Donald Trump et Vladimir Poutine comptent négocier en personne les conditions d'une fin de la guerre en Ukraine. Pour préparer ce sommet, des émissaires des deux dirigeants se sont réunis mardi à Riyad, la capitale saoudienne. Le président russe a envoyé son conseiller de longue date, Iouri Ouchakov, ainsi que son ministre des Affaires étrangères, Sergueï Lavrov. Mais un troisième homme, moins connu, était aussi de la partie: Kirill Dmitriev, un diplômé de Stanford, très proche du président russe.
Après un entretien avec les représentants de la Maison-Blanche, Dmitriev a déclaré que les «deux grandes superpuissances n’ont pas d’autre choix que de dialoguer». Il a qualifié cette première prise de contact de «très positive».
Kirill Dmitriev, membre du cercle rapproché de Poutine, joue un rôle clé dans ces discussions. Considéré comme un poids lourd de la politique russe, il est né à Kiev en 1975 et a quitté l'Ukraine à l'âge de 14 ans pour les Etats-Unis. Il y a obtenu des diplômes avec mention de l’université Stanford et de la Harvard Business School.
Un événement marquant de sa vie a été sa rencontre avec Natalia Popova, qu’il a ensuite épousée. Popova est une amie de Katerina Tikhonova, la fille cadette de Vladimir Poutine. Les deux femmes ont étudié ensemble à l’université de Moscou, et aujourd’hui, Popova est la vice-directrice de la fondation Innopraktika dirigée par Tikhonova. En 2013, le média The Insider décrivait Dmitriev comme un homme ayant un «accès direct à Vladimir Poutine» et l’une des figures les plus influentes du lobbying pro-Kremlin.
Dmitriev ne se distingue pas uniquement par sa proximité avec Poutine. Il a aussi joué un rôle clé dans les relations avec Donald Trump. Son nom apparaît dans l’enquête menée par Robert Mueller sur l’ingérence russe dans l’élection présidentielle américaine de 2016 remportée par Trump.
L’enquête a révélé qu’en janvier 2017, juste avant l’investiture de Trump, Dmitriev a rencontré Erik Prince, le fondateur de la société militaire privée Blackwater, aux Seychelles. L'objectif de cette rencontre était d'établir un canal de communication entre l’équipe Trump et Moscou. Avec la victoire de Trump aux élections de 2024, Dmitriev est de nouveau impliqué dans la diplomatie russo-américaine.
Selon Reuters, il a participé aux négociations ayant permis l’échange entre l’ancien diplomate et professeur américain Mark Vogel et le Russe Alexandre Vinnik, condamné aux Etats-Unis pour blanchiment d’argent.
La date exacte de la rencontre entre Poutine et Trump reste incertaine, mais les délégations des deux pays ont déjà fait plusieurs annonces importantes à Riyad. Des rumeurs circulaient selon lesquelles Dmitriev, en tant que directeur du fonds d’investissement souverain russe, chercherait principalement à alléger les sanctions imposées à la Russie après le 24 février 2022.
Bien que Dmitriev ait nié cette intention dans une interview à CNN, il semble que la levée des sanctions ait bien été au cœur des discussions entre Moscou et Washington. Le secrétaire d’Etat américain Marco Rubio a annoncé que les deux pays s’étaient entendus pour rétablir le personnel diplomatique dans leurs ambassades respectives à Washington et Moscou. Le Kremlin a également soumis à La Maison-Blanche plusieurs propositions économiques et d’investissement, espérant des avancées dans les «deux à trois prochains mois».
«Nous devrions aussi mener des projets communs, par exemple dans l’Arctique et d’autres secteurs», a déclaré Dmitriev devant la presse à Riyad, laissant entendre que la répartition des zones d’influence dans cette région stratégique était aussi en discussion. Concernant la fin de la guerre en Ukraine, les négociateurs auraient présenté un plan en trois étapes:
Toutefois, le ministre russe des Affaires étrangères, Sergueï Lavrov, a nié l’existence d’un tel plan, qualifiant ces informations de «fake news».
De son côté, Marco Rubio a déclaré que Trump voulait mettre fin au conflit en Ukraine de manière «équitable» et éviter qu’il ne reprenne d’ici deux ou trois ans. Il a également affirmé que la levée des sanctions contre la Russie serait une condition pour parvenir à une résolution définitive du conflit.
Traduit et adapté par Noëline Flippe