Alors que l'Ukraine annonce des succès dans sa contre-offensive, la partie russe doute de la capacité de ses troupes à se défendre. Le commandant de Vostok, régiment russe qui se bat dans le sud-est de l'Ukraine, a déploré sur les réseaux sociaux la pression physique et mentale exercée sur ses soldats.
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Dans une publication Telegram, Alexandre Khodakovski doute que ses soldats «épuisés» soient capables de repousser une offensive ukrainienne dans la zone frontalière entre Donetsk et Zaporijia. C’est ce qu’a rapporté vendredi dernier le think tank américain Institute for the Study of War (ISW).
La défense russe dans le sud-est de l’Ukraine serait-elle en train de s’effondrer? Posté près d'Urozhaine, un village repris par l’Ukraine en août, Alexandre Khodakovski écrit que ses troupes sont constamment sous le feu de l’artillerie ukrainienne – et peuvent difficilement riposter. Selon le commandant de la brigade Vostok, il faudrait plusieurs jours avant que les forces armées russes puissent bombarder les positions ukrainiennes dans la région. Les défenses antiaériennes de Kiev empêchent également l'utilisation de drones de reconnaissance.
Tout cela engendre «un stress physique et mental extrême» pour le régiment. L'officier russe a prévenu que la pression affecterait la capacité de ses troupes à se défendre en cas d'offensive ukrainienne dans la région.
Pour l'ISW, les déclarations d'Alexandre Khodakovski «ne témoignent pas forcément d'un phénomène plus large au sein de la défense russe». Elles reflètent toutefois «la situation locale dans un secteur important de la ligne de front», ainsi que «la situation des formations militaires annexes souvent négligées, comme le régiment Vostok de Khodakovski».
Ce n'est pas la première fois qu'Alexandre Khodakovski se plaint des conditions de la défense russe. Le commandant est un Ukrainien né à Donetsk, dans l'Est de l'Ukraine, qui a changé de camp en 2014 et fondé le bataillon prorusse Vostok. Ce régiment fait partie intégrante de l'armée russe. Dans la guerre contre l'Ukraine, il se bat donc aux côtés du Kremlin. Dès la mi-août, Khodakovski a commencé à émettre de sérieux doutes sur les capacités militaires de la Russie à battre l'Ukraine.
Fin août, il a ensuite demandé aux forces russes, qui se réjouissent déjà «d'enterrer leur ennemi dans un futur qu'ils espèrent proche», de ne pas perdre de vue la lutte quotidienne des soldats contre les troupes ukrainiennes. Selon les experts de l'ISW, Khodakovski semble penser que les commandants russes de haut rang sont tombés dans le piège et laissent la situation se dégrader sur le front, au point que la capacité de défense est désormais compromise.
Il se pourrait d'ailleurs que l'Ukraine ait récemment lancé l'offensive qu'il redoute tant: la brigade Vostok a indiqué dimanche sur Telegram que les troupes ukrainiennes se concentraient désormais sur sa zone de défense, et que les tirs s'étaient intensifiés.
En l'espace de deux heures, les troupes ukrainiennes auraient tiré plus de 60 obus sur Novomaïorsk dimanche matin. L'Ukraine peut se permettre ces tirs en masse grâce aux livraisons occidentales. «Nous n'avons pas de reconnaissance satellite fiable au-dessus de l'Ukraine, pas plus que d'informations logistiques pour arrêter les livraisons de munitions dans la zone de front», se plaint le régiment Vostok.
Les Ukrainiens comptent déjà une victoire importante dans la région avec la conquête d'Urozhaine en août. Selon un article du New York Times, les Russes avaient entouré le village de deux lignes de tranchées et d'un système de tunnels pour le défendre – en vain. Après plusieurs jours de combats, les forces russes ont dû se retirer.
Si les troupes ukrainiennes parviennent à poursuivre leur progression dans la région à travers les lignes de défense russes, une deuxième voie pourrait s'ouvrir en direction de la mer d'Azov, située à environ 90 kilomètres. L'Ukraine se rapprocherait ainsi de l'objectif de sa contre-offensive.
Pas plus tard que ce week-end, le général en chef de la contre-offensive ukrainienne, Oleksandr Tarnavsky, a déclaré dans une interview au journal britannique The Observer que ses troupes ont percé la première ligne de défense russe, plus à l'ouest. L'Ukraine avait déjà annoncé la reconquête du village de Robotyne. Selon Tarnavsky, les troupes ukrainiennes se trouvent désormais entre la première et la deuxième ligne de défense dans la région de Zaporijia.
En réaction, la Russie rassemble désormais ses troupes dans la région afin de renforcer sa défense. Le général en chef ukrainien Oleksandr Tarnavsky veut y croire:
Avec sa contre-offensive, l'Ukraine veut libérer de l'occupation russe les régions de Zaporijia, Donetsk, Louhansk et Kherson. L'objectif de Kiev est également de reconquérir la Crimée, péninsule de la mer Noire que Moscou avait annexée en 2014 en violation du droit international.
Interprété de l'allemand par Tanja Maeder