Sa carrière touche à sa fin. Mais en ce jour de printemps, pas question pour Bernie Sanders de parler de sa retraite, au moment d'entrer dans le lycée de Warren, dans la banlieue de Détroit. Des milliers de personnes se sont rassemblées pour écouter, et acclamer, le socialiste de 83 ans. Cela s'explique aussi par le fait que le sénateur du Vermont est l'un des rares politiciens à tenir des propos forts face à la tornade que le nouveau président américain a provoquée en politique intérieure et extérieure.
Durant son discours, Bernie Sanders dit comprendre que de nombreux Américains se sentent en colère, frustrés et peut-être même désespérés. Parce que Donald Trump et ses richissimes alliés semblent détruire sans grande résistance la structure de l'Etat américain. Il prévient:
Les quelque 9 000 personnes qui écoutent Bernie Sanders dans l'enceinte du lycée se lancent dans des chants frénétiques: «Bernie! Bernie! Bernie!». Et les souvenirs des campagnes présidentielles de 2016 et 2020 refont surface. Mais Sanders fait signe que non, et déclare que cette campagne, qui le mène actuellement à travers le pays, «ne tourne pas autour de moi, mais autour de vous».
Sanders est coutumier de ce type de phrases. L'activiste de gauche se bat depuis le début des années 70, le plus souvent en vain, contre l'establishment politique. Mais comme il le fait avec une persévérance sans égale, même ses adversaires politiques lui témoignent aujourd'hui du respect. Ainsi, Bernie Sanders est élu démocrate au Sénat, bien qu'il tienne régulièrement des propos acerbes envers son parti et ses riches mécènes.
Pour les personnes présentes à Warren, Bernie Sanders est aussi une sorte d'exutoire. Ils détestent le président républicain et son entourage, et lorsque le nom d'Elon Musk est prononcé, on peut entendre dans le lycée hurler le mot «Nazi!».
De nombreux membres du public, qui a attendu pendant des heures l'apparition de Bernie Sanders, sont également en colère contre l'opposition sans verve à Washington. Cheryl Grava, de Livonia, une banlieue de Détroit lance:
Sanders, en revanche, les inspire et les incite à apporter leur contribution à la lutte contre Donald Trump. Alan Struthers adopte un ton similaire. Ce programmeur informatique l'assure: «Nous sommes appelés à défendre ce grand pays». Il ajoute:
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Dans le public, on trouve également des personnes qui pensent depuis longtemps que le parti démocrate n'est en réalité qu'une pâle copie des républicains. Il n'est donc pas le bon moyen pour stopper Trump. Pour Scott Elliott, de la ville d'Ypsilanti, Sanders défend des idées qui sont populaires chez tous les partis, comme la nationalisation de l'assurance maladie. Mais l'establishment politique ne veut rien savoir de telles propositions.
Cette critique à l'encontre du parti libéral américain n'est pas nouvelle. Mais il est vrai aussi que les démocrates n'ont pas fait très bonne impression au cours des sept dernières semaines. Ils sont notamment minoritaires à Washington, tant à la Chambre des représentants qu'au Sénat. Sauf exception, les élus républicains ne sont jamais contraints au compromis. Les figures de proue du parti ont également du mal à formuler un message concis et à le diffuser via les réseaux sociaux.
Certains jeunes talents du parti, comme les représentantes Alexandria Ocasio-Cortez de New York et Jasmine Crockett du Texas, ou le sénateur Chris Murphy du Connecticut, pourraient bientôt changer la donne. Mais loin de Washington, Bernie Sanders, né à Brooklyn durant la Seconde Guerre mondiale, semble être le seul à pouvoir rassurer les électeurs de gauche. A Warren, Bernie Sanders l'affirme:
Le démocrate explique qu'il ne peut pas rester les bras croisés et veut apporter sa contribution pour que cela change. Puis les personnes présentes l'acclament.
Traduit de l'allemand par Joel Espi