Les autorités finlandaises ont commencé cette semaine à confisquer une quarantaine de terrains et de propriétés. Ils appartiennent tous à l'Etat russe: selon les médias finlandais, il s'agit pour la plupart d'appartements, mais aussi d'un immeuble de bureaux et du «centre scientifique et culturel russe» à Helsinki.
En outre, trois propriétés situées sur la mer Baltique, une sur la côte sud et deux sur les îles Åland entre la Finlande et la Suède, sont concernées.
C'est là, près du village de Saltvik, que se trouve une parcelle de terrain avec un accès direct à la mer, connue sous le nom de «propriété balnéaire de Poutine». En 2010, le propriétaire, l'Etat russe, a divisé une parcelle plus grande, créant ainsi un terrain de 17 000 mètres carrés à la pointe d'un promontoire, idéalement situé pour une propriété avec accès direct à la plage.
Certains ont ensuite spéculé que le chef du Kremlin souhaitait y faire construire une résidence d'été, au bord d'un petit bras de mer et isolée dans la forêt. Il n'y avait toutefois aucune preuve à ce sujet.
Les biens immobiliers confisqués par la Finlande ont une valeur totale de 35 millions d'euros. Un montant que les autorités comptent ensuite reverser à l'Ukraine. Car l'action contre les propriétés russes n'est pas un acte politique, mais fait suite à une instruction judiciaire. En effet, le groupe énergétique public ukrainien Naftogaz avait assigné la Russie devant la Cour permanente d'arbitrage de La Haye parce qu'il avait perdu d'énormes réserves de gaz et des infrastructures suite à l'annexion de la Crimée en 2014.
La Russie a été condamnée par le tribunal à payer des indemnités de plus de 5 milliards d'euros - ce que le Kremlin refuse de faire. Naftogaz a donc appelé l'Occident à confisquer des biens russes en guise de compensation.
La saisie est désormais une première mesure de sécurité prise par les autorités finlandaises. Les biens immobiliers ne peuvent plus être transformés, modifiés, vendus ou loués, mais l'utilisation actuelle reste pour l'instant autorisée. Le Kremlin a néanmoins réagi avec colère cette semaine: la Russie défendra ses intérêts et contestera juridiquement la démarche de la Finlande, a assuré le porte-parole de Poutine, Dimitri Peskov. L'ambassade russe à Helsinki a également vivement protesté, affirmant que la Finlande enfreignait le droit international.
Les biens immobiliers sont devenus la propriété de la Russie après la Seconde Guerre mondiale, lorsque l'Union soviétique a posé des exigences à la Finlande qui soutenait l'Allemagne nazie. Cela impliquait que la propriété foncière des Allemands en Finlande soit transférée à l'Union soviétique, puis à la Russie. La Finlande n'a jamais modifié les anciennes lois correspondantes. Même ces dernières années, on ne voyait pas de risque dans les terrains, bien que certains soient situés non loin d'installations militaires.
Les terres de la famille d'Ulf Grüssner sur Åland, dont la mère finlandaise avait épousé un Allemand, ont par exemple été concernées par les expropriations forcées par les Soviétiques. L'homme de 84 ans se bat depuis des décennies pour la restitution des biens immobiliers, qui tombent aujourd'hui en ruine. Mais la Russie insiste sur les conditions de propriété en vigueur depuis 1947.
Les récentes actions des autorités finlandaises réjouissent énormément Ulf Grüssner. A ses yeux, il n'est pas important que l'Etat ou la commune soit propriétaire du bien immobilier. Tout ce qui compte, c'est que ce ne soit «pas les Russes».
(Traduit et adapté par Chiara Lecca)