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Guerre contre l'Ukraine

La situation est de plus en plus dangereuse pour Prigojine

La situation est de plus en plus dangereuse pour Prigojine

Le chef de Wagner a insulté le commandement militaire russe avec une violence sans précédent et lui a reproché l'approvisionnement insuffisant en munition. Depuis, Evgueni Prigojine a fait marche arrière pour de solides raisons...
09.05.2023, 11:5817.05.2023, 16:04
Bojan Stula / ch media
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Plein d'espoir, l'Occident a accueilli avec avidité l'annonce faite dans la vidéo de colère d'Evgueni Prigojine selon laquelle le chef des mercenaires russes retirerait ses unités Wagner de Bakhmout d'ici le 10 mai. Le monologue, ponctué d'insultes et de jurons, a dominé la couverture médiatique mondiale de l'Ukraine vendredi et samedi.

La vidéo en question 👇

Vidéo: watson

Mais moins de 48 heures plus tard, il était déjà clair que tout n'était que spectacle, tout n'était que bluff — une fois de plus. Dans un nouveau message vidéo, Prigojine a fait marche arrière. Les troupes de Wagner continueront à se battre à Bakhmout après le 10 mai. Le ministère russe de la Défense a promis de livrer les munitions qu'il avait réclamées dans son discours incendiaire, a expliqué Prigojine pour justifier ce soudain revirement.

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Remporter Bakhmout pour le 9 mai

Cette prétendue promesse n'a pas encore été confirmée par les autorités russes. Des attaques massives contre les positions ukrainiennes à Bakhmout au cours du week-end, avec des unités Wagner comme fer de lance, ont toutefois souligné deux choses:

  1. Evgueni Prigojine a perdu les derniers vestiges de sa crédibilité.
  2. La Russie tenterait de s'emparer, à la dernière minute, entièrement de Bakhmout en vue de la grande fête du 9 mai à Moscou.
Bakhmout, carte.

Mardi, le «Jour de la victoire» célébré en Russie, rien ne laissait présager une telle victoire. La situation, sur le front est ukrainien, restait «tendue, mais sous contrôle», selon le commandant responsable Oleksandr Syrsky. Le colonel-général ukrainien a souligné dans un communiqué comment l'agresseur russe faisait tout pour «prendre le contrôle de Bakhmout».

A cette fin, les tirs d'armes lourdes russes se sont intensifiés ces derniers jours. La mission de ses troupes reste «d'empêcher la prise de Bakhmout pour le 9 mai», a précisé Syrsky.

Règlement de compte au plus haut du pouvoir

Si, en revanche, les troupes russes ne parviennent pas à s'imposer rapidement, un règlement de comptes public aura lieu avec les responsables. Kurt Pelda, reporter de guerre pour CH-Media, voit là le véritable calcul derrière le cri de Prigojine: avec son coup de gueule, le chef de Wagner voulait faire porter la responsabilité de l'échec de la conquête de Bakhmout – une fois de plus et cette fois-ci de manière particulièrement claire – au ministre de la Défense Sergueï Choïgou et au chef d'état-major général Valeri Guerassimov.

Au cours des derniers mois, Prigojine a dû se rendre compte qu'il était le plus mal placé dans la lutte de pouvoir qui l'oppose au commandement militaire russe. Il ne reçoit de l'armée que le ravitaillement que celle-ci autorise, et l'interdiction de continuer à recruter des prisonniers a été une réprimande sans équivoque. En conséquence, le langage de Prigojine devient de plus en plus radical et ses apparitions de plus en plus... bizarres.

Quelques exemple 👇

Prigojine est «prisonnier du système Poutine»

L'expert militaire allemand Ralph Thiele a rappelé dans une interview avec t-online que Prigojine devait être vu comme «prisonnier du système Poutine». Ses vidéos ne seraient guère plus qu'un «match d'exhibition». Prigojine n'est – et de loin – pas aussi indépendant et influent que notre regard extérieur sur ce chef sanguin et polémique pourrait le faire croire.

Certes, le président russe Vladimir Poutine aime toujours que ses subordonnés s'entredéchirent, confirme l'ancien chef de la CIA pour l'Europe de l'Est Steve Hall sur CNN, car cela rend le souverain du Kremlin encore plus inattaquable. Cela explique également les nombreux conflits dans le sillage du maître du Kremlin. Mais même au vu de la tolérance de ce dernier jusqu'à présent, il devrait être de plus en plus risqué pour le chef de Wagner d'explorer «jusqu'où il peut aller dans la lutte pour le pouvoir avec l'état-major russe».

Prigojine doit se méfier

Comparé aux deux principaux militaires russes, le chef des mercenaires et son attitude de franc-tireur n'est pas «indispensable» aux yeux de Poutine, constate l'expert militaire Thiele. Même le chef tchétchène Ramzan Kadyrov joue un rôle plus important aux yeux de Poutine, car il veille à une stabilité favorable à la Russie dans l'ancien territoire rebelle. Après la menace de retrait de Prigojine, Kadyrov a immédiatement proposé son unité spéciale tchétchène pour remplacer Wagner à la place de Bakhmout.

L'expert en stratégie autrichien et colonel d'état-major Markus Reisner a récemment décrit l'aversion de l'élite dirigeante russe pour le nouveau venu de Wagner. A leurs yeux, Prigojine n'est tout simplement pas de leur monde, c'est pourquoi il ne pourra jamais être le successeur de Poutine. Au contraire, Prigojine doit veiller à ne pas dépasser les limites: car celui qui fait trop de bruit, dans la Russie d'aujourd'hui, peut «chuter par la fenêtre d'un l'hôpital», prévient Ralph Thiele en référence aux morts suspectes de nombreux oligarques. Est-ce que le rétropédalage du chef de Wagner est en partie lié à cette prise de conscience? C'est la question. (aargauerzeitung.ch)

Traduit et adapté par Noëline Flippe

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