Donald Trump se vante d'être un homme fort. Et c'est exactement ce qu'il voit en Vladimir Poutine.
La relation entre le président américain et son homologue russe, qui s'apprêtent à se retrouver en Alaska vendredi, est celle de deux dirigeants à l'égo surdimensionné qui disent s'admirer, mais sans forcément être proches et qui cultivent volontairement l'ambiguïté, chacun pensant faire prévaloir ses intérêts.
Mais, alors qu'ils étaient proches d'une «bromance» lors du premier mandat de Donald Trump (2017-2021), la relation s'est sérieusement compliquée au cours du second, le président américain étant en colère contre la poursuite de la guerre en Ukraine qu'il juge «ridicule».
Il a dit vouloir «tâter le terrain» vendredi, en espérant une discussion «constructive» avec le maître du Kremlin, auquel il se dit prêt à dire:
Parlant de la rencontre à venir, le secrétaire d'Etat américain, Marco Rubio, a assuré mardi que le président avait besoin de «voir Vladimir Poutine droit dans les yeux pour se faire une idée».
Donald Trump a jugé «très respectueux» de la part de son homologue russe de venir pour ce sommet sur le sol américain. Ce sera seulement le second sommet en tête-à-tête entre les deux hommes après celui d'Helsinki en 2018.
Trump assure entretenir depuis «toujours de très bonnes relations» avec Poutine, qu'il qualifie d'intelligent et se targue de le connaître très bien, même s'il a aussi pu le décrire comme étant «complètement fou» alors que les missiles pleuvaient sur l'Ukraine.
De son côté, Vladimir Poutine a salué la «sincérité» du milliardaire républicain pour sa volonté d'instaurer la paix en Ukraine.
Depuis son retour au pouvoir en janvier, le président américain a opéré un rapprochement spectaculaire avec Moscou et son dirigeant, mis au ban de la communauté internationale depuis l'invasion de l'Ukraine en février 2022.
Les deux hommes, âgés respectivement de 79 et 72 ans, se sont entretenus pendant 90 minutes au téléphone le 12 février, affichant tous deux de grandes ambitions pour cette «remise à plat» de leur relation. Dans la foulée, ils avaient dépêché leurs plus hauts diplomates pour une rencontre inédite en Arabie saoudite.
Mais après une série de pourparlers infructueux et la poursuite des bombardements russes, Donald Trump s'est affiché de plus en plus impatient, se disant «très déçu» par Vladimir Poutine.
Poutine «parle bien» en journée et se met «à bombarder tout le monde le soir», relevait-il récemment après un appel téléphonique.
Au total, les deux dirigeants se sont rencontrés six fois, en marge de réunions internationales notamment, chacune de ces réunions ayant eu lieu sous le premier mandat de Donald Trump.
Dans son récent livre «War», le journaliste du Washington Post Bob Woodward écrit que Donald Trump a parlé sept fois à Vladimir Poutine entre son départ de la Maison-Blanche en 2021 et son retour au pouvoir. Le Kremlin a démenti. Mais la date marquante de leur relation reste celle du 16 juillet 2018 à Helsinki, lorsque Trump et Poutine ont tenu leur premier sommet bilatéral dans la capitale finlandaise.
A l'issue d'un tête-à-tête de deux heures, les deux hommes avaient affiché leur volonté d'écrire un nouveau chapitre des relations entre Washington et Moscou.
Mais le président américain avait suscité un tollé en semblant prendre pour argent comptant des assurances du président russe selon lesquelles Moscou n'avait pas tenté d'influencer la campagne présidentielle américaine de 2016, manipulation pourtant attestée de façon unanime par le FBI et les agences américaines du renseignement. Trump avait alors déclaré lors d'une conférence de presse:
La sénatrice démocrate Jeanne Shaheen exprime quant à elle ses craintes dans un communiqué:
Les deux dirigeants ont des approches radicalement différentes: le président américain mise tout sur la transaction, «le deal», alors que le président russe s'inscrit dans le long terme, sûr d'avoir le temps en sa faveur.