En France, Michel Barnier, qui a promis «des changements et des ruptures» dès sa nomination comme premier ministre, a entamé des consultations vendredi avec son prédécesseur et les dirigeants de son parti de droite, qui ont posé leurs conditions pour une participation à un gouvernement.
Le nouvel homme fort de Matignon a fixé parmi ses priorités de «maîtriser les flux migratoires avec des mesures concrètes», revaloriser le travail et ne pas augmenter la dette de la France, dans sa première interview, vendredi soir sur la chaîne TF1.
Michel Barnier devra user de toutes ses qualités diplomatiques pour former un gouvernement susceptible de mettre fin à la plus grave crise politique de la Ve République - le régime politique en vigueur en France depuis 1958.
Sur TF1, le chef du gouvernement, nommé jeudi, a vanté sa «capacité à négocier», lui qui fut commissaire européen, et assuré qu'il «respectait» les électeurs du Rassemblement national même s'il n'avait «rien en commun» avec le parti d'extrême droite.
L'ancien ministre de droite a justifié sa nomination par sa «capacité de négocier, de mettre des gens ensemble, de les respecter, de les écouter»:
Interrogé sur le déficit public abyssal, qui devrait se creuser encore à 5,6% du PIB cette année, le Premier ministre a répondu:
Il s'est aussi dit favorable à une «amélioration» de la réforme controversée sur les retraites sans pour autant «tout remettre en cause».
Partisan en 2021 d'un report de l'âge légal à 65 ans, M. Barnier s'est refusé à dire s'il reviendrait sur le décalage de 62 à 64 ans inscrit dans la réforme adoptée au forceps en 2023.
Chargé de «constituer un gouvernement de rassemblement au service du pays», l'expérimenté ex-négociateur européen du Brexit âgé de 73 ans se sait déjà en sursis et va devoir trouver les bons équilibres pour ne pas tomber à la première motion de censure. Il s'est aussi dit vendredi soir disposé à ouvrir son gouvernement à des «gens de gauche».
Mais le nouveau Premier ministre ne pourra a priori pas compter sur la gauche:
A l'extrême droite, le RN n'ira pas non plus au gouvernement mais ne votera pas de censure sauf si «le Premier ministre s'éloignait terriblement de (ses) attentes» sur le pouvoir d'achat, l'immigration, l'insécurité ou l'instauration de la proportionnelle, selon son vice-président Sébastien Chenu.
Une positionnement qui fait dire à la gauche que le RN est désormais le «faiseur de rois». (jch/ats)