax autorisé depuis décembre dans l'Union européenne.
En bref, les chercheurs de l’armée américaine utilisent une séquence «inoffensive» du Sars-Cov-2 original ainsi que l’amplificateur d’action ALFQ développé dans le même institut. L'objectif est de créer dans le système immunitaire une défense qui protège le corps contre un grand nombre de variants du virus.
La première phase des essais cliniques, au cours de laquelle le vaccin est administré à un petit groupe de volontaires sans antécédent médical, est terminée. Pour le moment, aucun résultat n’est disponible. Kayvon Modjarrad, directeur de la recherche, a déclaré au portail d'information Defense One qu’ils attendaient encore des données par rapport à Omicron. «Mais jusqu'à présent, tout se passe exactement comme nous l'espérions.»
Les résultats d'essais cliniques sur des singes rhésus ont déjà été publiés. Selon ces derniers, le vaccin SpFN «produit des réactions d'anticorps immunisantes à large spectre. La protection est plus élevée que celle d'autres vaccins». Pour l'épidémiologiste et économiste de la santé Eric Feigl-Ding, c'est une raison d'espérer, comme il l'écrit sur Twitter. Il fait pourtant partie des personnes ayant un avis pessimiste sur l’évolution de la pandémie.
Eric Feigl-Ding indique que les phases II et III de l'étude, nécessaires à l'autorisation, doivent encore être réalisées: «Il faudra des mois avant d'en savoir plus». Il estime également que le nom associé au terme de nanoparticules pourrait être «amélioré». Ceux qui qualifient les vaccins à ARNm «d'injection de gènes» seront sans doute également réticents aux nanoparticules.
Les recherches menées par l'armée américaine devraient en outre générer de nouveaux débats chez les sceptiques du Covid et dans les milieux conspirationnistes. Dans tous les cas, il sera difficile de convaincre les opposants à la vaccination, même avec un «vaccin miracle». Mais pour les autres groupes de population, le vaccin SpFN représente une lueur d’espoir pour un retour à la vie normale.
Le développement d'un vaccin nécessite beaucoup d'argent. Etant donné l’énorme budget de l’armée américaine, cela ne devrait pas poser de problème. Pour la production, l'armée collaborera avec l'industrie. «En tant qu’institution étatique, elle pourra également fournir le vaccin à des pays pauvres à bas prix ou gratuitement», espère Eric Feigl-Ding.
En tant que vaccin protéique, le vaccin SpNF a l'avantage de pouvoir être conservé jusqu'à six mois dans un réfrigérateur normal. Le directeur de la recherche, Kayvon Modjarrad, voit un énorme potentiel dans le développement de ce vaccin. Selon le chercheur américain, il peut protéger contre les nouveaux variants du Covid mais aussi contre d’autres types de coronavirus comme le Sars-1.
Ce vaccin changerait la donne. Mais pour le moment, c’est encore une musique d’avenir. Avec les vaccins actuels, il a fallu environ un an entre le lancement et la livraison. Jusqu’à que ce «vaccin miracle» ou un autre soit disponible, il faudra continuer de faire face à la pandémie avec les moyens actuels. (pbl)
Traduit de l'allemand par Charlotte Donzallaz