International
Poutine

Erdogan se range du côté de Poutine sur l'accord des céréales

Le président turc Recep Tayyip Erdogan et le chef d'État russe Vladimir Poutine se sont rencontrés à Sotchi.
Le président turc Recep Tayyip Erdogan et le chef d'État russe Vladimir Poutine se sont rencontrés à Sotchi.Keystone

Poutine et Erdogan ont un nouveau plan commun

Lors de sa visite en Russie, Recep Tayyip Erdogan a tenté de raviver l'accord céréalier avec Moscou. Le chef d'Etat russe a eu une autre idée.
05.09.2023, 12:3505.09.2023, 12:41
Susanne Güsten, Istanbul / ch media

Une poignée de main chaleureuse, un sourire amical, une brève discussion sur la magnifique verdure de la région de la mer Noire en été: dès le début de leur rencontre dans la station balnéaire russe de Sotchi, le président turc Recep Tayyip Erdogan et le chef d'État russe Vladimir Poutine ont démontré lundi, devant les caméras, que leur relation personnelle était intacte malgré les divergences de ces derniers mois.

A Sotchi, les présidents n'ont certes pas réussi à s'entendre sur une réactivation de l'accord d'Istanbul sur les céréales qui avait été dénoncé par la Russie. Ils ont toutefois annoncé une initiative commune visant à approvisionner les pays africains en farine produite à partir de céréales russes. Ce projet contournerait l'Ukraine.

En s'entretenant à Sotchi, Poutine a signalé qu'il n'était pas du tout isolé en dépit d'un an et demi de guerre en Ukraine et qu'il compte un chef d'Etat de l'Otan parmi ses alliés. Erdogan a quant à lui montré à l'Occident que son rapprochement avec les Etats-Unis et l'Europe au cours des derniers mois ne devait pas être interprété comme un éloignement de Poutine.

Dans le conflit sur l'accord céréalier, Erdogan s'est rangé du côté de la Russie et a déclaré que les exigences de Moscou n'avaient pas été satisfaites jusqu'à présent. L'Ukraine doit être plus encline au compromis, a déclaré le chef d'Etat turc.

Les divergences éliminées

La dernière rencontre personnelle entre les deux présidents remonte à près de onze mois. Depuis, Erdogan a approuvé l'adhésion de la Finlande, voisine de la Russie, à l'Otan. Il a également renvoyé chez eux des soldats ukrainiens qui, selon un accord avec Moscou, auraient dû rester en Turquie.

En juillet, Poutine a snobé Erdogan en retirant la Russie de l'accord céréalier d'Istanbul. Pourtant, ces divergences semblaient avoir disparu lorsqu'Erdogan est descendu de sa voiture lundi devant la résidence de Poutine à Sotchi avant d'être salué par le chef du Kremlin qui l'attendait.

Au contraire. Erdogan a fait l'éloge de l'étroite coopération économique entre les deux pays et a déclaré que le commerce bilatéral devrait à l'avenir s'effectuer en lires et en roubles. L'abandon du dollar américain dans le commerce turco-russe resserrerait les liens entre les deux pays.

Poutine a déclaré à Sotchi que l'Occident avait trompé la Russie.
Poutine a déclaré à Sotchi que l'Occident avait trompé la Russie.Keystone

Moscou veut également installer en Turquie un centre de distribution pour la revente du gaz naturel que l'Occident ne veut plus acheter. Contrairement à l'Europe, la Turquie continue à acheter beaucoup de gaz russe et fait construire sa première centrale nucléaire par des entreprises russes. Poutine a déclaré qu'Erdogan et lui avaient amené les relations entre les deux pays à un «très bon et haut niveau».

En ce qui concerne l'accord céréalier d'Istanbul, Poutine a déclaré à Sotchi que l'Occident avait trompé la Russie. Moscou avait justifié son retrait de l'accord par une prétendue entrave des exportations russes par l'Occident. La Russie a posé des conditions à la relance de l'accord d'Istanbul. Parmi celles-ci figurent la réadmission de la banque agricole russe au système de paiement international Swift ainsi que des facilités pour les exportations russes de céréales et d'engrais.

Poutine a assuré que son pays reviendrait à l'accord d'Istanbul dès que les exigences russes seront satisfaites.

En attendant, la Russie et la Turquie veulent négocier sans l'Ukraine. A Sotchi, Erdogan a accepté la proposition russe de transporter un million de tonnes de céréales de la Russie vers la Turquie, de les transformer en farine et de les exporter ensuite gratuitement vers les pays africains dans le besoin. Le riche émirat du Qatar est prêt à financer cette initiative, a déclaré Erdogan.

Poutine a déclaré que le modèle russo-turc n'était pas une alternative à l'accord céréalier d'Istanbul, mais une initiative visant à résoudre la crise alimentaire en Afrique. Dans la pratique, cela exclut toutefois l'Ukraine des exportations.

Depuis le retrait de Poutine de l'accord d'Istanbul, la Russie attaque régulièrement les ports céréaliers ukrainiens. Le nouvel accord turco-russe n'oblige pas le Kremlin à mettre fin à ces attaques. Poutine a accusé l'Ukraine d'utiliser des couloirs de navigation humanitaires en mer Noire à des fins militaires.

Traduit et adapté par Nicolas Varin

Vladimir Poutine dans tous ses états

1 / 10
Vladimir Poutine dans tous ses états
Poutine en mode chasseur, 2010.
source: ap ria novosti russian governmen / dmitry astakhov
partager sur Facebookpartager sur X
Ceci pourrait également vous intéresser:
Avez-vous quelque chose à nous dire ?
Avez-vous une remarque ou avez-vous découvert une erreur ? Vous pouvez nous transmettre votre message via le formulaire.
1 Commentaire
Comme nous voulons continuer à modérer personnellement les débats de commentaires, nous sommes obligés de fermer la fonction de commentaire 72 heures après la publication d’un article. Merci de votre compréhension!
1
On a pris le «train tueur» qui fait un mort tous les 13 jours
Inaugurée en 2018, la très chic ligne ferroviaire Brightline, en Floride, est surnommée le «train de la mort». Reliant Miami à Orlando, en passant non loin du stade de Messi et du Mar-a-Lago de Trump, ce réseau est le plus meurtrier des Etats-Unis, au kilomètre. Après un premier trajet sans encombre, deux collisions simultanées avec des voitures nous priverons de voyage.
Tout (mais alors, absolument tout) sépare la Brightline, en Floride, de nos chers Chemins de fer fédéraux. Disons-le d’emblée, prendre un train dans le quartier d’Overtown à Miami, entre une grappe de palmiers et un snack de chez Joe And The Juice, c’est plus excitant que de penduler entre Genève et Lausanne. Pour le porte-monnaie, déjà. Il faut en effet débourser 19 dollars (15 francs suisses) si l’on veut rejoindre West Palm Beach, à un peu plus de 105 kilomètres de là.

Pour parcourir la même distance en Suisse, il en coûtera un peu moins de 40 balles, plein tarif, à un Américain égaré dans nos contrées. (Sorry, not sorry.)
L’article