Notre journaliste Kurt Pelda, qui renseigne CH Media et watson sur l'état du front ukrainien depuis le début de l'invasion russe, est désormais ciblé par un mandat d'arrêt du Kremlin. Celui-ci a été émis par le puissant service de renseignement intérieur FSB, qui n'a que peu apprécié qu'il se rende avec les troupes ukrainiennes sur le territoire russe conquis par ceux-ci. Interview.
Le FSB a ouvert une procédure contre vous. Cette annonce vous a-t-elle surpris?
Kurt Pelda: Non, c'était prévisible. Il y a à peine un mois, mon nom avait déjà été mentionné lors d'une conférence de presse du ministère russe des Affaires étrangères.
Ce qui est certain, c'est que si je devais être arrêté et jugé en Russie, je n'aurai pas le droit à un procès digne d'un vrai Etat de droit.
Comment cela va-t-il influencer votre travail de reporter de guerre?
Je devrai être encore plus prudent, à l'avenir. Il me faudra par exemple éviter les pays qui pourraient être tentés de m'arrêter pour me livrer au gouvernement russe.
Lesquels?
Je pense notamment à des pays africains sous influence russe, comme le Mali, le Niger ou le Burkina Faso. Il y a aussi évidemment l'Iran, la Syrie ou le Venezuela, où je me suis déjà souvent rendu. Je crois qu'il est aussi logique de définitivement rayer la Corée du Nord de ma liste de destinations potentielles.
Et en Ukraine, qu'est-ce qui va changer?
Je vais continuer à travailler là-bas comme d'habitude. Je me sens en sécurité en Ukraine et hors d'atteinte de la part des Russes. Même plus qu'en Suisse.
Comptez-vous retourner un jour en Russie?
Si une nouvelle occasion de me rendre sur le territoire russe avec les troupes ukrainiennes se présente, je pense que je la saisirai.
Où êtes-vous en ce moment et quelle sera votre prochaine destination?
Je suis actuellement en Israël, un pays que j'estime très sûr. Mais à l'avenir, je serai plus discret sur mes projets de voyage. Il s'agit de rester prudent.
Traduit et adapté par Noëline Flippe