C'est une lourde défaite pour la Russie en Afrique. Plusieurs dizaines de mercenaires russes du groupe Wagner auraient été tués la semaine dernière lors d'une embuscade tendue par des rebelles touaregs au Mali, en Afrique de l'Ouest. Et voilà que le service de renseignement militaire ukrainien HUR clame publiquement avoir participé à cette embuscade.
Andrij Jussow, porte-parole des services de renseignement, a affirmé lundi à la télévision nationale:
L'espion n'a pas souhaité entrer dans les détails de l'opération. Il a toutefois ajouté: «A suivre.»
Le porte-parole des services de renseignement a justifié l'implication ukrainienne par l'influence croissante de la Russie en Afrique:
La stratégie de Kiev est donc simple: montrer au monde que la Russie n'a plus le potentiel ni les compétences nécessaires pour de telles missions. «Cela signifie que la confiance en eux et en leur capacité à résoudre les problèmes régionaux diminuera.»
Dès lundi, le portail d'actualités Kyiv Post avait également publié une photo montrant des rebelles touaregs avec un drapeau ukrainien. La photo aurait été prise après les combats qui ont duré plusieurs jours. Des sources du service de renseignement ukrainiens ont confirmé l'authenticité de l'image.
L'experte danoise du groupe Wagner, Karen Philippa Larsen, expliquait en juin: «Le groupe Wagner est actif depuis longtemps sur le continent africain». L'armée de mercenaires fait ce que la Russie, en tant qu'État, ne veut pas faire officiellement:
Les mercenaires agissent souvent de manière extrêmement brutale — des rapports font régulièrement état de massacres de civils.
Les informations concernant les pertes parmi les mercenaires lors de l'embuscade divergent. Des chaînes russes proches des mercenaires, dont un ancien commandant des forces dans le nord du Mali, ont évoqué plus de 80 combattants tués et 15 capturés de leur côté.
L'embuscade au Mali n'est pas la première attaque contre les forces russes en Afrique impliquant l'Ukraine. En septembre dernier, les forces spéciales ukrainiennes auraient déjà mené une série d'attaques de drones contre des mercenaires russes au Soudan. En février dernier, le Kyiv Post a en outre fait état d'une vidéo montrant des forces spéciales ukrainiennes interrogeant des soldats russes capturés au Soudan.
Parmi les morts se trouverait également le nouveau commandant de Wagner, Anton Ielizarov — connu sous le nom de guerre «Lotus». Il s'était notamment rendu célèbre en menant la conquête de la ville ukrainienne de Soledar lors de l'invasion russe. D'autres chaînes russes contredisent cette version. Il est possible que Ielisarov ait été d'abord capturé, puis échangé par la suite. Parmi les victimes se trouverait aussi Nikita Fedyanin, l'homme derrière le plus grand canal Telegram pro-Wagner, «Grey Zone».
Le groupe rebelle touareg Cadre stratégique pour la défense du peuple de l'Azawad (CSP-DPA) a annoncé que sept de ses combattants avaient été tués et douze blessés. Selon ses informations, 54 combattants de Wagner auraient été tués. De plus, plusieurs véhicules blindés et un hélicoptère militaire russe Mi-24 auraient été détruits. Les survivants du côté gouvernemental seraient poursuivis en direction de la ville de Kidal, située à plusieurs centaines de kilomètres.
L'armée malienne a annoncé que ses unités s'étaient retirées, mais que le combat se poursuivait. Cinq cibles terroristes ont été bombardées avec succès depuis les airs.
Les combats se sont déroulés autour du village de Tin Zaouatine, à la frontière avec l'Algérie. L'armée malienne a tenté de s'emparer de la localité avec le soutien de la Russie, mais son plan a échoué.
Pour rappel, les Touaregs ont lancé une rébellion en 2012 dans le nord du Mali pour obtenir leur indépendance dans la région du Sahara qu'ils appelaient l'Azawad, pactisant temporairement avec des groupes terroristes islamistes qui se sont depuis répandus dans toute la région. La rébellion touarègue s'est terminée en 2015 par un accord de paix qui accordait plus de droits au peuple du désert.
Cependant, le gouvernement militaire du Mali a officiellement dénoncé l'accord au début de l'année, après que les Touaregs ont accusé la junte de ne pas respecter ses engagements. Peu avant cela, l'armée, avec l'aide des mercenaires russes, avait remporté une victoire importante en reprenant la ville désertique de Kidal aux semi-nomades.
Traduit et adapté par Noëline Flippe