Elles ne cessent d'arriver sur la table, d'animer les enquêteurs improvisés et assoiffés de conspirationnisme. Les historiens, journaliste, écrivains et autres cinéastes, thésards n'ont toujours pas refermé le chapitre de la mort brutale de JFK.
60 ans après la mort du 35e président des Etats-Unis, c'est un sujet qui reste brûlant (et inflammable) pour beaucoup d'Américains. L'arrestation de Lee Harvey Oswald, ce marxiste avéré, n'a pas convaincu la complosphère, lui, l'ancien Marine qui a, selon la version officielle, exécuté John F. Kennedy à Dealey Plaza. Trois balles sont tirées: l'une traverse le haut du corps du président et ressort par la gorge et une autre pénètre l'arrière droit du crâne et ressort par la partie supérieure droite.
En 2013, 61% des Américains doutaient encore de la version officielle, selon Gallup.
Après diverses déclassifications ces dernières années, les théories continuent de fleurir. Des livres ou encore des documentaires font surface pour comprendre comment JFK a pu se faire exécuter dans un cortège présidentiel normalement ultra-sécurisé.
La commission Warren, mise sur pied pour enquêter sur les circonstances de l'assassinat du président, a publié un rapport de près de 888 pages et présenté en septembre 1964. La conclusion de ce rapport (controversé et incomplet pour beaucoup) rapportait que Lee Harvey Oswald avait agi seul, sans la moindre aide extérieure.
Lee Harvey Oswald, qui avait tiré d'un entrepôt où il était employé, a laissé l'arme du crime sur les lieux et a disparu dans la foule.
Il tente de rallier son domicile et abat un policier de quatre balles. Il sera tout de même appréhendé par les forces de l'ordre avant d'être lui-même abattu par Jack Ruby.
Voilà pour la version officielle. Mais de nombreuses voix continuent de clamer qu'il n'a pas agi seul, qu'il est une victime dans ce complot. Voici notre sélection au milieu des plus de 300 théories avancées.
La Mafia n'est jamais très loin et elle a rôdé autour de la dynastie Kennedy. Joseph Kennedy, le patriarche, entretenait des liens avec Sam Giancana, parrain de la pègre de Chicago. Ce dernier était même donateur lors de la première campagne présidentielle de JFK en 1960.
En 1961, les relations se seraient tendues entre les deux camps. Robert Kennedy, alors bombardé ministre de la Justice, se décide à freiner l'emprise de la mafia, en partant en croisades contre le crime organisé qui gangrène les Etats-Unis.
Les liens privilégiés entre le tueur de Jack Ruby, l'homme qui a canardé Lee Harvey Oswald, et la pègre n'a fait que prolonger cette idée que la Mafia est impliquée dans l'équation mortelle.
La Mafia était aussi particulièrement remontée contre JFK concernant Cuba. Avant que Fidel Castro ne vienne injecter son communisme, le crime organisé avait fait de Cuba son centre névralgique. Mais la révolution lui a fait perdre des millions.
Cette théorie revient souvent dans le paquet et nombreux sont ceux qui pensent que les autorités fédérales sont mouillées dans le meurtre de JFK. Pour cerner le dilemme, il faut centrer la réflexion sur Fidel Castro. La CIA a déjà tenté de faire assassiner le leader cubain. Mais Kennedy y est opposé. Ce désaccord aurait nourri une rancoeur des services secrets américains.
D'autres accusent Allen Dulles, légendaire patron de la CIA, congédié par JFK après le fiasco, en 1961, de la baie des Cochons - la tentative américaine pour renverser Castro.
Des doutes quant aux libertés laissées à Oswald restent à ce jour une énigme. Ses liens avec des agents étrangers, des diplomates et espions du gouvernement communiste de Cuba, et de l’Union soviétique.
L’incompétence est aussi avancée comme une théorie plausible dans l’affaire Kennedy. Plusieurs médias soulignent que les deux puissantes entités de surveillance auraient pu dissimuler leurs ratages, pour défaut de surveillance d’Oswald.
Or, ces 60 ans d'enquête laissent toujours de nombreux mystères planer. A la publication d'archives en 2017, des officiels de l’agence se sont bien inquiétés de la manière dont la commission indépendante Warren a mené l'enquête. On y apprend que même la CIA remettait en cause le traitement de certaines preuves concernant Oswald.
Lorsqu'il pose le pied au Texas en novembre 1963, JFK est en campagne pour sa réélection. Dans l'Etat du Texas, l'extrême-droite y est bien ancrée, avec une place ardemment tenue par le «Ku Klux Klan».
L'entourage du président le met en garde contre cette menace. Une lettre est même envoyée à la Maison-Blanche, comme le rappelle le média Slate, par une habitante de Dallas. Elle y décrit son inquiétude concernant ce risque qui plane sur le JFK. Nelle Doyle, de son nom, indique:
Mais selon les informations compilées par les services secrets, rien ne laisse à penser qu'une faction du «Ku Klux Klan» ou d'une frange de l'extrême-droite soit derrière cet événement tragique.
L'idée a enflé au moment du serment à bord d'Air Force One, dans le même avion transportant la dépouille de JFK à côté de Jackie Kennedy, choquée et le visage ensanglanté. Lyndon Johnson n'entretenait pas une relation très cordiale avec JFK. Pire, le clin d'œil du sénateur Albert Thomas qui semble être adressé au désormais nouveau président, n'a fait qu'amplifier la méfiance du peuple américain.
Son avenir politique barré par John F. Kennedy, Lyndon Johnson avait beaucoup à gagner à voir disparaître JFK, selon cette théorie. Sauf que le vice-président, selon les rapports et les spécialistes, n'avait pas le poids pour rallier le FBI et la CIA dans son camp.
La trajectoire des balles a rencontré celle de la voiture du président américain, paradant à un rythme de sénateur. Une vitesse qui intrique et une complosphère qui accuse, soulignant le temps de réaction plutôt lent du chauffeur, épinglé par le conspirationniste William Cooper. Selon lui, William Geer serait en réalité le responsable de la mort du président.
Membre des services secrets, le chauffeur désigné pour cette parade n'est jamais aperçu avec une arme à la main. Si nous regardons la vidéo devenue légendaire d'Abraham Zapruder, c'est au second tir, le moment où la tête de JFK explose sous l'impact, que Geer met la gomme pour se diriger à l'hôpital de Parkland.
Un livre intitulé Le Deuxième tireur, écrit par Cédric Meleta, accrédite une thèse: un tireur français aurait été l'un des assassins.
C'est en 1976, que l'un de ses experts de la House Select Committee on Assassinations, une commission d'enquête de la Chambre des représentants, Richard E. Sprague mentionnait un tireur français dans un ouvrage nommé The Taking of America 1-2-3.
La version atteste qu'un tireur aurait asséné «le coup fatal, à travers les arbres, depuis sa position derrière la palissade». Et Meleta apporte son grain de sel après une enquête fouillée. Henry-Ernest Pugibet, de son nom, aurait avoué sur son lit de mort qu'il avait participé à une opération spéciale le 22 novembre 1963, à Dallas.
Ce franco-mexicain au CV très solide est mort en 1992, dans un hôpital à Mexico. Aviateur et tireur d’élite, son pédigrée est brossé par Meleta: un agent double, qui travaillait pour Vichy, la CIA et Trujillo (dictateur à à Saint-Domingue). Le nom de Pugibet est inscrit dans une opération américaine nommée Paperclip, dans la catégorie «récupération intellectuelle», souligne Le Point.
Après Vichy, Pugibet fut donc récupéré par... Allen Dulles. Meleta, qui a retrouvé la trace de l'agent français au Mexique dans la peau de patron de deux sociétés-écrans de la CIA, trace des liens fascinants. Pugibet aurait été repéré par le FBI au cours de nombreux voyages au pays de l'Oncle Sam, en 1949.
Meletta met le doigt aussi sur des dossiers, en fouillant la base de données de la Fondation Mary-Ferrell. Son nom est mentionné en 1969 par un escroc qui tentait de monnayer sa sortie de prison contre des révélations sur le meurtre de Kennedy. Une info en ressort: le nom de l'hôtel où Pugibet était descendu à Dallas du… 19 au 22 novembre 1963.
Il fallait bien injecter un peu de paranormal dans la boucle du complot. Et pourquoi pas les extraterrestres? Alors les fadas des soucoupes volantes et des bonshommes verts ont échafaudé une théorie: JFK voulait divulguer des dossiers secrets-défense qui révélaient l'existence de créatures venues d'une autre planète. Eisenhower, qui assurait avoir rencontré les extraterrestres, s'était entretenu avec JFK.
Cette théorie absurde montre l'obsession de certains Américains, soixante ans plus tard, à continuer de chercher une vérité qui tient peut-être dans le rapport officiel.