Les enfants Jubillar sont un «indice de culpabilité» contre leur père
Au procès de Cédric Jubillar, jugé pour le meurtre de son épouse Delphine, les enfants du couple sont absents des bancs des parties civiles, mais il ne se passe pas un jour sans que leurs noms ne résonnent dans le palais de justice d'Albi.
Louis et Elyah, âgés de 11 et 6 ans aujourd'hui mais qui n'avaient que 6 ans et 18 mois lors de la disparition de leur mère, sont au cœur du dossier à plusieurs titres: le petit Louis est, d'abord, le dernier à avoir vu sa mère, le soir du 15 décembre 2020.
Chercher la vérité dans les yeux d'un enfant
Une gendarme a raconté lundi comment elle avait recueilli, dès le 16 décembre, puis le 21 janvier 2021, le témoignage de Louis quant à cette soirée fatidique au cours de laquelle Delphine a mystérieusement disparu.
L'enquêtrice, formée à un protocole d'origine américaine visant à éviter d'influencer les enfants entendus, a décrit comment elle avait établi un lien de confiance avec le petit garçon, avant de lui permettre d'expliquer ce qu'il avait vu, en s'appuyant sur le dessin, qu'il affectionnait, ou en le laissant mimer, avec des poupées, les interactions aperçues entre ses parents.
Lors de ces deux auditions, puis d'une troisième devant les deux juges d'instruction, l'enfant s'est souvenu de plus en plus de détails, pour finalement raconter avoir entendu ses parents se disputer et les avoir vu s'empoigner, avant d'aller se coucher de peur d'être grondé.
Son témoignage contredit les déclarations de son père, qui a toujours assuré s'être couché tôt et avoir découvert la disparition de son épouse au petit matin, réveillé par les pleurs d'Elyah.
Un schéma de violence également sur les enfants
Pour les parties civiles, Louis et Elyah sont aussi la preuve que Delphine Jubillar, née Aussaguel, n'est pas partie volontairement. Mathieu, le petit frère de la disparue, estime:
L'accusation et les parties civiles brossent en creux le portrait de Cédric Jubillar, au moyen des deux enfants, placés chez la sœur aînée de Delphine, en juin 2021 lors de l'incarcération de leur père.
Louis, qui a depuis demandé à prendre le nom de sa mère, a ainsi été, malgré lui, depuis le début du procès, le symbole de l'«impulsivité» et de la «violence» que les parties civiles attribuent à Cédric Jubillar. Comme l'a expliqué une avocate des enfants, Malika Chmani:
Elle ajoute ensuite:
Des témoignages glaçants
A l'audience, la meilleure amie de Delphine a par exemple raconté que Cédric Jubillar avait un jour frappé son fils avec une tong si fort que le corps du petit garçon «oscillait sous les coups». Sa tante a raconté comment, l'enfant qu'elle avait envoyé au coin, s'y était spontanément installé à genoux, mains sur la tête, tout en précisant que «chez lui, c'était sur des Lego». Coups, gifles… les témoignages ont été nombreux.
Cédric Jubillar, qui porte le nom de son fils tatoué dans le cou, mais avait expliqué au premier jour du procès avoir «reproduit le schéma» subi auprès de son beau-père pendant son enfance, a reconnu:
Une culpabilité qui laisse peu de place au doute
Pauline Rongier, avocate spécialisée dans les violences conjugales, qui représente une amie de la disparue, explique:
Les avocats de la défense, quant à eux, pointent le fait qu'une seule témoin, sur des centaines de personnes entendues, parle de violence physique à l'égard de la disparue. Comme l'a expliqué Me Alexandre Martin: