«Hitler, un mec très cool»: cet influenceur sème le chaos chez les MAGA
Entre Tucker Carlson, ex-présentateur vedette de Fox News, et Nick Fuentes, jeune influenceur suprémaciste blanc, antisémite et misogyne, l'interview fin octobre fut cordiale. Mais depuis sa diffusion, la droite américaine expose ses conflits, divisée sur son futur idéologique post-Trump.
Figure de l'«alt-right» - la droite radicale américaine - depuis 2017 et l'arrivée au pouvoir de Donald Trump, Nick Fuentes a amassé une audience de plus en plus large au fil des ans, particulièrement au sein de publics jeunes et masculins, proches des idées néo-nazies et s'identifiant sous le nom de «Groypers».
L'influenceur de 27 ans a longtemps été ostracisé par les courants républicains plus consensuels, banni également de la plupart des réseaux sociaux en raison de ses propos racistes et antisémites, exprimant par exemple son admiration pour Adolf Hitler qu'il qualifie de «mec très cool».
En mars, Nick Fuentes résume sa pensée sur son podcast:
Alors quand Tucker Carlson l'accueille dans son émission pour un échange posé, où le jeune influenceur parle de «juiverie organisée» aux Etats-Unis et reçoit en échange des conseils de l'ancienne star de la télévision - qui exprime tout de même son désaccord sur certains points -, l'entretien fait jaser à droite.
Une «coalition venimeuse»
Le sénateur républicain Ted Cruz a ainsi qualifié Tucker Carlson de «lâche et complice» pour ne pas avoir rejeté les propos antisémites de Nick Fuentes tenus dans l'interview, tandis que le chef républicain de la Chambre des représentants, Mike Johnson, a exhorté à ce que de tels discours ne soient pas «amplifiés».
Mais d'autres se sont attachés à défendre Tucker Carlson, comme Kevin Roberts, président de la Heritage Foundation, un cercle de réflexion conservateur très influent à Washington et sur lequel Donald Trump s'est appuyé dans son retour au pouvoir.
Dans une vidéo publiée sur X, Kevin Roberts a ainsi critiqué la «coalition venimeuse» qui tente selon lui de mettre Tucker Carlson au ban de la droite, avant de revenir quelques jours plus tard sur ses propos et de s'excuser pour son choix de mots.
There has been speculation that @Heritage is distancing itself from @TuckerCarlson over the past 24 hours.
— Kevin Roberts (@KevinRobertsTX) October 30, 2025
I want to put that to rest right now—here are my thoughts: pic.twitter.com/F8bcxBIqKI
La polémique ne fait qu'enfler depuis, au point de provoquer une crise de conscience au sein du mouvement MAGA. Lors d'une conférence récente, Ted Cruz s'est ainsi lamenté d'avoir «observé plus d'antisémitisme à droite» au cours des six derniers mois que dans toute sa vie, tout en accusant la gauche d'avoir un problème plus grave sur cette question.
Pour l'éditorialiste de droite Matt Lewis, la dernière décennie a vu le mouvement conservateur «être infesté de gens aux idées intolérantes, qui n'adhèrent pas vraiment à la démocratie», disant regretter sur la chaîne MSNBC lundi la hausse de l'influence de Nick Fuentes auprès des jeunes à droite.
De «grands conflits à venir»
Le média Politico a révélé récemment que des dirigeants du mouvement des Jeunes républicains avaient partagé sur une boucle Telegram des messages dans lesquels l'un avait écrit «J'adore Hitler», et un autre disait sur le ton de la blague vouloir envoyer leurs opposants «dans les chambres à gaz». Si la plupart des grandes figures du parti les ont condamnés, d'autres ont refusé de le faire, comme le vice-président JD Vance, qui a affirmé que la rhétorique à gauche était bien pire selon lui.
«Les querelles internes sont stupides», a en outre déploré JD Vance la semaine dernière, sans faire explicitement référence à l'interview de Nick Fuentes par Tucker Carlson.
Dans une interview au média Vox, l'éditorialiste de centre-droit Jonah Goldberg explique que la polémique autour de l'interview «est un aperçu de plus grands conflits à venir sur ce qu'est la droite, qui peut être toléré comme membre de la coalition, et qui ne peut pas l'être». Il estime que les prises de position de JD Vance ont vocation à élargir sa base de partisans, à un moment où l«es gens essaient déjà de déterminer à quoi ressemblera (l'ère) post-Trump», après 2028.
Pour Jonah Goldberg, la polémique représente ainsi «l'une de ces premières escarmouches dans cette bataille à plus long terme».
