Joe Biden n'a pas perdu de temps. A peine le Congrès a-t-il approuvé le nouveau paquet d'aide pour l'Ukraine, que le président américain a signé la loi correspondante, mercredi. Les livraisons d'armes commenceront «dans les prochaines heures», a déclaré le démocrate de 81 ans.
En fait, le département américain de la défense avait déjà tout préparé. Selon les médias, les forces armées américaines auraient préparé dans leurs bases en Europe des munitions et des véhicules prêts à être expédiés, afin que tout puisse commencer dès que le Congrès lèverait son blocus. La majeure partie des armes américaines devrait désormais être acheminée dans le pays via la ville frontalière polonaise de Rzeszów qui, avec son aéroport régional, est devenue le véritable centre logistique de l'aide à l'Ukraine.
Le Pentagone a publié mercredi soir une liste de ce que l'Ukraine recevra exactement en armes de Washington. Il en ressort que le dernier paquet s'élève à environ un milliard de dollars: il contient notamment des obus d'artillerie de 155 et 105 millimètres dont elle a un besoin urgent, de nouvelles munitions pour les lance-roquettes Himars, des véhicules blindés de combat d'infanterie Bradley et d'autres véhicules blindés, des missiles antiaériens portables Stinger et des armes antichars.
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Par ailleurs, les Etats-Unis ont confirmé pour la première fois qu'ils avaient livré à l'Ukraine en mars un nombre non précisé de missiles de précision à moyenne portée dits ATACMS. Ceux-ci sont considérés comme très efficaces et peuvent voler jusqu'à 300 kilomètres.
Jusqu'à présent, les Etats-Unis n'avaient livré que la «version de 165 kilomètres», par crainte que les Ukrainiens n'attaquent des cibles à l'intérieur de la Russie. Mais selon les médias américains, le fait que la Russie ait reçu en janvier des missiles à longue portée de la Corée du Nord et les ait déployés a été un facteur décisif dans cette nouvelle approche.
Les Ukrainiens auraient déjà utilisé les nouveaux missiles ATACMS en provenance des Etats-Unis. Par exemple la semaine dernière lors du bombardement d'un aéroport militaire russe sur la péninsule de Crimée occupée, à environ 160 kilomètres de la ligne de front.
Ce qui ne figure en revanche pas sur la liste des Américains: les systèmes de défense antiaérienne Patriot. La semaine dernière, le président ukrainien Volodymyr Zelensky a expressément demandé à ses alliés de lui fournir des unités supplémentaires de cette arme, afin de pouvoir se défendre contre les attaques continues de la Russie par missiles guidés, drones et autres bombes planantes.
Un système Patriot se compose d'une unité radar, d'un module de commande, de plusieurs lanceurs et peut contrôler jusqu'à 50 cibles simultanément. Jusqu'à présent, l'Ukraine n'a reçu qu'une poignée de Patriot de l'Occident. Le pays a désormais besoin de sept systèmes supplémentaires pour protéger ses plus grandes villes contre les missiles russes, selon Volodymyr Zelensky.
La raison pour laquelle les Américains, qui possèdent des dizaines de Patriots dans leurs stocks, ne les livrent pas, n'est pas connue. Il est possible qu'ils veuillent laisser cette tâche aux Européens.
En Europe, l'Allemagne, la Grèce, les Pays-Bas, la Pologne, la Roumanie et l'Espagne disposent de systèmes Patriot. L'Allemagne a déjà livré trois systèmes à l'Ukraine, le dernier il y a quelques jours seulement. La semaine dernière, le secrétaire général de l'Otan Jens Stoltenberg a encouragé les alliés à regarder à nouveau dans leurs stocks. Les incitant à en livrer davantage à l'Ukraine, quitte à réduire leur propre capacité de défense.
Parmi les pays européens, ce sont probablement l'Espagne et la Grèce qui pourraient entrer en matière, car la Pologne et la Roumanie sont trop exposées sur leur flanc est.
Sur les quatre systèmes espagnols, trois sont affectés à la défense du flanc sud de l'Otan et un autre est stationné à la frontière turque avec la Syrie. Ce dernier serait potentiellement éligible à un transfert, même si le gouvernement espagnol reste encore discret.
Outre les Patriots, la Grèce dispose aussi de systèmes de défense antiaérienne S-300 de conception soviétique, que l'Ukraine connaît bien. Jusqu'à présent, Athènes ne souhaite pas renoncer aux Patriots pour des raisons de sécurité régionale, en raison de l'agressivité de son voisin turc, avec lequel les tensions bilatérales sont récurrentes.
L'Italie, la France et le Royaume-Uni ne peuvent pas livrer de Patriot, pour la simple raison qu'ils n'en ont pas. La France et l'Italie misent à la place sur leur propre développement du SAMP-T, dont l'Ukraine a également reçu un système l'année dernière.
Selon Emmanuel Macron, il n'y a guère de possibilités pour la France de se priver davantage de SAMP-T. La France a besoin de ces systèmes pour la protection de ses armes nucléaires. En outre, deux systèmes ont été mis à disposition pour les Jeux olympiques de Paris et un autre est en Roumanie pour le compte de l'Otan. Le président français s'est montré plus ouvert à des livraisons supplémentaires du système Crotale, dont la portée est moindre.
Vendredi, les soutiens occidentaux de l'Ukraine se réuniront à nouveau dans le cadre du «groupe Ramstein». C'est au plus tard à ce moment-là que l'on devrait savoir qui fournira quelle capacité de défense aérienne – ou si les Ukrainiens devront continuer à attendre.
Traduit et adapté par Tanja Maeder