International
France

France: Macron veut renforcer le droit à l'avortement

avortement france
Des manifestants dans les rues pour un droit à l'avortement inscrit dans la Constitution (mercredi à Paris).source: az

Macron veut renforcer le droit à l'avortement et ça cache une stratégie

Emmanuel Macron veut inscrire la «liberté» d'avorter dans la Constitution française. Une annonce, en réaction aux nouvelles restrictions en vigueur aux Etats-Unis, dont le timing n'est pas innocent.
10.03.2023, 16:5010.03.2023, 16:50
Stefan Brändle, Paris / ch media
Plus de «International»

Emmanuel Macron a déclaré, à l'occasion de la Journée internationale de la femme, que les femmes devaient être libres d'interrompre une grossesse non désirée et que ce droit devait être inscrit dans la Constitution. La révision de ce droit fondamental devrait être prête «dans quelques mois».

L'objectif est clair, même s'il n'est pas dit: un gouvernement ne doit plus pouvoir remettre en question le droit à l'avortement. Certains craignent que cela arrive suite à une victoire de la droite populiste aux élections présidentielles de 2027.

Marine Le Pen s'est toutefois prononcée en faveur d'une interruption de grossesse jusqu'à 14 semaines. Après quelques hésitations, elle est même favorable à l'inscription dans la Constitution.

En France, tous les partis soutiennent ainsi le droit à l'avortement peut-être le plus libéral d'Europe. «L'interruption volontaire de grossesse», appelée simplement «IVG» dans le langage populaire, remonte en France au début des années soixante-dix.

Les frais d'intervention sont remboursés par la caisse d'assurance maladie et aucun entretien de conseil n'est obligatoire. La pilule du lendemain, tout comme les préservatifs depuis peu, est disponible en pharmacie sans ordonnance.

avortement constitution macron
Macron après son annonce de la révision de la Constitution, mercredi.source: az

Une diversion?

Lors des premiers débats de ces derniers mois, l'Assemblée nationale et le Sénat avaient tous deux suggéré une telle révision de la Constitution. Selon les sondages, 81% des Françaises et des Français sont favorables à l'inscription dans la Constitution. L'Eglise catholique est plutôt en retrait sur la question de l'IVG, n'étant plus guère consultée à ce sujet.

Maintenant que le président de la République a pris l'initiative, il suffit d'une majorité des trois cinquièmes des parlementaires. Si ces derniers avaient eux-mêmes lancé la révision de la Constitution, un référendum populaire aurait été nécessaire.

Avec cette révision, Macron tente également d'envoyer un signal politique à la gauche. Car ce n'est pas un hasard si son annonce intervient en plein milieu des violentes manifestations contre la réforme très controversée des retraites. Il n'est toutefois pas certain que le président parvienne ainsi à adoucir les grévistes ou du moins à faire un peu diversion.

avortement états-unis
Des militantes pro-avortement à Washington en août 2022.source: az

Réponse aux Etats-Unis

En s'engageant pour les droits des femmes, Macron répond également à l'ambition sociétale de son pays. Et ce, notamment vis-à-vis des Etats-Unis. Plus encore que dans d'autres pays, la France s'indigne de la régression du droit à l'avortement dans certains Etats américains.

Ce fut le cas en juin 2022, lorsque la plus haute juridiction américaine a annulé l'emblématique arrêt «Roe v. Wade»: Le jour même, des voix s'élevaient à Paris pour demander une garantie constitutionnelle du droit libéral français à l'avortement.

La présidente de la «Fondation des femmes», Anne-Cécile Mailfert, a exprimé l'espoir que la révision constitutionnelle française «aura également un impact très fort au niveau international» et «soutiendra les militantes du monde entier».

C'est vendredi, on a le droit de se détendre devant des séries. A ce propos...👇

Vidéo: watson
Ceci pourrait également vous intéresser:
1 Commentaire
Comme nous voulons continuer à modérer personnellement les débats de commentaires, nous sommes obligés de fermer la fonction de commentaire 72 heures après la publication d’un article. Merci de votre compréhension!
1
L'UE juge «intenable» la situation à Gaza, la Suisse est «alarmée»
Alors que Benjamin Netanyahu a déclaré vouloir «conquérir» la bande de Gaza, l'Union européenne et la Suisse s'inquiètent de la situation dans l'enclave palestinienne. L'ONU accuse Israël d'utiliser l'aide humanitaire comme «arme» de guerre.

La cheffe de la diplomatie de l'Union européenne, Kaja Kallas, a jugé mardi «intenable» la situation à Gaza. Cela à l'heure où un ministre du gouvernement de Benjamin Netanyahu a prévenu que le territoire palestinien serait «totalement détruit».

L’article